Originaire exclusivement de l’île de Bornéo, le nasique se distingue par ses qualités de nageur agile et par son habileté à effectuer des acrobaties dans la canopée. Ce primate se caractérise également par son visage particulièrement reconnaissable, dominé par un long nez souple et flexible.
Le visage orange du nasique, un singe singulier
Appartenant à la famille des cercopithécidés et au rang des primates, le nasique (Nasalis larvatus) est un singe principalement arboricole. Son pelage présente une coloration brun-roux, plus foncée sur le dos que sur le ventre. La partie supérieure de son corps affiche une teinte orange pâle, évoquant une nuance de rouge près du sommet du crâne, tandis que ses membres extérieurs arborent une couleur grise. La peau des mains et la plante des pieds étant noires, ce primate de taille moyenne montre un dimorphisme marqué entre sexes : les mâles mesurent en général entre 65 et 75 cm pour un poids de 16 à 22 kg, alors que les femelles atteignent 53 à 62 cm, avec un poids oscillant entre 7 et 12 kg.
Cyrano parmi les primates
La caractéristique la plus marquante du nasique demeure son nez remarquable, qui ne cesse de croître tout au long de sa vie. À la naissance, cette protubérance nasale est courte et retroussée, mais elle s’allonge en grandissant, pour occuper intégralement la face inférieure du visage à l’âge adulte. Lors des moments d’excitation ou d’attirance, le mâle peut voir son nez devenir rouge et se gonfler, amplifiant ainsi ses vocalisations lors des rituels de parade. Les femelles sont plus enclines à sélectionner des partenaires dotés de le long appendice nasal, ce qui lui a valu le surnom de « Cyrano du monde primate ».
Habitat et mode de vie du nasique
Ce primate à la limite de l’endémie, propre à Bornéo, évolue dans des écosystèmes humides comme les mangroves et autres forêts tropicales. On le retrouve aussi bien dans les zones côtières que dans l’intérieur des terres, toujours en terrain plat et à proximité de rivières ou de fleuves. Son adaptation aux milieux aquatiques lui permet de profiter d’un habitat riche et varié.
Un régime alimentaire végétarien
Le nasique se nourrit exclusivement de végétaux, notamment des feuilles de palétuviers, mais aussi de fruits, de graines et de baies. Son intestin robuste lui autorise une digestion de végétaux souvent difficiles, ce qui explique son gros ventre caractéristique. Pendant la journée, il descend des arbres pour se nourrir au sol, puis remonte à plus de 10 mètres pour échapper à ses prédateurs naturels.
Un expert en plongée en apnée
Ce primate vit en groupes sociaux structurés, comprenant souvent entre quinze et trente individus de tout âge, majoritairement du même sexe. Le toilettage mutuel sécurise les liens au sein de la troupe. Très agile, il se déplace d’arbre en arbre avec audace, réalisant parfois des sauts périlleux qui peuvent le faire chuter. Il est connu pour sa capacité exceptionnelle à pratiquer l’apnée, nager rapidement, et plonger d’une hauteur pouvant atteindre 15 mètres pour échapper à ses ennemis. Un quart de ces singes souffrent d’anciennes blessures ou fractures dues à ses acrobaties dangereuses.
Le jeune nasique, un avenir autonome
Sa reproduction, s’étendant de février à novembre, est concentrée en fin de saison des pluies. Après environ 165 jours de gestation, la femelle met au monde un seul petit, d’environ 500 grammes, qu’elle commence aussitôt à nourrir après avoir mangé son placenta pour éviter d’attirer les prédateurs. La mère veille sur cet nouvel être pendant plusieurs mois, le nourrissant et le protégeant. Le père joue un rôle principalement protecteur. À l’issue du sevrage, le jeune reste auprès de sa mère jusqu’à ses un an, puis le mâle quitte la famille pour rejoindre d’autres jeunes. La femelle peut quant à elle intégrer un nouveau groupe ou rester avec sa mère.
Une espèce menacée de disparition
Le nasique doit faire face à plusieurs menaces, notamment la prédation par le crocodile, la panthère nébuleuse ou le python, ainsi que la dégradation progressive de son habitat due à la déforestation pour l’agriculture, notamment l’exploitation de l’huile de palme, et au développement urbain. Reconnu comme en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il bénéficie de protections légales qui interdisent sa capture ou sa chasse. Malgré cela, le braconnage persiste. Son espérance de vie en milieu sauvage oscille entre 20 et 25 ans.