Le Blaireau : Son habitat, ses habitudes et la perception qu’on en a

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Crédit photo : Kallerna

Les traces fossiles des blaireaux en territoire français remontent à environ un siècle, tandis que dans certaines régions d’Eurasie, leur présence remonte à plusieurs centaines de milliers d’années. Aujourd’hui, cette espèce est toujours présente sur le sol français, notamment en Corse ainsi qu’en d’autres localités. Reconnaissable à sa pelage gris et à ses bandes noires et blanches, ce charmant mammifère représente le plus gros membre de la famille des Mustélidés en Europe. Toutefois, il ne bénéficie pas toujours d’une bonne réputation. Parfois perçu comme une nuisance par les agriculteurs et jardiniers, il est malheureusement souvent chassé de manière brutale, parfois même par plaisir. Apprenons à mieux connaître le blaireau, souvent victime d’un rejet excessif.

Caractéristiques principales du blaireau européen

Le blaireau d’Europe (Meles meles) constitue l’une des quatre sous-espèces du blaireau présentes à travers l’Eurasie. Ce mammifère carnivore appartient à la famille des Mustelidés, une famille qui regroupe également la fouine, la belette, l’hermine, le putois ou encore le vison. On le retrouve dans la majorité des pays européens, aussi bien dans les plaines que dans les zones montagneuses, jusqu’à une altitude approximative de 2 000 mètres. Son alimentation est variée et comprend des serpents, de petits rongeurs, des vers de terre, des champignons, des fruits secs, ainsi que des insectes comme les abeilles, limaces et escargots.

On lui connaît plusieurs dénominations : blaireau commun, blaireau vulgaire, blaireau d’Europe ou encore tasson.

Son corps allongé, doté d’une musculature robuste et d’une croupe large, est recouvert d’une fourrure dense, poilée et à la texture rude, de couleur grise. Sa silhouette évoque un petit ours. La tête conique, avec un museau blanc orné de vibrisses tactiles, est traversée de bandes longitudinales noires. Son régime omnivore se voit à ses dents, adaptées à manger aussi bien de la viande que des végétaux, et ses griffes, puissantes et non rétractiles, lui permettent de creuser efficacement. Malgré ses pattes courtes, il demeure le plus imposant des Mustélidés en Europe. À l’âge adulte, il peut mesurer jusqu’à 30 cm au garrot, dépasser 90 cm de longueur (incluant sa queue touffue, d’environ 20 cm), et atteindre un poids de 20 kg pour certains individus. Lors de ses déplacements, il peut atteindre des vitesses de 30 km/h, grâce à la puissance de ses pattes.

Principalement nocturne, le blaireau possède une ouïe exceptionnelle et un odorat probablement huit cents fois supérieur à celui de l’humain. En revanche, sa vue est peu développée. Pour délimiter son territoire, il dépose des substances odorantes émises par ses glandes anales.

Quels sont ses prédateurs ?

Les principaux ennemis naturels du blaireau incluent le renard, le lynx, l’aigle, le grand-duc, le loup, le chien, ainsi que l’homme. Parfois, les jeunes blaireaux, appelés blaireautins, peuvent mourir en raison des actes de leurs propres parents. Il est aussi important de souligner que certains individus, qu’ils soient jeunes ou adultes, peuvent tomber malade, notamment en étant sensibles à la tuberculose bovine (Mycobacterium bovis) ou à la rage.

Dans la nature, la durée de vie moyenne d’un blaireau est d’environ 15 ans. Lorsqu’il est en captivité, il peut atteindre une vingtaine d’années. Cependant, chaque année, environ un tiers des blaireaux adultes meurent dans leur habitat sauvage, la mortalité étant plus élevée chez les mâles. Cela explique pourquoi les femelles, ou blairelles, sont proportionnellement plus nombreuses.

