Le phacochère, un habitué de la savane africaine

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Souvent désigné sous le nom de cochon sauvage africain ou de porc sauvage, le phacochère commun est un animal originaire des savanes africaines. Bien qu’il évolue principalement dans son habitat naturel, il est également observable dans divers parcs animaliers. Majestueux avec ses longues défenses recourbées, il reste un peu plus petit que le sanglier européen, mais son allure imposante n’échappe pas. Découvrons davantage son mode de vie et les défis liés à sa conservation.

Qu’est-ce qu’un phacochère ?

Le phacochère commun (Phacochoerus africanus) est un grand mammifère des plaines africaines, appartenant à la famille des suidés, comme la cochon domestique. Son aire de répartition couvre plusieurs régions : ouest, est et sud du continent. Il fréquente à la fois la savane et les zones boisées, pouvant aussi cohabiter avec une autre espèce, le phacochère de Somalie (Phacochoerus aethiopicus), souvent appelé le phacochère du désert. Ces deux types présentent diverses sous-espèces, chacune adaptée à son environnement spécifique.

Parmi elles, on trouve le phacochère typique avec plusieurs variations identifiées par des noms de sous-espèces, notamment Phacochoerus africanus aeliani, Phacochoerus africanus africanus, etc. La version en Somalie, en revanche, possède une aire de répartition plus restreinte, concentrée dans les zones arides du Kenya et de la péninsule somalienne.

À quoi ressemble un phacochère ?

Ce mammifère massif possède une silhouette robuste, avec une taille pouvant atteindre 80 cm au niveau du garrot, une longueur d’environ 1,60 m, et un poids pouvant dépasser 100 kg chez le mâle. Son corps est couvert de poils clairsemés, généralement noirs ou marrons, et sa silhouette est accentuée par une crinière longue qui court le long de son dos. Sa grande queue se termine en un pinceau distinctif. Son groin puissant et volumineux est essentiel pour fouiller la terre à la recherche de nourriture. La tête des mâles est marquée par des zones calleuses et des excroissances faciales appelées verrues, qui leur servent de protection lors des combats. Ces verrues, composées de tissu conjonctif, associées à un pelage hirsute, permettent également d’éviter les blessures lors de la recherche de nourriture dans des zones parsemées d’épines.

Il possède deux incisives supérieures et entre quatre et six incisives inférieures, sauf chez le phacochère de Somalie, dépourvu de ces dernières.

À quoi servent les défenses du phacochère ?

Les mâles et les femelles disposent de deux longues canines, qui se développent en croissance continue. Ces défenses peuvent atteindre environ 60 cm chez les plus âgés et émergent largement de la gueule, pointant vers le haut. Elles revêtent trois fonctions majeures :

  • Faciliter la déterration des racines et tubercules dont ils se nourrissent ;
  • Servir d’armes de défense contre les prédateurs ou lors de conflits avec d’autres mâles ;
  • Représenter un symbole de statut social chez les mâles, les défenses longues et recourbées étant perçues comme un signe de dominance, important dans l’organisation sociale.

Quelle est sa zone de répartition ?

Le phacochère commun est présent dans les savanes et les forêts d’Afrique australe. Sa répartition couvre de nombreux pays, incluant le Sénégal, le Congo, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, l’Angola, la Tanzanie, la Namibie, l’Afrique du Sud, le Botswana ou encore le Zimbabwe. Il fréquente aussi bien les zones côtières que les régions montagneuses jusqu’à 3 000 mètres d’altitude, comme le Kilimandjaro. Préférant les forêts ouvertes ou les zones déboisées destinées à l’élevage, il évolue également dans les milieux boisés partiellement défrichés. La version Somali possède une aire limitée aux plaines arides du Kenya et de la péninsule somalienne.

Que mange le phacochère commun ?

