Le ratel : un mammifère au caractère exceptionnel

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Le ratel, doté d’une peau résistante et immunisée contre le venin, représente un véritable défi pour les grands prédateurs africains. Derrière son apparence blanche se cache un animal féroce et téméraire, un mustélidé qui ne se laisse pas impressionner par grand-chose.

Pelage contrasté du ratel

Ce mammifère carnivore, connu sous le nom scientifique Mellivora capensis ou zorille du Cap, est unique en son genre. Son pelage présente un contraste marqué : la partie inférieure du corps, comprenant le ventre, les pattes, la queue et la zone sous les yeux, est noire, tandis qu’une large bande blanche traverse le haut du visage, s’étendant sur le dos jusqu’à la queue. Ses petites oreilles percent discrètement la couche de poils, et ses pattes postérieures, légèrement plus longues que les antérieures, sont pourvues de griffes pouvant atteindre 4 cm. Sa silhouette, compacte, ne dépasse pas 80 cm de longueur, avec un poids oscillant entre 9 et 14 kg, les femelles étant en général plus fines.

le ratel, un animal redoutable

La peau robuste du ratel, plusieurs millimètres d’épaisseur, lui offre une excellente défense contre les piqûres d’insectes, les attaques de produits toxiques ou les coups violents. Sa capacité à se tordre lui permet de se libérer lorsqu’il est saisi par un prédateur en le mordant, puis de contre-attaquer. Sa faculté à reculer en courant lui donne un avantage stratégique pour esquiver et riposter. Ses griffes acérées facilitent la déchirure des proies, tandis que sa mâchoire puissante lui permet de briser d’épais coquillages ou la carapace de tortues. Dépourvu de vulnérabilité face au venin, il résiste aux morsures de serpents, étant capable de poursuivre son activité même après avoir été en contact avec leur venin. Son obstination et sa ténacité impressionnent, repoussant lions, léopards, crocodiles et cobras.

Le ratel, un habitant mondial

Originaire principalement des régions subsahariennes en Afrique, le ratel est aussi présent dans le nord de l’Inde et dans la péninsule arabique, comme en Irak, au Pakistan ou en Afghanistan. Adapté à divers environnements, il fréquente aussi bien les déserts, les steppes semi-arides, que les savanes claires ou les zones boisées clairsemées. Bien qu’il chasse principalement au sol, il sait aussi grimper aux arbres pour dénicher sa nourriture, preuve de sa surprenante adaptabilité à plusieurs climats.

le ratel, un gourmand de miel

Ce carnivore opportuniste consomme une large variété de proies – on en recense près de soixante espèces différentes. Il excelle à déterrer termites, scorpions et vers de terre avec ses griffes acérées, tout en se nourrissant aussi d’araignées, de lézards, voire de petits mammifères comme les lièvres ou les porc-épics. Son appétit pour les reptiles, notamment les serpents, n’a rien d’étonnant. Il ne recule pas devant des proies plus imposantes, telles que des gnous ou des antilopes, et possède une passion particulière pour le miel. En faisant fuir les abeilles grâce à une odeur nauséabonde provenant de ses glandes anales, il parvient à piller des ruches. Pour étancher sa soif, il privilégie des fruits comme le tsama, un melon très riche en eau.

Le ratel, un solitaire territorial

De nature solitaire, le ratel ne vit généralement qu’en petit groupe familial ou solo. Le mâle domine un territoire pouvant atteindre 500 hectares, qu’il défend bec et ongles contre toute intrusion. Discret de jour, il préfère chasser et se déplacer durant la nuit, se réfugiant dans un terrier creusé ou occupé par un autre animal comme l’oryctérope, ou encore en construisant son propre abri si nécessaire. La majorité de ses activités nocturnes contraste avec sa presque invisibilité en journée, sauf par temps gris ou pluvieux.

La reproduction et l’indépendance du ratel

Le ratel ne sort de sa solitude que lors de la saison de reproduction. La femelle, après une gestation de six mois, donne naissance à un ou deux petits. Ceux-ci restent cachés dans le terrier jusqu’à leur sevrage, vers trois mois. La mère élève seule ses jeunes, assurant leur sécurité pendant plus d’un an, parfois jusqu’à 16 mois, avant qu’ils ne deviennent autonomes. La croissance et l’apprentissage de l’indépendance sont longs, avec une mortalité importante avant l’âge adulte. Les jeunes atteignent la maturité sexuelle vers un an.

Une espèce peu menacée mais vulnérable

Aujourd’hui, le ratel n’est pas considéré comme en danger critique d’extinction. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), sa situation est classée comme “préoccupation mineure”. Toutefois, il est parfois la cible de braconniers pour sa peau ou ses griffes, utilisés en médecine traditionnelle, et d’éleveurs ou apiculteurs qui lui reprochent de endommager les ruches ou de voler du petit bétail. Certains pays ont mis en place des mesures de protection, incluant la présence dans des réserves naturelles. La durée de vie moyenne du ratel atteint environ 20 ans, pouvant atteindre 26 ans en captivité.

Crédit photo : Tendances et animaux