Le drill : un primate rare entre le babouin et le mandrill

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Le drill constitue l’une des espèces de primates encore peu connues, souvent éclipsée par la popularité de son cousin, le mandrill. Originant des régions d’Afrique de l’Ouest, cette espèce est aujourd’hui en danger critique d’extinction, principalement en raison du braconnage intensif qui la frappe. Mais qui est réellement le drill ? Comment vit-il au quotidien ? Et quels efforts sont déployés pour assurer sa survie ? Voici quelques réponses détaillées.

Une apparence étonnante pour un primate

Classé parmi les singes de l’ordre des primates et appartenant à la famille des cercopithécidés (dont font également partie le macaque et le mandrill), le drill arbore une silhouette étonnante. Son visage allongé, encadré de crêtes osseuses sombres, évoque parfois celui du mandrill ou du babouin. La peau du visage est noire, surmontée d’une couronne blanche et d’une ligne de peau rouge en dessous de la bouche. Son pelage peut varier du brun au noir, tandis que ses fesses présentent une teinte vive de rouge. La femelle mesure généralement entre 50 et 65 cm pour un poids allant de 10 à 20 kg, tandis que le mâle peut atteindre environ 95 cm et pèse jusqu’à 30 kg. La queue, courte et non-préhensible, ne dépasse pas 15 cm.

Malgré leur ressemblance esthétique, le babouin et le drill ont des modes de vie différents. Tandis que le babouin évolue dans des zones arides ou rocheuses, le drill préfère les environnements plus humides, comme les régions tropicales, montagneuses ou prairies d’Afrique de l’Ouest. Omnivore, il se nourrit principalement de feuilles, racines, fruits, graines, fleurs, ainsi que d’insectes. Doté d’un comportement semi-terrestre, il parcourt le sol principalement durant la journée pour chercher sa nourriture, avant de grimper dans les arbres pour y passer la nuit ou en cas de menace.

Le mode de vie et la société du drill

Le comportement social du drill est typique d’un primate grégaire : il vit en groupe ou troupeau, mais contrairement à certains autres singes, il n’est pas territorial. Plusieurs groupes peuvent cohabiter dans le même espace. La structure sociale est généralement organisée autour d’un mâle dominant, qui assure la sécurité de la horde composée de multiples femelles et de jeunes. La période de rut voit souvent des défis à la dominance, avec des confrontations parfois agressives entre mâles jeunes ou concurrents.

Les femelles atteignent leur maturité sexuelle vers 3 ans, tandis que les mâles le font à environ 5 ans. Après une gestation d’environ sept mois, les femelles donnent naissance à un seul petit, entre décembre et avril, et peuvent se reproduire environ tous les deux ans. Les jeunes restent au sein du groupe durant plusieurs mois de sevrage, tandis que les mâles en maturité peuvent quitter la troupe pour fonder leur propre famille.

Les interactions sociales quotidiennes incluent également le toilettage mutuel, qui contribue à renforcer leur cohésion. Ce nettoyage mutuel, effectué chaque jour, ne s’attache pas à une hiérarchie précise, mais reste un facteur essentiel pour maintenir l’harmonie au sein du groupe.

Les menaces causées par le braconnage

Dans leur environnement naturel, le plus grand prédateur du drill adulte est le léopard, qui traque souvent ses proies. Les jeunes, quant à eux, sont vulnérables face aux rapaces et aux serpents constricteurs comme les pythons. Dans un cycle naturel, ces prédateurs sont eux-mêmes soumis à la pression d’espèces plus grandes, illustrant la chaîne alimentaire. Cependant, la principale menace pour toute l’espèce vient des activités humaines, notamment le braconnage.

En captivité, la durée de vie du drill peut atteindre une quarantaine d’années, mais dans la nature, elle chute à une vingtaine d’années, principalement à cause de la chasse clandestine. Le drill est considéré comme l’un des primates africains les plus en danger, sa population sauvage étant en déclin rapide, avec un statut critique de conservation. La chasse est particulièrement intensive dans certaines régions ouest-africaines où il est considéré localement comme une viande de brousse. De plus, la dégradation de son habitat naturel par l’homme réduit ses ressources et limite ses zones de populations. Sur un espace restreint, couvrant notamment le Cameroun, le Niger et l’île de Bioko (Guinée équatoriale), il ne resterait que quelques milliers de drills dans le monde. Une seule organisation opérant à l’échelle nationale s’engage activement dans des programmes de recherche et de conservation pour cette espèce méconnue.

Une réalité sombre : le braconnage en Afrique

Le braconnage en Afrique est une problématique préoccupante. Effectués pour la consommation ou l’exportation via le marché noir, ces actes mettent plusieurs espèces en danger d’extinction. Les grandes chaînes alimentaires et les écosystèmes entiers sont affectés par cette dégradation. Parmi les espèces les plus ciblées figurent les éléphants, les rhinocéros, ainsi que de nombreux grands singes et félins. La demande pour leurs peaux, leurs cornes ou pour certains animaux destinés au commerce de la faune sauvage alimente un trafic mondial clandestin.

Le paysage a considérablement évolué : le braconnage moderne ne ressemble plus à l’image d’un chasseur seul dans la savane. Aujourd’hui, cela se traduit par des opérations souvent armées, utilisant des fusils sophistiqués, y compris des armes automatiques et des équipements de vision nocturne. Les trafiquants utilisent également des véhicules rapides ou des hélicoptères pour échapper aux forces de l’ordre et s’introduire dans des zones protégées, rendant leur traque extrêmement difficile. Face à ces réseaux locaux et internationaux organisés, la lutte reste insuffisante. Le commerce illicite d’espèces protégées génère chaque année près de 160 milliards d’euros, ce qui en fait l’une des activités criminelles les plus lucratives après le trafic de drogues et d’armes.

En Europe aussi, la situation n’est pas meilleure. La contrebande d’animaux rares, comme certains reptiles ou oiseaux précieux, connaît une explosion, alimentant un marché parallèle illégal.

Les efforts de conservation en Europe

Environ soixante drills vivent actuellement dans des espaces contrôlés en Europe, souvent issus de naissances en captivité dans des zoologiques ou réserves naturelles. La population en captivité, en déclin, vise néanmoins à obtenir une progéniture pour favoriser la sauvegarde de l’espèce dans le cadre d’un plan européen de reproduction. Toutefois, cette démarche pose des défis : la consanguinité croissante augmente le risque de malformations génétiques, notamment cardiaques ou cérébrales, rendant la reproduction contrôlée difficile. La vie en captivité complique également leur réintroduction dans leur habitat d’origine, car ils restent vulnérables face à la chasse et à la persécution des braconniers une fois libérés.

Crédit photo : Mariemonkey74