Bien que principalement herbivore, le phacochère peut parfois consommer de la viande ou des insectes si nécessaire. Sa faculté de fouissage lui permet d’extraire la majorité de sa nourriture depuis le sol, déterrant racines, tubercules, et bulbes, notamment les rhizomes de riz sauvage. Il complète son régime avec des feuilles, de l’écorce, des fruits et des baies. Cet animal peut aussi causer de lourds dégâts aux cultures agricoles, considéré comme un véritable fléau dans certains contextes. En période de pénurie alimentaire, il n’hésite pas à se nourrir d’œufs, d’insectes, de petits rongeurs ou même de charognes. Son besoin d’eau est régulier, mais il peut aussi survivre plusieurs jours sans s’hydrater, exploitant les sources naturelles ou l’humidité ambiante.

Quel mode de vie adopte le phacochère ?

Ce mammifère est principalement actif au crépuscule ou la nuit, passant ses journées dans ses terriers pour se protéger de la chaleur ou des prédateurs. Lors des journées chaudes, il se rafraîchit en se roulant dans l’eau ou dans la boue. En zones où la présence humaine est intensifiée, son activité nocturne s’accentue. Ses abris sont souvent des tanières profondes, parfois anciennes, creusées par d’autres animaux nocturnes comme les chauves-souris ou des mammifères fouisseurs. Ces refuges comportent plusieurs entrées, permettant une évasion rapide en cas de danger. À la moindre menace — prédateur, incendie ou autre — il peut courir jusqu’à 50 km/h pour fuir rapidement.

Le phacochère est-il une espèce grégaire ?

Ce mammifère montre une organisation sociale en groupe, sauf pour les mâles qui vivent généralement seuls. Les femelles vivent en colonies lorsque elles sont jeunes, puis se séparent pour élever leur propre progéniture. Un groupe peut rassembler jusqu’à quinze individus, avec une matriarche à sa tête, traditionnellement la femelle la plus âgée et imposante. Elle dicte les déplacements et veille à la sécurité du groupe, son autorité étant indiscutée. Bien qu’ils n’aient pas de territoires stricts, les différents groupes peuvent partager des espaces où leurs zones de vie se chevauchent. Pendant la saison des amours, les mâles se confrontent lors de combats pour établir leur rang et accéder à un matriarcat compatible avec leur hiérarchie.

Comment se reproduit le phacochère ?

Les mâles et femelles de cette espèce polygame s’accouplent avec plusieurs partenaires. La période d’ovulation chez la femelle survient environ 4 à 5 mois après la saison des pluies, généralement durant la saison sèche. Lors de cette période, elle dégage une forte odeur d’urine, permettant aux mâles de la localiser à distance. La gestation dure en moyenne 173 jours, après quoi la femelle met au monde jusqu’à sept petits, qu’elle abrite dans un terrier sécurisé. Après environ sept semaines, les petits commencent à sortir. Le sevrage a lieu vers la 21ème semaine, mais les mâles poursuivent leur développement avec leur mère jusqu’à l’âge de deux ans. Si la maturité sexuelle est atteinte autour de 18 à 20 mois chez le cochon sauvage, les mâles adultes ne s’accouplent généralement qu’à partir de quatre ans.

La conservation du phacochère est-elle préoccupante ?

Ce mammifère est la proie de nombreux prédateurs : lions, léopards, hyènes, chacals, pythons, guépards, lycaons, et même certains oiseaux rapaces comme les aigles. La mortalité chez les jeunes est particulièrement élevée durant leur première année, notamment à cause de la prédation, atteignant environ 50%. Certaines populations locales ont disparu, notamment en raison de sécheresses, de la perte de leur habitat ou de la chasse intensive. La peste bovine a aussi causé de lourdes pertes dans leur population dans les années 1980-1985. Malgré cela, l’espèce n’est pas en danger critique et est classée comme « préoccupation mineure » par l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Le phacochère est-il une espèce protégée ?

La chasse du phacochère reste autorisée dans plusieurs régions, sous prétexte qu’il pourrait transmettre des maladies aux élevages de porcs domestiques, comme la peste porcine ou le trypanosome humain responsable de la maladie du sommeil. Il peut aussi être un vecteur de vers parasites tels que l’échinococcose larvaire. De plus, il peut développer des symptômes graves suite à une infection par la fièvre aphteuse. Son espérance de vie dans la nature peut atteindre 25 ans. En raison de ces risques sanitaires, sa chasse est souvent justifiée par des préoccupations médicales et agricoles.