Le mouflon affiche une présence remarquable avec ses cornes en spirale qui lui donnent beaucoup de charisme. Originaire de Corse, cette espèce a été introduite avec succès sur le continent français grâce à sa grande capacité à s’acclimater à différents environnements. Héritière de ses origines méditerranéennes, cette créature sauvage préfère généralement les climats doux et les zones peu enneigées, grâce à ses racines dans la région méditerranéenne.
Le mouflon, entre vie sauvage et domestication
Appartenant à la famille des ovins, le mouflon sauvage est un membre du genre Ovis — à l’origine du mouton domestique. Ce mammifère, qui rumine pour se nourrir, fait partie de la famille des Bovidae et sous-famille des Caprinae. La population de mouflons en Méditerranée concerne principalement ceux issus de trois îles : la Corse, la Sardaigne et Chypre. En France, on trouve principalement une population descendante de mouflons corses introduits aux XIXe et XXe siècles pour la chasse. Historiquement, cet animal montagnard originaire du Moyen-Orient a été domestiqué il y a plusieurs millénaires, avant de retrouver un mode de vie en liberté.
différences morphologiques selon le sexe et la saison
Ce robuste mammifère, de corpulence compacte et de petite stature, arbore un pelage brun. Comme beaucoup d’animaux similaires, il présente une différence notable entre mâles et femelles, ainsi qu’un changement saisonnier. En hiver, ses extrémités — pattes, museau — prennent souvent une teinte plus claire. Le mâle adulte, connu sous le nom de bélier, a un poids compris entre 35 et 50 kg, et mesure environ 130 à 140 cm de long, avec une hauteur au garrot d’environ 70 cm. La femelle, ou brebis, pèse généralement entre 25 et 35 kg, pour une longueur de 120 à 130 cm, et une hauteur au garrot d’environ 65 cm.
Des cornes enroulées : un marqueur d’âge et de race
Les femelles possèdent de petites et fines cornes. En revanche, celles des mâles, plus imposantes et recourbées, peuvent peser jusqu’à 13 kg chacune et s’étirer jusqu’à 90 cm. Ces cornes poussent tout au long de la vie de l’animal, présentant des stries ou des encoches qui aident à déterminer leur âge. La forme et la courbure de ces cornes varient aussi selon les zones géographiques et les populations.
La transplantation du mouflon à travers le monde
Au sens large, le mouflon sauvage — c’est-à-dire celui qui n’a jamais été apprivoisé — est distribué d’un vaste territoire allant de la Turquie à la Sibérie, en passant par l’Asie centrale et même jusqu’aux Amériques (Alaska, Rocheuses, Mexique). En France continentale, sa présence résulte de translocations effectuées du XIXe siècle jusqu’aux années 1970, notamment dans les Alpes, les Pyrénées, ainsi que dans d’autres régions. De plus, dans les années 1980, le mouflon a été introduit avec succès dans le Marquenterre, près de la baie de Somme.
Une remarquable capacité d’adaptation
La réussite des divers programmes d’introduction ces dernières décennies témoigne de la grande flexibilité de cette espèce pour coloniser des habitats variés. Si le mouflon corse a su s’adapter à différents types d’environnements, ses origines méditerranéennes le rendent moins adapté aux climats rigoureux, notamment au froid et à l’humidité, qui peuvent entraîner des infections intestinales meurtrières chez les jeunes. Pour assurer un déploiement optimal de la population (croissance, poids, reproduction), cet animal a besoin d’un environnement comprenant des ressources en nourriture, en eau, des abris contre les mauvaises conditions climatiques, et peu de neige, car ses membres sont plus adaptés à l’escalade qu’à la marche dans la neige.
Zones de vie saisonnières du mouflon
Le territoire occupé par le mouflon s’étend sur plusieurs centaines d’hectares, avec des zones qui varient selon les saisons, parfois séparées par plusieurs kilomètres. En été, afin de profiter de températures plus clémentes, il préfère monter dans les parties élevées, souvent orientées au nord ou abritées par la roche, les ravins ou la végétation dense. En hiver, il se réfugie dans les pentes plus chaudes, situées au sud ou dans les vallées protégées. Au printemps, il redescend à plus basse altitude, dans les prairies de montagne, suivant la pousse de la végétation. Globalement, le mouflon privilégie de grands espaces ouverts, accidentés ou non, avec un sol rocailleux et bien drainé, idéal pour ses aliments végétaux. La forêt est plutôt une zone de passage ou d’alimentation quand les températures sont basses ou que la neige est abondante, pour se protéger des prédateurs, de la chaleur ou des intempéries.
Un régime alimentaire strictement végétal
Ce ruminant se nourrit principalement de diverses plantes, bien qu’il s’adapte à une grande variété de végétaux selon la saison et la disponibilité. Sa diète comprend principalement des herbes, des feuilles d’arbustes, des jeunes pousses, ainsi que des fruits comme les baies, les glands ou les châtaignes. En période de pénurie, il complète son alimentation avec des rameaux, de l’écorce, des champignons, mousses ou lichens. Il se désaltère en buvant de l’eau ou en consommant des végétaux humides, et il a un goût prononcé pour le sel, particulièrement chez les femelles en période de lactation.
La vie en groupe, surtout pendant la période de reproduction
Principalement actif en journée, le mouflon consacre une bonne partie de son temps à se nourrir. Le reste de la journée est consacré au repos, à la digestion, ou à ses déplacements. Très sociable, il vit en groupes dont la taille et la composition changent selon la saison, allant de quelques individus à une trentaine. Les mâles et les femelles vivent séparément, sauf lors de la période de reproduction où ils forment des groupes plus grands et plus homogènes. La troupe mère, composée de la mère, de son jeune et de l’agneau de la saison précédente, est la structure la plus stable. La période de rut, souvent entre octobre et décembre en Europe, voit ces animaux devenir très actifs socialement, notamment en combat pour attirer les femelles.
Des affrontements ritualisés lors du rut
Durant la saison des amours, le mâle mâle dominant, souvent polygame, affronte ses rivaux à l’aide de combats très codifiés où il s’emploie à faire vaciller son adversaire en utilisant ses cornes. Ces affrontements, généralement sans blessures graves, permettent de désigner le mâle dominant qui aura la chance de féconder plusieurs femelles. Après la parade nuptiale, la femelle enceinte enterre sa gestation, d’environ cinq mois, dans un endroit abrité. À la naissance, l’agneau peut se relever dès ses premières heures et sera allaité jusqu’à trois mois. Le mâle qui a remporté le combat jouera également un rôle dans la protection des jeunes et dans la hiérarchie du groupe.
Quels dangers pèsent sur le mouflon ?
Les principaux prédateurs, peu nombreux, comprenaient autrefois l’aigle royal, le renard, le loup ou les chiens errants. Sur le territoire français, la chasse au mouflon est réglementée depuis 1978, avec un plan de chasse strict. En Corse, depuis mars 2019, l’animal n’est plus considéré comme gibier. Par ailleurs, il peut être victime de diverses maladies d’origine bactérienne, virale ou parasitaire, ou de tumeurs et malformations diverses. La contagion reste limitée, car ces pathologies affectent souvent des individus affaiblis. La durée de vie du mouflon s’étend généralement de 10 à 15 ans.