Les grands mammifères adaptés aux conditions extrêmes des plateaux d’Asie centrale jouent un rôle essentiel pour les populations nomades de la région. Ces animaux leur servent de véhicules pour transporter des charges importantes à travers des terrains difficiles, souvent dépourvus d’infrastructures routières. Par confusion, on les assimile parfois au dromadaire, qui lui, se distingue par sa seule bosse.
Une longue tradition de domestication
Le chameau de Bactriane, aussi nommé Camelus bactrianus, est un herbivore qui appartient à la famille des camélidés. Originaires de zones comme la Bactrie, ces animaux ont été élevés par l’homme depuis environ 4 500 ans, remplissant diverses fonctions, du transport de marchandises à la production laitière, en passant par la laine et la viande. Leurs excréments sont également utilisés comme source d’énergie dans des régions peu boisées. On le trouve à l’état domestique dans toute l’Asie centrale, notamment dans le désert de Gobi, où il évolue dans les steppes et zones semi-désertiques, aussi bien en plaine qu’en altitude.
La démarche unique du chameau
Facile à repérer, le chameau à deux bosses diffère du dromadaire par la présence de ses deux bosses distinctes. Son pelage dense et laineux présente des nuances allant du brun foncé au noir et au beige. Son cou long et fortement courbé forme un U, plaçant sa tête presque au niveau des épaules. Sa taille varie généralement entre 1,80 m et 2,30 m, sans compter ses bosses, et son poids peut atteindre une tonne, les femelles étant généralement plus légères. Sa silhouette trapue s’appuie sur des pattes postérieures plus longues que celles de l’avant, lui conférant une démarche latérale appelée « amble », qui consiste à déplacer deux pattes du même côté simultanément.
La réserve de graisse des bosses
Grâce à une physiologie adaptée, le chameau peut survivre longtemps sans nourriture ni eau. Ses deux bosses, protégées par une peau épaisse, stockent de la graisse qui constitue une réserve énergétique importante, pouvant atteindre 12 kg par bosse. En période de disette, ces réserves se mêlent à ses tissus musculaires pour alimenter l’organisme. Lorsqu’il reste longtemps sans boire, le chameau ne se déshydrate pas, perdant jusqu’à 20 % de son poids en eau, sans subir de troubles majeurs, et lors des haltes, il peut absorber plus de 120 litres d’eau en un quart d’heure.
Adaptations extrêmes du chameau au climat désertique
Les spécificités anatomiques du chameau le prédisposent à affronter des conditions climatiques rigoureuses, où il doit supporter des étés très chauds et des hivers glacials. Son pelage et ses comportements lui permettent de faire face à des températures allant de +40°C à -25°C. Lorsqu’il fait chaud, ses glandes sudoripares régulent sa température en produisant de la sueur, tandis qu’en période de froid intense, il s’enveloppe d’une épaisse toison. Ses longues jambes, équipées de pieds aux coussinets mous et plats, facilitent ses déplacements sur des terrains sableux ou enneigés. Enfin, face aux vents de sable, il ferme ses narines et se protège les yeux avec des paupières épaisses et deux rangées de longs cils.
Son alimentation adaptée à l’aridité
Le chameau est un herbivore peu exigeant, capable de se nourrir de ce qu’il trouve dans son environnement : plantes, arbustes et buissons, y compris ceux dotés de piquants. Sa façon de se déplacer lui permet de brouter en marchant, sans nécessiter de longues pauses. Il privilégie les plantes salées et ingère des pierres de sel pour compenser sa déshydratation. Toutefois, il évite absolument de boire de l’eau salée, préférant les sources d’eau douce lorsqu’il en trouve.
Un animal social et endurant
Excellents nageurs et coureurs d’endurance, les camélidés peuvent porter jusqu’à 250 kg de marchandises sur plus de 40 km par jour, à une vitesse de 25 km/h en sprint. Leur organisation sociale repose sur la hiérarchie d’un harem, souvent composé d’un mâle dominant entouré de plusieurs femelles et leurs jeunes. En période de reproduction, ces troupeaux peuvent rassembler jusqu’à une centaine d’individus.
Les rituels de combat au sein du groupe
Lors de la saison des amours, les mâles se montrent territoriaux et belliqueux, marquant leur territoire par des urines fréquentes. Ils s’engagent dans de violents combats, mordant leur adversaire au cou ou à la tête, avec des canines pouvant atteindre 5 cm de longueur. Ces affrontements peuvent durer jusqu’à ce que l’un des deux mâles cède ou soit blessé gravement. La rotation du mâle dominant permet de préserver la diversité génétique et d’éviter la consanguinité systématique.
Reproduction et croissance
Le vainqueur des combats se dresse face à sa partenaire pour l’accouplement, en adoptant une position accroupie. La gestation dure entre 12 et 14 mois, donnant naissance à un seul petit, ce qui représente en moyenne huit naissances au cours de sa vie, une fréquence assez faible. Le petit, pesant entre 25 et 50 kg et mesurant environ 1,20 m, recherche rapidement la mamelle maternelle et apprend à se relever peu après sa naissance. Dès le lendemain, il peut suivre sa mère et intégrer le groupe. Le sevrage intervient vers 18 à 24 mois.
La conservation du chameau domestique
Ce mammifère adulte est peu menacé par ses prédateurs naturels. Le loup gris de Mongolie peut s’attaquer aux individus faibles ou isolés, tandis que le tigre, autrefois ennemi, n’occupe plus les mêmes territoires. La population domestique bénéficie d’une stabilité, avec une espérance de vie allant généralement de 60 à 70 ans, sans risque d’extinction imminent.