Le lemming : le rongeur des environnements glacés

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Le Lemming, petit rongeur appartenant à la famille des campagnols, possède une silhouette qui rappelle parfois celle de la marmotte, surtout chez ceux qui vivent en montagne durant l’été. Le terme « Lemming » désigne en réalité plusieurs espèces différentes, mais en Europe, il fait souvent référence à l’espèce la plus courante : le Lemming des toundras de Norvège (Lemmus lemmus). Cependant, afin de mieux comprendre cette famille d’animaux, il est utile d’en explorer la diversité.

Les diverses espèces de Lemmings

Le Lemming des toundras de Norvège, connu sous le nom scientifique Lemmus lemmus, représente l’espèce la plus emblématique du continent européen. C’est la raison pour laquelle il est souvent désigné simplement comme le Lemming commun. Préciser son nom complet permet d’éviter toute confusion avec d’autres types de Lemmings.

Outre cette espèce, il existe un autre Lemming, souvent appelé Lemming brun, identifié par le nom scientifique Lemmus trimacronatus. Celle-ci est prédominante au Canada, où elle est également appelée Lemming commun ou brun. Le terme « brun » est aussi utilisé pour désigner une espèce asiatique, le Lemming des steppes (Lagurus lagurus), qui appartient à un genre différent.

Le Lemming sibérien (Lemmus sibiricus) constitue une autre forme, parfois désignée sous le nom de Lemming des toundras, mais sans lien direct avec l’espèce norvégienne mentionnée précédemment.

Il existe encore le Lemming de l’Amour, ou Lemmus amurensis, ainsi qu’une autre espèce appelée Lemming des forêts (Myopus schisticolor), complétant ainsi cette diversité.

Focus sur le Lemmus lemmus

Ce Lemming, véritable symbole des régions arctiques, peuple un large territoire allant de la côte ouest de la Norvège jusqu’à la péninsule de Kola, au nord de la Russie européenne. Il fréquente principalement les zones situées près de la limite des neiges permanentes, notamment dans les montagnes scandinaves, où il préfère les terrains humides combinant roche et végétation.

Sa longévité est généralement limitée à un an, voire peut atteindre trois ans. Son poids varie entre 55 et 115 grammes, avec une taille corporelle d’environ 15 centimètres, agrémentée d’une petite queue de 1,5 à 2 centimètres.

Il creuse des terriers profonds, ainsi qu’un réseau complexe de galeries souterraines. Malgré l’hiver, il reste actif, poursuivant sa reproduction pendant cette période.

Ce rongeur herbivore se nourrit principalement de mousse, d’herbe et d’écorce.

Des populations à la variabilité extrême

Depuis plusieurs siècles en Scandinavie, on observe régulièrement des oscillations importantes dans les populations de Lemmings, se produisant tous les cinq à dix ans. Après une croissance fulgurante, leur nombre peut diminuer brutalement, conduisant à des milliers d’individus morts dans les rivières, échoués sur les plages ou écrasés sur les routes.

Autrefois, cette surcharge démographique était souvent expliquée par des mythes de pulsions suicidaires dans la culture scandinave. Aujourd’hui, la recherche scientifique montre que ce phénomène est principalement lié aux cycles de prédateurs. Des prédateurs comme le ours polaire, la chouette harfang ou le labbe à longue queue dépendent fortement des populations de Lemmings. Lorsqu’ils sont nombreux, ces prédateurs se reproduisent rapidement, ce qui cause une raréfaction des Lemmings. Ceux-ci, en réponse, migrent vers d’autres zones où la nourriture est plus accessible, permettant la reprise de leur croissance démographique. Ce cycle continuel de boom et de baisse illustre la relation symbiotique entre la préservation des Lemmings et la stabilité écologique locale.

Influences du changement climatique sur les Lemmings

Les paléontologues s’intéressent beaucoup à ces petits rongeurs, car ils servent d’indicateurs sensibles aux modifications du climat. Leur survie dépend étroitement de la qualité de la neige, et leur aire de répartition a toujours varié en réponse aux cycles glaciaires. Contrairement à une migration classique, leur déplacement est limité sur de courtes distances, ce qui fait que le changement climatique, en modifiant l’enneigement, affecte directement leur nombre.

Aujourd’hui, la fonte des glaces dans l’Arctique, notamment entre les îles canadiennes et le Groenland, fragmente leurs corridors de migration, isolant des populations et risquant leur extinction locale. D’autres espèces de rongeurs arctiques entrent aussi en compétition avec eux dans certains secteurs, ce qui peut compromettre leur rôle crucial dans l’écosystème.

Les modifications climatiques entraînent aussi une augmentation des épisodes de pluie et de dégel, ce qui altère la texture de la neige. Ces changements obligent les Lemmings à dépenser plus d’énergie pour se déplacer, creuser ou briser la glace avec leurs dents, rendant leur survie encore plus difficile.

Crédit photo : Argus fin