Appelé communément vache marine, ce grand mammifère aquatique mène une existence paisible dans les eaux tropicales de notre planète. Il s’agit du lamantin, un animal sensible aux températures modérées, nécessitant un climat doux pour assurer sa survie.
Portrait familial du lamantin
Ce mammifère appartient à la catégorie des siréniens, regroupant également ceux qui vivent en eaux douces ou salées. On distingue trois principales variétés de lamantins, chacune adaptant ses caractéristiques à son environnement :
- Le lamantin du bassin des Caraïbes, également appelé Trichechus manatus, qui possède deux sous-espèces selon leur habitat :
- Celui qui réside dans la forêt amazonienne, le Trichechus inunguis, évoluant dans les fleuves de cette région ;
- Et celui qui fréquente les eaux douce du nord-ouest africain, connu sous le nom de Trichechus senegalensis, allant du Sénégal jusqu’à l’Angola.
- Le lamantin des Antilles, une sous-espèce du Trichechus manatus, présent dans la mer des Caraïbes ;
- Et une variété spécifique de Floride, aussi appelée lamantin à narines larges, principalement trouvée dans la réserve des Everglades ;
Morphologie du lamantin : une queue en spatule
Ce mammifère massif possède une peau épaisse, rugueuse, dont la nuance varie entre le gris foncé sur le dessus et plus clair en dessous. La surface de sa peau est parsemée de petits poils rigides. Son crâne large est doté d’un museau court, de petits yeux noirs placés éloignés et d’une lèvre supérieure épaisse, équipée de vibrisses. Ses narines, placées sur le sommet de la tête, facilitent sa respiration en surface sans qu’il ait besoin de sortir complètement de l’eau. Les nageoires pectorales robustes et allongées aident à la locomotion, tandis que sa queue large et plate, semblable à une spatule, sert à la propulsion. La taille du lamantin varie généralement entre 3 et 4 mètres, pour un poids moyen d’environ 500 kg, avec une croissance plus importante chez les femelles.
Ration alimentaire pauvre en calories
Malgré sa vie aquatique, le lamantin se nourrit principalement de végétaux, ce qui lui a valu le surnom de « vache de mer ». Sa diète est composée d’une centaine d’espèces de plantes aquatiques, telles que les jacinthes d’eau, les graminées sous-marines ou les palétuviers, qu’il broute dans les zones riches en végétation. À cela s’ajoutent parfois de petits poissons, crustacés ou mollusques accrochés à ces végétaux. Leur alimentation, peu riche en nutriments, oblige ces mammifères à consommer de très grandes quantités, pouvant atteindre 50 kilogrammes par jour, soit environ 8 à 15 % de leur poids corporel.
Lamantin : un animal solitaire, mais affectueux
Lorsqu’il n’est pas en train de rechercher de la nourriture, le lamantin consacre de nombreuses heures à se reposer dans l’eau. Pour respirer, il doit faire des ascensions à la surface, en remontant toutes les quelques minutes. Son allure est généralement tranquille, à environ 5 km/h, mais il peut accélérer jusqu’à 25 km/h en cas de danger. Bien que généralement indépendant, il peut se regrouper avec d’autres adultes dans des zones où la nourriture est abondante, où le climat est doux en hiver ou lors de la reproduction. Lorsqu’ils se rencontrent, ces mammifères montrent une grande sociabilité, n’hésitant pas à se frotter mutuellement le museau ou d’autres parties du corps dans un geste de tendresse.
Lamantin, un mammifère sensible au froid
La saison hivernale constitue une période particulièrement critique pour ces animaux. La faible teneur énergétique de leur nourriture ne leur fournit pas assez de réserves de graisse pour faire face au froid. Par conséquent, lorsque la température de l’eau descend en dessous de 20 °C, ils doivent migrer vers des zones plus chaudes. Sur leur route, ils peuvent parcourir plus de 200 km pour atteindre ces habitats plus favorables, en effectuant des déplacements saisonniers réguliers.
La croissance tardive chez le lamantin
Cet animal préfère rester seul pendant ses premières années, mais il cherche rapidement un partenaire avec qui il formera des liens durables. La femelle atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 7 ans. Après une gestation d’environ un an, elle met au monde un seul petit, pesant en moyenne 30 kg pour une longueur de 1,20 à 1,40 m. Bien qu’allaité durant plusieurs mois, le jeune commence à se nourrir de végétation aquatique dès 1 à 3 mois, et continue de téter parfois jusqu’à 2 ans pour assurer sa croissance et apprendre à repérer ses habitats. Cette période d’élevage prolongée permet à la mère de lui transmettre ses connaissances sur les zones d’alimentation et les itinéraires migratoires.
Lamantin : espèce protégée mais vulnérable
Malgré leur apparence tranquille, ces mammifères font face à plusieurs menaces naturelles et humaines. Les jeunes sont parfois attaqués par des crocodiles ou des alligators, tandis que les adultes doivent aussi faire face à la menace des requins ou des orques. La chasse, autrefois la principale cause de leur déclin, est désormais interdite. Cependant, leur survie reste compromise par les collisions avec les navires, surtout dans les zones densément fréquentées, ainsi que par la destruction progressive de leur habitat due au développement côtier et aux activités touristiques, sans oublier la pollution marine qui altère leur environnement. La conservation de cette espèce, désormais classée comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature, est une priorité. Leur espérance de vie dépasse rarement 30 ans, mais certaines peuvent vivre plus longtemps dans de bonnes conditions.