Le Cricetus cricetus, ou hamster européen, est une espèce rare et fascinante, car il représente le seul hamster sauvage encore présent en Europe occidentale, notamment en France. Cependant, cette espèce est fragile et face à de multiples menaces, son existence est sérieusement compromise. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur ce petit mammifère dont la taille dépasse souvent ce qu’on pourrait imaginer.
La relation entre le hamster européen et l’humain
Originaire des zones de prairies steppiques en Europe de l’Est, le hamster européen a profité de l’expansion humaine et des activités agricoles pour coloniser de nouveaux territoires. Dans les années 1960, sa population s’était tellement multipliée qu’elle devenait une source de nuisances pour les agriculteurs, notamment en Alsace où il est encore considéré comme un parasite.
Pour limiter sa prolifération, des campagnes d’éradication ont été lancées, avec des incitations financières à l’élimination. La mécanisation de l’agriculture et la pratique des monocultures ont aussi nui à sa survie. Aujourd’hui, cette espèce est en danger d’extinction, principalement dans le nord-est de la France, et bénéficie de mesures de protection définies par les autorités.
La sauvegarde de cette espèce revêt une importance particulière car elle sert de « espèce parapluie », ce qui signifie que préserver son habitat favorise aussi la survie d’autres espèces partageant les mêmes zones. En protégeant le hamster européen, c’est tout un écosystème qui peut bénéficier d’un meilleur devenir.
Le lien entre le hamster européen et ses homologues domestiques
Si le hamster européen n’est pas à l’origine des races de hamsters domestiques, ceux-ci conservent néanmoins une grande part de leur instinct sauvage. Le comportement de creusement de galeries, typique de l’espèce, est également partagé par les hamsters domestiques. Avec une taille nettement plus grande, le hamster européen peut creuser jusqu’à deux mètres de profondeur pour chercher refuge ou nourriture.
Ce comportement confère à cette espèce un physique massif et robuste. Son corps mesure environ 20 cm, tandis que sa queue, courte, ne dépasse pas 5 cm. C’est par conséquent le plus grand hamster connu, et on le surnomme souvent « Grand hamster » ou « Grand hamster d’Alsace ». Son poids peut varier entre 150 et 500 grammes, mais la moyenne se situe généralement entre 220 et 460 grammes.
Zones d’habitat et mode de vie du hamster européen
Le hamster d’Europe a une espérance de vie d’environ deux ans. Son habitat est étroitement lié aux zones agricoles où il trouve les cultures qui assurent sa nourriture. On le rencontre notamment dans des champs de céréales, de légumineuses comme le trèfle ou la luzerne, ainsi que dans les cultures de betteraves. D’où ses surnoms comme « cochon de seigle » ou « cochon des blés ».
Son environnement doit être constitué d’un sol meuble, bien drainé et pouvant conserver une certaine humidité. Il ne construit pas forcément ses propres terriers, mais peut réutiliser ceux abandonnés par d’autres animaux. Son habitat se compose généralement de deux types de terriers :
- Le terrier d’été, peu profond, d’environ 40 à 60 cm, utilisé de mars à août pour la sieste, la reproduction et l’élevage des jeunes.
- Le terrier d’hibernation, creusé en septembre-octobre lorsque la température tombe en dessous de 10°C. Celui-ci peut atteindre 2 mètres de profondeur, favorisant une température stable pour dormir et stocker de la nourriture. Sa structure est plus élaborée, avec plusieurs chambres reliées par des galeries et des cheminées verticales permettant de s’éloigner en cas de danger, et une sortie extérieure appelée “cul de sac” où le hamster dépose ses déchets.
Dans ses terriers, le hamster d’Europe conserve de nombreuses réserves alimentaires, pouvant totaliser plusieurs kilogrammes — mais jamais plus de 10 kg — comprenant des grains tels que blé et orge, de la luzerne, des légumes comme le chou, ainsi que des tubercules. Ces réserves lui permettent de survivre à ses périodes d’hibernation, durant lesquelles il se réveille occasionnellement pour manger. En été, son régime s’étend aussi à des insectes, de petits amphibiens voire de jeunes rongeurs comme les campagnols.
La vie quotidienne du hamster européen
Son pelage comporte trois couleurs : le dos roux, le ventre noir, et des taches blanches dispersées au niveau de la tête, des joues, des flancs et des pattes. En général, il mène une vie solitaire, tout comme les hamsters domestiques, ne se regroupant qu’à la période de reproduction, entre avril et juillet.
Son territoire peut couvrir une zone allant jusqu’à 2,5 hectares pour les mâles, et environ 0,5 hectare pour les femelles. Dans certains contextes favorables, notamment en Europe de l’Est, la densité peut atteindre plusieurs centaines d’individus par hectare.
Ancré sur son territoire au moins une année, il ne le quitte que s’il ne trouve plus de nourriture, à la sortie de l’hibernation. La reproduction, autrefois très prolifique (deux à trois portées par an, avec 5 à 7 petits chacune), est aujourd’hui plus limitée, avec environ 5 ou 6 descendants annuels, témoignant de la situation critique de la population.
Les jeunes naissent totins, entièrement nus, aveugles et pesant seulement 7 grammes. Ils atteignent leur maturité sexuelle en deux à trois mois. Bien que plus massif que les hamsters domestiques, leur fragilité les rend vulnérables tout au long de leur vie. La nocturnité, ainsi que leur comportement crépusculaire, font qu’ils évitent la majorité des prédateurs naturels tels que renards, buses, chouettes, hermines ou autres mustélidés.
La nécessité de préserver le hamster d’Europe
Bien que vivant à l’état sauvage, le hamster européen dépend fortement des activités agricoles humaines. La conservation de cette espèce exige donc de trouver un compromis entre les pratiques agricoles et la protection de sa population. La sensibilisation des agriculteurs est essentielle, notamment pour changer l’image de nuisible que l’espèce conserve encore en Alsace. La lutte contre son extinction est une course contre la montre ; sans mesures appropriées, cette espèce pourrait disparaître rapidement.
Crédit photo : Agnieszka Szeląg