Contrairement aux autres membres de la famille des Sciuridés, dont la vente a été interdite en septembre 2010, le Tamia de Sibérie, aussi appelé écureuil de Corée, a bénéficié d’un délai supplémentaire d’environ six années. Cependant, depuis juillet 2016, cette espèce est aussi concernée par l’interdiction : il n’est plus permis de l’acheter, de la posséder, de la vendre ou de la reproduire sur l’ensemble du territoire européen.
Qu’est-ce que l’écureuil de Corée ?
De petite taille, cet écureuil natif de Corée doit son nom à son origine géographique. Sa silhouette adulte avoisine 15 cm de longueur, à laquelle s’ajoutent une queue de 10 à 12 cm. Son poids tourne autour de 100 grammes. La caractéristique la plus identifiable est la présence de cinq rayures symétriques, de couleur brun-noir, qui parcourent son dos, contrastant avec une teinte ocre clair ou gris sur la longueur.
Les femelles donnent naissance à une ou deux portées chaque année, comprenant chacune trois à quatre petits. Il pratique une hibernation de octobre à mars. En termes d’alimentation, il privilégie principalement les graines, fruits secs et bourgeons d’arbres, mais consomme également des champignons, des baies et des fleurs. Parfois, il peut se nourrir d’insectes, d’arthropodes, de mollusques, ou même de petits reptiles et amphibiens.
Cet animal, populaire comme nouvel animal de compagnie à partir des années 1960, a progressivement perdu en popularité. Il s’est révélé peu agréable à manipuler, mordant facilement et avec force. Frêle, avec des os fragiles, son cœur palpite à près de 300 battements par minute lorsqu’il est jeune, ce qui le rend sensible au stress et à une mort prématurée en cas de difficulté.
Les écureuils de Corée, une fois abandonnés par leurs propriétaires ou échappant lors d’évasions d’élevages, ont rapidement colonisé certains territoires où les conditions leur sont favorables. Bien qu’on ait craint un certain conflit avec l’écureuil roux, il apparaît que les deux espèces occupent des niches écologiques différentes, ce qui limite leur compétition directe.
En Europe, on compte 25 populations recensées, dont 11 en France, majoritairement dans des zones où ils peuvent accéder aux glands durant l’automne. Parmi leurs prédateurs naturels figurent le chat domestique, la buse variable et la belette d’Europe, mais leur présence ne suffit pas à freiner la croissance de leur population.
Pourquoi interdire la détention de l’écureuil de Corée ?
Depuis le 13 juillet 2016, cette espèce est considérée comme une espèce exotique envahissante (EEE), un statut qui soulève des préoccupations à l’échelle européenne en raison du danger qu’elle peut représenter pour la santé humaine.
En effet, l’écureuil de Corée peut héberger trois bactéries responsables de la maladie de Lyme ou borréliose (Borrelia afzelli, burgdorferi et garinii), alors que les espèces indigènes de rongeurs et d’oiseaux ne portent généralement qu’une seule de ces bactéries. Des études ont montré que la proportion d’écureuils infectés varie entre 35 % et 75 %, selon les années.
La nécessité d’agir pour limiter leur propagation et gérer les populations existantes en Europe est devenue impérative. La commercialisation de ces animaux a été interdite en animalerie et en ligne, car malgré les mesures de contrôle, leur nombre continuait à augmenter par le biais d’abandons et d’évasions en provenance d’élevages.
Ce petit mammifère possède un aspect séduisant — museau fin et allongé, grands yeux noirs, oreilles moyennes, queue touffue — mais joue paradoxalement un rôle de vecteur efficace de la maladie de Lyme. Il est souvent infesté par des tiques, avec une seule individualité pouvant en héberger plus de 500. La moitié environ de ces écureuils sont porteurs de la bactérie responsable de la borréliose.
Les actions de gestion reposent aussi sur la perception qu’ont les acteurs de la forêt. Une étude réalisée en 2007 en Île-de-France a montré que les gestionnaires et agents des parcs considéraient favorablement ou au moins acceptaient une intervention pour contrôler ou éradiquer cette espèce, surtout en évitant qu’elle ne devienne envahissante. En revanche, les propriétaires d’écureuil de Corée s’opposaient fermement à toute forme d’éradication, même si leur présence représentait une menace pour la santé publique. Les options envisagées incluaient uniquement la capture puis la stérilisation, mais lorsque leur nombre atteignait plus de 10 000 dans certaines régions, ces mesures apparaissaient peu efficaces et très coûteuses.
Un exemple concret de difficulté à éradiquer cette espèce est l’opération menée en 2018 à Echirolles (Isère), qui a mis en évidence la complexité de supprimer totalement une population déjà bien établie. Elle souligne aussi l’urgence d’agir rapidement dès qu’une nouvelle colonisation est détectée.
Il est à noter que l’écureuil de Corée ne prospère pas partout. Par exemple, une introduction accidentelle en 1969 dans le Jardin des Plantes de Paris a vu la population se réduire progressivement, jusqu’à sa disparition en 1977.
La maladie de Lyme
La borréliose de Lyme se transmet principalement par la piqûre d’une tique porteuse de la bactérie. Ces piqûres peuvent se produire lors d’une balade en forêt, dans un parc ou même dans un jardin privé ou public.
Les manifestations de cette maladie ne sont pas toujours évidentes et l’évolution est souvent favorable si la maladie est diagnostiquée rapidement. Un traitement antibiotique de vingt et une journées est généralement efficace pour éliminer l’infection. Sans intervention, des complications articulaires, neurologiques ou dermatologiques peuvent s’installer de façon durable.
La prévention principale consiste à :
- porter des vêtements couvrants, notamment longs, lors d’activités en plein air,
- inspecter soigneusement le corps après chaque sortie, en prêtant une attention particulière aux plis de la peau, aux aisselles, ainsi qu’aux genoux.
En cas de présence d’une tique, il est crucial de l’enlever rapidement à l’aide d’un tire-tique, qui est le seul outil permettant d’en retirer la totalité sans casser la tête. Ensuite, il faut surveiller la zone mordue pendant un mois. Si une rougeur ronde, souvent appelée « bandelette deérythème », apparaît autour du point de piqûre, consulter un professionnel de santé s’impose. La survenue de symptômes grippaux en été doit également être prise au sérieux et justifier une consultation médicale.