Le pangolin, reconnu comme l’animal le plus fréquemment chassé pour sa chair et ses écailles, possède néanmoins un tempérament doux et réservé. Son comportement anxieux lui interdit souvent la vie en captivité, car il est incapable de supporter le stress qu’elle engendre.
Découverte du pangolin
Ce mammifère distinctif appartient à l’ordre des pholidotes, intégrant la famille des manidés, et il est seul représentant de sa catégorie. Sur le total de huit espèces présentes à la surface du globe, une moitié évolue en Afrique, l’autre en Asie. Son nom dérive du terme malais « pengguling », signifiant “l’enrouleur”, témoignant de sa capacité à se rouler en boule. Pesant jusqu’à 35 kilogrammes pour une longueur pouvant atteindre 1,50 m, il arbore une queue imposante, dépassant parfois son corps, ainsi qu’une tête effilée en forme de cône. Ses pattes courtes mais musclées, munies de griffes puissantes, lui permettent de chasser sous l’écorce ou dans le sol, pour dénicher sa nourriture.
Des écailles acérées
Unique parmi les mammifères, le pangolin possède une armure constituée d’écailles, une caractéristique plus courante chez certains poissons ou reptiles. Son corps est recouvert de tuiles d’écailles, mêlées à des poils dispersés, hormis la zone ventrale et la face interne des membres. La kératine, substance qui durcit ces écailles, leur confère un aspect tranchant. La teinte de son corps varie du brun clair au rouge, selon le milieu naturel où il évolue. Ces écailles peuvent représenter jusqu’à 20 % de son poids total, formant une protection robuste et efficace contre ses prédateurs.
Mode de vie : arboricole ou terrestre
Réparti à travers la majorité des savanes et forêts en Afrique et en Asie du sud-est, le pangolin adapte ses habitudes en fonction de l’espèce. Les versions arboricoles habitent les arbres creux, s’accrochant aux branches avec leur queue. Quant aux pangolins terrestres, ils évitent les sols rocheux, préférant les terrains sableux ou meubles qu’ils peuvent creuser pour construire leur refuge. Leurs terriers, pouvant atteindre deux mètres de profondeur, disposent d’une chambre circulaire de plusieurs mètres de circonférence, dissimulée sous un amas de feuillage ou de débris naturels. Parfois, ils reprennent d’anciens terriers abandonnés par d’autres animaux, en les façonnant à leur convenance.
Alimentation : termites et autres insectes
Originaire d’un régime insectivore, le pangolin se nourrit principalement de fourmis et de termites, mais aussi d’autres invertébrés qu’il localise à l’aide d’une langue exceptionnellement longue, enduite d’une substance adhésive. Il peut consommer jusqu’à 200 000 insectes chaque jour ! Son sens olfactif lui permet de repérer ses proies dans différents endroits, tels que les termitières, les excréments d’éléphants, ou encore au pied des arbres et dans la végétation au sol. Son mode de chasse consiste à fouiller la terre avec ses longues griffes courbées, à casser les murets des fourmilières ou à détacher l’écorce pour déloger ses proies. En l’absence de dents, il ingère de petites pierres qui, stockées dans son estomac, facilitent la digestion en broyant la nourriture.
Stratégies de défense du pangolin
Animal nocturne doté d’un odorat remarquable et d’une ouïe fine, mais d’une vision peu performante, le pangolin adopte la technique de l’ultraretrait lorsqu’il est en danger : il se roule en boule pour protéger ses parties vitales, en ne laissant découvrir que ses parties plus solides. Sa capacité à se rouler rapidement lui permet de s’éloigner des prédateurs. En cas d’attaque, il peut aussi frapper avec sa queue couverte d’écailles tranchantes ou libérer une odeur nauséabonde via des glandes situées près de son postérieur pour repousser l’agresseur.
Un animal solitaire
Le pangolin vit seul, sauf lors de la période de reproduction. Le mâle marque son territoire avec de l’urine pour attirer la femelle. Après une gestation d’environ quatre à cinq mois, la femelle donne naissance à un seul petit chez l’espèce africaine, ou jusqu’à trois dans le cas des espèces asiatiques. À la naissance, le jeune pangolin mesure à peine 15 centimètres et pèse une dizaine de grammes. Ses écailles, encore molles à la naissance, durcissent rapidement. Les petits restent d’abord au sein du terrier, surtout s’ils sont fouisseurs, puis, capables de marcher, ils s’accrochent à la queue de leur mère pour se déplacer. Le sevrage intervient vers le troisième mois, après quoi la mère continue de protéger sa progéniture jusqu’à ce qu’elle devienne autonome à environ huit mois.
En voie de disparition
La déforestation massive et la chasse illégale menacent gravement cette espèce remarquable. Sa viande est considérée comme un mets de luxe dans plusieurs régions d’Asie, et ses écailles de kératine sont très prisées en Afrique, notamment dans la médecine traditionnelle, où elles sont transformées en poudre pour soigner divers maux. Le cuir de pangolin, utilisé pour fabriquer des accessoires de luxe tels que ceintures ou portefeuilles, participe aussi à sa disparition. Avec près d’un million d’individus tués en une décennie, cette espèce est plus braconnée que les rhinocéros, les éléphants ou les tigres. Malgré l’interdiction à l’échelle mondiale instaurée en 2016 par la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction (CITES), le trafic clandestin continue de sévir.
Stress et sensibilité
De nature calme et pacifique, le pangolin est particulièrement sensible aux émotions intenses. Le stress peut alors provoquer des complications graves, comme des ulcères ou des infections pulmonaires. En milieu sauvage, les jeunes se réconfortent auprès de leur mère, mais en captivité, il est souvent impossible de maintenir ces animaux en vie à long terme, en raison de leur régime alimentaire, leur santé fragile ou leur comportement particulier. Leur espérance de vie en captivité ne dépasse généralement pas quelques mois.
Le rôle dans la propagation du Covid-19
Des études ont initialement suggéré que le pangolin pourrait avoir été un hôte intermédiaire pour le coronavirus responsable de la pandémie. Des analyses génétiques montraient une très forte similarité entre le virus prélevé sur cet animal et celui infectant les humains. Toutefois, après des investigations approfondies, l’office de tendancese et animaux a révélé que le pangolin n’était pas responsable de la transmission. La recherche pour identifier la source exacte du virus se poursuit toujours.
Crédit photo : A. J. T. Johnsingh, WWF-India and NCF