L’Ours Brun : le plus grand des ours

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Lorsqu’on évoque la silhouette d’un ours, la majorité pense immédiatement à l’Ours brun, sans forcément connaître les différentes espèces existantes ou leurs particularités. En réalité, il en existe huit, incluant notamment le légendaire Panda. Cet article se concentre sur l’Ours brun, symbole emblématique des montagnes des Pyrénées.

Découvrir l’Ours brun

La classification scientifique de l’Ours brun porte le nom d’Ursus arctos. Parmi ses sous-espèces, on trouve notamment le Grizzly, identifié comme Ursus arctos horribilis, présent sur le continent américain.

Naturalement répandu dans les forêts et les massifs montagneux européens, Ursus arctos occupe une vaste zone s’étendant de la Scandinavie jusqu’à l’Italie, des Pyrénées aux Carpates. La taille de l’animal varie considérablement selon le genre : il peut atteindre jusqu’à 2,20 mètres debout, avec une posture à quatre pattes comprise entre 0,80 et 1,10 mètre. La masse corporelle atteint généralement entre 100 et 320 kilogrammes pour les femelles et peut dépasser 500 kg pour certaines sous-espèces comme l’Ours Kodiak en Alaska, qui profite d’un régime riche en saumons.

La couleur de leur pelage oscille entre différentes nuances de brun, allant du beige au noir, selon l’individu, l’âge et la saison. En Pyrénées, leur fourrure s’assombrit en automne et s’éclaircit durant l’été. Leur tête est caractérisée par de petites oreilles arrondies.

Habituellement solitaire, l’Ours brun ne se réunit en groupes que pendant la saison de reproduction, au printemps. À cette période, les mâles doivent parcourir de longues distances, jusqu’à 3 000 mètres d’altitude, pour atteindre les femelles. Leur territoire vital est très variable : il peut s’étendre de 70 à plus de 500 km², selon qu’il s’agisse d’un mâle ou d’une femelle avec ses oursons.

Naturellement farouche, il évite l’homme et est généralement actif lors des crépuscules ou la nuit. Toutefois, en environnement calme et peu fréquenté, l’ours peut aussi être observé durant la journée.

L’alimentation de l’Ours brun

Cet ours se décrit comme un omnivore opportuniste, adaptant son alimentation à ce qu’il trouve sur son parcours. La majorité de ses repas – environ 70 % – consiste en végétaux tels que racines, fruits, et herbes, en particulier au printemps. En période de reprise après l’hibernation, sa priorité est de reconstituer ses réserves de graisse pour préparer la reproduction. Pour cela, il privilégie des aliments riches en protéines rapidement assimilables, comme les racines ou les petits animaux tels que rongeurs, avec une consommation notable de fourmis pouvant représenter jusqu’à un quart de ses proies. Au fil de l’été, il se délecte de baies telles que myrtilles, airelles ou framboises. Quand l’automne arrive, il se nourrit surtout de fruits secs, comme châtaignes ou glands.

Contrairement à certaines idées reçues, l’Ours brun n’est pas un carnivore strict : il n’attaque généralement que des animaux faibles ou vulnérables. Son ingéniosité en matière de chasse est limitée par rapport à d’autres prédateurs comme le loup ou le félidé sauvage. Lorsqu’il s’en prend au bétail, c’est souvent parce que la protection de celui-ci est insuffisante ou mal organisée. Il n’hésite pas à profiter d’un animal égaré ou séparé du troupeau pour en faire sa proie.

Il arrive aussi que l’ours se nourrisse de cadavres, mais cette pratique est occasionnelle. Des analyses d’excréments montrent que moins de 20 % de son régime animalier sont constitués de mammifères, ce qui confirme à quel point il reste principalement végétarien. La propension à s’attaquer au bétail dépend également de chaque individu et des conditions environnementales : plus l’ours est dérangé ou affamé, plus il pourra adopter un comportement carnivore. La recherche de nourriture devient ainsi plus opportuniste quand il doit rapidement se nourrir pour survivre.

L’hibernation chez l’ours brun

Pour traverser la saison froide, l’ours doit accumuler des réserves de graisse équivalentes à 10-20 % de son poids total, principalement stockées dans sa fameuse bosse au niveau du garrot. Avant l’hibernation, il consomme intensément, notamment des fruits riches en fructose, qui favorisent la formation de graisse via l’accumulation d’acide urique.

