La marmotte, un mammifère emblématique des régions montagneuses, attire souvent l’attention lors des périodes estivales. En effet, ce petit animal passe une grande partie de l’année en phase d’hibernation, ce qui limite ses apparitions. Aujourd’hui, concentrons-nous sur la marmotte des Alpes, la variété la plus présente en Europe, et découvrons comment l’observer sans la perturber.
Portrait de la marmotte : caractéristiques essentielles
Appartenant à la famille des Sciuridae, les marmottes (Marmota) sont de petits mammifères spécialisés dans le creusement de galeries souterraines. Regroupant une quarantaine d’espèces, certaines sont plus présentes en Eurasie, d’autres en Amérique du Nord. La plus répandue en Europe est la marmotte des Alpes (Marmota marmota), que l’on retrouve dans les montagnes dès 800 mètres d’altitude, pouvant atteindre près de 3 000 mètres. Elle habite aussi bien les massifs alpins que les massifs du centre de l’Europe, comme les Carpates, et a même été réintroduite dans le Massif central, le Vercors ou encore dans les Pyrénées depuis la fin des années 1940.
La taille d’une marmotte adulte approche les 70 centimètres, sa queue touffue représentant environ un quart de cette longueur, pour un poids approximatif de 5 kilogrammes. Son pelage, épais, est plus dense en hiver et se compose de teintes brunes, beiges ou sombres alternant selon les zones du corps. Le dos étant brun jaunâtre, le ventre d’un beige clair, la tête plus foncée, la queue noire à la pointe et la base brune.
Son corps robuste présente un aspect trapu avec des membres puissants munis de griffes acérées qui facilitent le creusement. La tête longue arbore de petites oreilles, un museau large et noir, équipé de vibrisses ou moustaches. Ces soies tactiles lui servent à explorer son environnement souterrain. Leur position en amande leur offre une vision périphérique exceptionnelle, avec un champ de vue pouvant atteindre 300°, complété par un odorat très développé, essentiel pour détecter toute menace potentielle.
Le chant de mise en garde des marmottes
Sociables et grégaires, ces rongeurs vivent en colonies où la communication est vitale pour la survie. Lorsqu’un danger est repéré, chaque individu émet de courts cris, semblables à des sifflements, qui peuvent être entendus à plusieurs kilomètres. Ces signaux d’alerte permettent aux autres membres de la colonie de se réfugier rapidement dans leurs terriers. Qu’il s’agisse d’un chien, d’un humain discret ou d’un prédateur aérien comme le vautour ou l’aigle royal, la réaction immédiate des marmottes est de s’enfouir pour échapper à la menace. La charge de cris de détresse se poursuit jusqu’à ce que le danger ait disparu de leur territoire.
Les terriers : une infrastructure souterraine sophistiquée
Amatrices de creuser, les marmottes passent beaucoup de temps à établir d’immenses réseaux de galeries dans un sol meuble, de quelques dizaines de centimètres de diamètre. Leur outil principal : leurs griffes longues et robustes, qui leur permettent de décaper la terre avec précision. Les galeries, peu profondes, peuvent atteindre jusqu’à 10 mètres de longueur, formant un ensemble de tunnels adaptés à différents usages. La sortie principale est souvent dissimulée sous une grosse pierre, que la marmotte déplace grâce à sa musculature puissante.
La marmotte construit plusieurs types de terriers : un pour la gestation estivale, un autre dédié à l’hibernation appelé aussi l’hibernaculum, ainsi qu’un refuge d’urgence. Les emplacements privilégient généralement les versants ensoleillés avec une vue dégagée, afin d’éviter d’être surpris par des prédateurs. Les zones idéales combinent rocailles et prairies riches, en profitant des adrets qui offrent une exposition constante au soleil, contrairement aux ubacs moins ensoleillés.
L’alimentation de la marmotte
En période active, la marmotte se nourrit principalement le matin et en fin d’après-midi. Cependant, lors des chaleurs intenses, elle privilégie l’ombre de son terrier afin d’éviter la surchauffe, étant sensible à la chaleur. Elle adopte un régime herbivore, consomment de l’herbe, des jeunes pousses, ainsi que des graines. Elle ingère également des insectes, tels que vers, araignées ou autres invertébrés, qu’elle capture avec ses membres antérieurs.
Avant le début de son hibernation, la marmotte consomme en grande quantité pour accumuler de la graisse, ce qui lui permet de doubler son poids en six mois, constituant sa réserve énergétique pour la période de sommeil prolongé.
La longue hibernation hivernale
La marmotte passe près de six mois en état d’hibernation, généralement à partir de septembre, lorsque les températures chutent. Lors de cette période, elle forme des groupes familiaux dans leur hibernaculum, où ils se regroupent en se serrant contre eux pour conserver la chaleur. La couche ferme et isolante de leur terrier est renforcée avec des matériaux naturels comme des feuilles, des cailloux et des herbes.
Pendant cette dormance, leur métabolisme ralentit considérablement. Leurs rythmes cardiaque et respiratoire diminuent, leur température corporelle chute à environ 4°C, et leur organisme utilise les réserves accumulées de graisse pour leur survie. La masse corporelle de la marmotte peut diminuer de moitié durant cette période.
Reproduction et vie en colonie
La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 3 ans, avec des migrations de mâles et de femelles lors d’accouplements qui se déroulent en avril ou mai. La gestation dure environ 34 jours, après quoi naissent 2 à 7 marmottons. À la naissance, ils sont aveugles, nus, et pèsent à peine 30 grammes. La mère leur offre une période d’allaitement qui dure environ six semaines, puis ils commencent à explorer le monde extérieur.
Les marmottes vivent en famille, chaque groupe disposant d’un territoire délimité. Plusieurs familles peuvent former une colonie. La reconnaissance des membres se fait notamment par l’odorat, chaque animal se reniflant les joues pour distinguer ses proches.
Pour approcher ces mammifères sauvages, la discrétion est essentielle. Respecter leur tranquillité permet d’observer ces animaux dans leur environnement naturel sans les déranger. Approchez-vous silencieusement, utilisez des jumelles et un appareil photo pour immortaliser ces moments, de leur sortie d’hibernation jusqu’à la fin de l’été, en évitant de vous approcher de trop près.