Le polatouche de Sibérie : Un petit écureuil ailé

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Crédit photo : Andrew Bazdyrev

Contrairement aux écureuils que l’on retrouve en France, le polatouche de Sibérie possède une membrane de peau, semblable à celle des chauves-souris. Cette surface, tendue entre ses membres, lui permet d’effectuer des vols planés impressionnants au-dessus de la canopée. Restant discret et ayant tendance à éviter la lumière, cet adorable petit mammifère préfère évoluer dans l’obscurité, au sein des forêts froides de l’hémisphère nord.

Qui est le polatouche de Sibérie ?

Ce petit rongeur, dont la longueur varie entre 12 et 23 cm hors queue, présente une taille plus grande chez les mâles que chez les femelles. Son poids ne dépasse généralement pas 120 grammes. Surnommé également écureuil volant, il appartient à la classe des rodentiens et à la famille des sciuridés. En Europe, cette dernière rassemble 12 espèces, dont 6 sont originaires de la région :

  • L’écureuil roux (Sciurus vulgaris) ;
  • La marmotte alpine (Marmota marmota) ;
  • L’écureuil de Calabre (Sciurus meridionalis) ;
  • Le spermophile d’Europe, aussi appelé Souslik (Spermophilus citellus) ;
  • L’écureuil du Caucase, ou perse (Sciurus anomalus) ;
  • Le polatouche de Sibérie (Pteromys volans) ;

Par ailleurs, six autres espèces, importées par l’homme, ont été introduites en Europe :

  • Le tamia de Sibérie, ou écureuil de Corée (Tamias sibiricus) ;
  • Le tamia strié (Tamias striatus) ;
  • L’écureuil gris (Sciurus carolinensis) ;
  • L’écureuil à ventre rouge ou Pallas (Callosciurus erythraeus) ;
  • L’écureuil de Finlayson (Callosciurus finlaysonii) ;
  • L’écureuil de Barbarie (Atlantoxerus getulus) ;

Quelles caractéristiques présente ce petit écureuil volant ?

La silhouette du polatouche de Sibérie est élancée avec de courtes jambes, une queue plate et légèrement touffue. Sa fourrure dense, douce et épaisse varie au fil des saisons, prenant une teinte gris foncé l’été et argentée en hiver. Son ventre reste immaculé tout au long de l’année. La tête, arrondie, est ornée de gros yeux noirs, d’un museau fin et d’oreilles arrondies d’environ 1,5 cm. La particularité principale de cet animal est sa membrane de peau, le patagium, qui relie ses membres antérieurs à ses membres postérieurs, lui permettant de planer. Contrairement à l’écureuil volant nord-américain, chez le polymote de Sibérie, cette membrane bordée de fourrure ne rejoint pas la queue.

Comment le polatouche plane-t-il dans les airs ?

Plusieurs admirateurs de la nature ont été fascines par ses capacités de vol plané : le petit mammifère peut couvrir 10 à 15 mètres en déployant son patagium. Lorsqu’il se prépare à un saut, il choisit une branche, scrute sa trajectoire, puis s’élance avec précaution dans le vide. Il étend ses pattes antérieures et déploie son tissu membraneux pour former une sorte d’aile rudimentaire. Son vol suit une ligne droite très précise, mais il ajuste sa direction en plein vol pour atterrir tête en haut, latéralement par rapport au tronc. Le polatouche évite d’atterrir face à la branche pour ne pas se cogner, préférant se poser sur le côté ou la face latérale. La queue, qui sert de gouvernail, lui permet aussi d’ajuster sa trajectoire grâce aux courants d’air ascendants qu’il exploite avec agilité.

Où et comment vit cet écureuil volant ?

Même si son nom évoque la Sibérie, son domaine couvert s’étend bien au-delà. Présent dans la zone paléarctique, sa distribution concerne de vastes régions d’Europe, d’Asie centrale et orientale : Chine, Estonie, Finlande, Japon, Corée du Nord et du Sud, Lettonie, Mongolie, Russie et Biélorussie. Son habitat privilégié reste la forêt, où il évolue principalement dans la canopée des arbres, évitant autant que possible le sol. Pour dormir, se reproduire ou stocker sa nourriture, il construit ses nids dans de petits trous, en utilisant des cavités naturelles ou des anciens nids d’oiseaux. Au printemps, il aménage ses gîtes avec de la mousse et des fibres végétales pour accueillir sa progéniture. En hiver, le polatouche ne hiberne pas mais partage ses abris avec quelques congénères pour conserver la chaleur. Sa discrétion et son mode de vie nocturne en font malheureusement un sujet peu étudié en détail.

Que mange le polatouche de Sibérie ?

Contrairement à d’autres écureuils qui sont diurnes, le polatouche de Sibérie est actif à la tombée de la nuit. Son alimentation principalement végétale varie selon la saison : jeunes pousses, feuilles, graines, baies, champignons, glands, pignons, aiguilles de pin, bourgeons d’orme ou de bouleau. À l’occasion, il peut aussi compléter ses repas avec quelques insectes. Pour étancher sa soif, il puise généralement dans les sources situées au cœur des forêts ou, quand il neige, il boit la neige pour s’hydrater.

Mode de reproduction du polatouche de Sibérie

La période de reproduction s’étend de février à avril, durant laquelle les femelles choisissent leurs partenaires. L’accouplement, qui a lieu dans les arbres, mène à une gestation de 35 à 40 jours. La femelle donne naissance à 2 à 4 petits nus, aveugles et très légers, pesant à peine 4 grammes. Ces jeunes dépendent totalement de leur mère durant leurs premières semaines, jusqu’à ce qu’ils ouvrent les yeux vers 40 jours. Peu après, ils commencent à explorer l’extérieur du nid, tout en étant encore alimentés par leur mère. Lorsqu’ils commencent à manger des aliments solides, ils deviennent progressivement plus indépendants, jusqu’à atteindre la maturité sexuelle autour d’un an. La reproduction annuelle comprend généralement une seule portée, mais dans certaines conditions favorables, une deuxième peut avoir lieu dans l’année.

Le polatouche de Sibérie est-il en danger ?

Les principales menaces pour cet écureuil volant proviennent de prédateurs naturels, tels que le renard, le chat sauvage ou domestique, le raton laveur, ainsi que des serpents et des rapaces nocturnes comme les hiboux. Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), cette espèce est classée en “préoccupation mineure”. Cependant, dans plusieurs régions, notamment en Finlande et en Carélie, ses populations enregistrent un déclin notable. À l’inverse, en Estonie, la stabilité est retrouvée, et en Russie comme au Japon, il reste largement répandu. Les principaux facteurs menaçants sont :

  • la destruction ou la fragmentation de son habitat due à la déforestation ;
  • la pollution, notamment par l’emploi de pesticides ;
  • le changement climatique global ;
  • les collisions avec les véhicules, surtout la nuit ;
  • la prédation animale et les maladies.

En général, cet animal bénéficie d’une longévité de 4 à 6 ans dans son environnement naturel.