Avec l’arrivée des températures basses, l’ours réduit ses déplacements et choisit une cavité naturelle ou une cachette pour hiberner. Pendant cette période, son métabolisme ralentit considérablement : son rythme cardiaque passe de 40-50 battements par minute à moins de 12, sa température corporelle baisse de plusieurs degrés et sa respiration ralentit également. Il recycle efficacement l’eau pour éviter la déshydratation et mobilise principalement ses réserves graisseuses, préservant ainsi ses muscles et organes vitaux. La perte de poids durant l’hibernation se concentre sur la graisse, ce qui différencie l’ours de l’humain, dont la masse musculaire recule rapidement en immobilité prolongée.

La durée de cette période d’état stationnaire varie selon les individus, le climat et la physiologie. En général, un mâle se repose moins longtemps qu’une femelle avec ses petits, dont la gestation inclut une étape de « nidation différée » : l’œuf fécondé reste en dormance jusqu’à plusieurs mois, généralement en novembre, lorsque l’ours hiberne, pour n’être implanté que si la femelle a suffisamment de réserves. La gestation dure ensuite de six à huit semaines, et l’accouchement survient entre janvier et février dans la tanière. La femelle met au monde 1 à 3 oursons, pesant environ 300 g chacun. Ces petits restent avec leur mère pendant environ deux ans, avec une reproduction qui ne se produit que tous les 2 à 3 ans pour la femelle.

L’interaction entre l’homme et l’Ours en France

Partout où l’Ours brun est présent, des efforts de conservation ont été mis en œuvre. Leur objectif principal : limiter les menaces qui pèsent sur l’espèce, qu’il s’agisse du braconnage, de la déforestation ou de l’aménagement des routes. La fin des conflits liés à la guerre dans l’ex-Yougoslavie a également permis un certain recul des populations ursines.

En France, l’ours a longtemps été associé aux espaces sauvages, mais l’expansion humaine au fil des siècles l’a contraint à se réfugier dans les zones de montagne, notamment dans les Pyrénées, où il trouve encore un peu de tranquillité. Après un déclin dramatique au XXe siècle, il n’en reste plus que dans cette région, avec seulement quelques individus à la fin des années 1980. La population s’étant réduite à une poignée, un programme de réintroduction a été lancé dans les années 1990, avec la création de réserves anti-chasse. Ces zones protégées initiales couvraient environ 6 500 hectares. La démarche n’a pas été sans opposition, notamment de la part de certains éleveurs. Par la suite, des lâchers d’ours slovènes ont été réalisés dans le cadre du plan de réintroduction, avec plusieurs individus relâchés entre 1996 et 2018.

Cependant, ces initiatives ont suscité des résistances. En 2004, l’abattage d’une femelle représentative de la souche pyrénéenne par un chasseur a provoqué une controverse importante. La justice a condamné le chasseur en 2010, pour dommages financiers et moraux. Les éleveurs de brebis ont aussi exprimé leur défiance, notamment après la mort accidentelle d’un ours en 2007. Le gouvernement a alors décidé de limiter les lâchers d’ours à condition qu’il y ait preuve d’attaques concrètes.

Malgré ces tensions, la réintroduction a permis une avancée notable, avec une population pyrénéenne estimée à 64 ours en 2020. La plupart des autres régions scandinaves abritent des populations plus importantes, souvent en centaines. Néanmoins, la coexistence demeure compliquée : certains villageois considèrent encore l’ours comme une menace menaçant leur bétail.

La gestion des indemnisations met en évidence ces frictions. Quand une bête tombée sous l’attaque s’évalue en moyenne à 120 euros, l’indemnisation peut atteindre 500 à 600 euros, ce qui pourrait entraîner une explosion des coûts pour l’État. Mais, paradoxalement, peu d’observations sont vérifiées, alimentant la suspicion. Les mesures de protection restent limitées à deux techniques essentielles sur trois : présence de bergers, regroupement de troupeau et chiens de protection, avec des dérogations possibles en zones jugées difficiles à sécuriser.

Face à cette réalité, l’incertitude demeure quant à la durée de ces tensions. Malgré tout, ceux qui soutiennent la réintroduction regrettent parfois la simplicité des villages d’antan, où la cohabitation avec la nature semblait plus harmonieuse.