La femelle du lièvre, la hase, peut-elle porter plusieurs générations de levrauts en même temps ? La réponse expliquée

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Le monde animal regorge de croyances populaires, mêlant idées fausses et phénomènes étonnants. Par exemple, l’idée selon laquelle la femelle du lièvre, appelée la hase, serait capable d’avoir plusieurs portées en même temps est souvent relayée. Mais qu’en est-il vraiment ? Nous vous proposons d’en découvrir la véracité, accompagnée d’explications précises dans ce dossier.

Qu’est-ce qu’une hase ?

La hase désigne la femelle du lièvre européen, connu aussi sous le nom de lièvre brun (Lepus europaeus). Ce petit mammifère appartient à la famille des léporidés, qui comprend également diverses espèces de lapins, et fait partie de l’ordre des lagomorphes. Originaire d’Europe et d’Asie, il a aujourd’hui conquis tous les continents. Il s’adapte à divers environnements ouverts tels que prairies, champs cultivés, marais, pâturages, landes à bruyères, garrigues, vergers, steppes, clairières ou forêts peu denses. Strictement herbivore, il se nourrit principalement de plantes herbacées, de graminées, de baies, de jeunes pousses, de boutons floraux, de légumes ou de racines, selon la saison et son habitat. Contrairement à certains animaux, il n’expose pas de différence physique notable entre mâles et femelles. Plus imposant que le lapin, le lièvre affiche une silhouette élancée, conçue pour la course, dotée de membres fins et longs. Capable d’atteindre 60 km/h, voire 80 km/h en pointe, il peut sauter à plus de 2 mètres en hauteur ou pratiquement 3 mètres en longueur. Son corps mesure généralement entre 45 et 70 cm, pour un poids variant entre 2,5 et 7 kg, avec la hase étant souvent plus légère. Son pelage dorsal est brun avec des nuances fauves ou rousses, tandis que son ventre est d’un blanc crème. Enfin, ses grandes oreilles de 9 à 13 cm de long sont un trait distinctif.

Le cycle reproducteur du lièvre et de la hase

Chez le lièvre européen, la période propice à la reproduction s’étale généralement de janvier à octobre, avec un pic durant le printemps, notamment en mars et avril. En période de reproduction, ces mammifères très actifs la nuit modifient profondément leurs comportements. Il n’est pas rare de voir des lièvres se chasser ou se battre dans leurs habitats, en donnant des coups de pattes ou en courant après leurs partenaires ou rivaux. Ces scènes évoquent une parade nuptiale, où mâles et femelles participent à des courses effrénées. La femelle, en chaleur, cherche à attirer le mâle le plus endurant en multipliant les courses-poursuites. Parole de rivalité ou de reproduction, ces courses peuvent aussi donner lieu à des affrontements physiques entre mâles, ce qu’on appelle le « bouquinage ». Ce comportement, caractéristique de l’espèce, a même inspiré l’expression anglaise « mad as a march hare » (fou comme un lièvre de mars). Cette expression a été popularisée par Lewis Carroll dans Alice au pays des merveilles en 1865.

Une particularité rare : la superfétation

Après l’accouplement, la gestation chez la hase dure environ 41 à 42 jours. Cependant, cette espèce possède une capacité exceptionnelle : la superfétation, c’est-à-dire la possibilité pour une femelle déjà enceinte d’accueillir une nouvelle gestation. Bien que ce phénomène soit extrêmement rare chez l’humain, chez certains mammifères comme le blaireau ou le vison, il est relativement fréquent chez la hase. Ainsi, peu avant la mise bas, il est possible qu’elle soit fécondée une seconde fois, alors qu’elle porte déjà des embryons en développement. Concrètement, cela signifie qu’une femelle peut porter en même temps des embryons et des nouveau-nés prêts à naître, ce qui accélère grandement son cycle de reproduction. La majorité des hases peuvent donner naissance à jusqu’à cinq portées par an, chacune comprenant généralement entre un et trois levrauts, mais cela peut aller jusqu’à six. Ces portées se chevauchent ou se succèdent dans un délai raccourci, permettant à l’espèce d’augmenter ses chances de survie. Cet aspect a été déjà évoqué dans l’Antiquité par Aristote, tandis qu’Hérodote relevait sa notable fertilité. C’est un mécanisme évolutif visant à maximiser la reproduction face aux nombreux dangers que rencontrent ces animaux, tels que maladies, intempéries, chasse ou accidents routiers. Les prédateurs naturels incluent divers rapaces, canidés ou félins (renard, loup, lynx, chiens, chats, faucons, coyote selon les régions).

Ce qu’il faut savoir sur les levrauts

Les jeunes lièvres naissent avec un pelage déjà développé, sont thermorégulés et ont les yeux ouverts. Ils peuvent rapidement utiliser leurs pattes pour se déplacer. La mère, la hase, les allaite une fois par jour, après le coucher du soleil, puis s’éloigne rapidement. À partir de trois ou quatre semaines, ils sont sevrés et déjà très autonomes, tout en grandissant rapidement. Cependant, la mortalité des levrauts est très forte, notamment à cause des maladies qui leur font défaut. La moitié d’entre eux disparaît souvent avant l’automne, lors de la chasse. Ceux qui survivent peuvent atteindre la maturité sexuelle vers trois ou quatre mois, ce qui leur permet de se reproduire dès l’année suivante.

Le lièvre brun, une espèce encore courante

Malgré les nombreux dangers qui le menacent, le lièvre d’Europe continue d’être une espèce souvent rencontrée en France. Certaines régions ont mis en place des réglementations ou des programmes de réintroduction pour préserver sa population, qui reste classée comme étant « en préoccupation mineure » par l’UICN. La durée de vie en milieu sauvage est généralement comprise entre dix et douze ans. Il reste une composante importante de la biodiversité locale, même si sa survie nécessite une attention constante face aux menaces actuelles.