Le blaireau, un vrai ingénieur de la nature

Doté d’une morphologie robuste et d’une forte capacité de fouissement, cet animal est capable de déplacer jusqu’à 40 tonnes de terre pour bâtir ses tunnels et ses galeries, en comptant entre 40 et 80 entrées. Son habitat comporte un grand terrier principal ainsi que plusieurs postes secondaires. Ces réseaux souterrains, semblables à un labyrinthe, servent tant à la nurserie qu’au stockage de nourriture. Toujours prudent dans le choix de son lieu de vie, il privilégie les zones bien drainées, à proximité de sols meubles riches en vers de terre, et à l’abri des zones inondables, loin des passages fréquents. La facilité à creuser dans ces sols lui demande moins d’efforts.

Il exploite aussi certains terriers déjà creusés par d’autres animaux comme les renards, avec qui il partage souvent cet espace de cohabitation pacifique. Le blaireau tolère aussi la présence de chats forestiers, de lapins et même de putois, avec lesquels il vit en bonne entente.

Grâce à ses remarquables aptitudes à creuser et à aménager des galeries pouvant atteindre 5 mètres de profondeur, le blaireau est considéré comme un véritable artisan de la nature, tout comme le castor ou le tatou géant. Sa présence modifie et enrichit concrètement son environnement.

reproduction du blaireau commun

Les groupes de blaireaux présentent une hiérarchie légère, mais la reproduction reste généralement l’apanage des mâles et femelles dominants. Une cohésion sociale fragile émerge notamment entre mères, qui élèvent ou prennent soin des petits de leur clan. Les blaireaux atteignent leur maturité sexuelle vers l’âge de 2 ans.

La saison pour l’accouplement débute à la sortie de l’hiver, principalement entre janvier et mars, après une période de moindre activité. Même si leur activité est réduite en hiver, ils ne pratiquent pas une véritable hibernation. Chez cette espèce, la fécondation n’aboutit pas immédiatement : elle peut être différée, un phénomène dit ovulo-implantation retardée, permettant à la femelle de concevoir à différents moments de l’année selon sa réceptivité.

Une gestation d’environ deux mois suit l’implantation de l’œuf dans l’utérus. La naissance des petits peut ainsi intervenir jusqu’à un an après l’accouplement. La femelle peut mettre au monde entre 2 et 7 jeunes par portée, qu’elle élève dans le terrier construit par le mâle. À la naissance, ces blaireautins sont vulnérables : leurs yeux sont clos, leur corps peu fourni de poils et incapable de se déplacer. La mère leur donne le lait pendant trois mois, mais dès leurs six semaines, ils commencent à s’aventurer hors du terrier pour jouer tout en attendant la prochaine tétée.

Le blaireau, un animal mal-aimé

Durant les années 70, de nombreuses campagnes de dératisation ont ciblé simultanément leurs terriers pour lutter contre la rage. Ces opérations, souvent cruelles, consistaient à empoisonner ou à exterminer ces animaux dans leur habitat. Heureusement, à partir de 1986, une campagne de vaccination massive a permis de réduire ce fléau, grâce à des appâts vaccinaux déposés stratégiquement dans leurs zones de vie.

Peu recherché aujourd’hui, le blaireau préfère se cacher dans des paysages denses tels que les haies et les bois, évitant souvent la confrontation avec l’homme, mais il reste vulnérable aux accidents de la route, qui prennent de l’ampleur annuellement. La chasse du blaireau en France est souvent critiquée, car elle est considérée comme une pratique à la fois cruelle et inutile, motivée plus par le loisir que par de véritables enjeux de régulation. Chassé au fusil ou au moyen de chiens, il est parfois mutilé ou tué de façon sanglante, ce qui est indéfendable. Malheureusement perçu comme nuisible, notamment dans les zones agricoles ou les jardins privés, il est aussi considéré comme porteur de maladies graves. Pourtant, cet animal est un organisme discret, très social et pacifique. En Europe, la protection du blaireau est une réalité, et il serait urgent que la France adopte une attitude similaire pour mettre fin à ce massacre et assurer sa sauvegarde.