L’agouti : un grand rongeur terrestre à découvrir

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Tout comme le cobaye ou le capybara, l’agouti appartient à la famille des récompugés terrestres originaires des régions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Son physique élancé et son mode d’alimentation lui confèrent une ressemblance avec un écureuil dépourvu de queue. À l’image de cet animal, l’agouti cache ses aliments en terre et utilise ses réserves lors de périodes de disette. En effectuant cette activité, il joue un rôle crucial dans la germination des graines et favorise la régénération écologique. Découvrez en détail cet animal souvent surnommé le jardinier des forêts.

La nature de l’agouti

Les agoutis, désignés sous le nom scientifique Dasyprocta, regroupent une famille de grands rongeurs principalement terrestres que l’on retrouve en Amérique latine. Parmi eux, quatre espèces sont particulièrement connues :

  • L’agouti doré, avec une fourrure brunâtre ponctuée de tâches foncées et un pelage allant vers l’orange doré à l’arrière ;
  • L’agouti d’Azara, qui possède une teinte similaire à celle de l’agouti doré mais avec une silhouette moins robuste ;
  • L’agouti ponctué, arborant un manteau clair orangé orné de nuances foncées, avec un ventre blanc ou jaune pâle ;
  • L’agouti cendré, vêtu d’un pelage gris foncé, dont la tête est plus claire.

Comment identifier un agouti ?

La taille de cette espèce oscille entre 40 et 60 cm de longueur, pour un poids variant de 2 à 4 kg. Son apparence évoque celle du capybara, mais avec un corps plus svelte, tandis que sa tête se rapproche de celle d’un rat. Son museau fin, ses oreilles courtes et rondes, ainsi que ses pattes élancées sont caractéristiques. Les pattes arrière possèdent trois doigts avec de fortes griffes, essentielles à la fouille, alors que celles de devant en comportent quatre. La coloration du pelage diffère selon les espèces, allant du doré au roux ou au gris en passant par diverses nuances de brun et de noir. La fourrure est généralement plus longue au niveau de la croupe que sur le reste du corps, présentant une texture raide et dressée. La petite queue, souvent dépourvue de poils, est quasiment invisible. Enfin, il n’existe pas de différence flagrante entre mâles et femelles en termes de morphologie.

Les spécificités de l’agouti

Son adaptation à un mode de vie terrestre l’a conduit à réduire le nombre de ses doigts fonctionnels. Il possède cependant un pouce vestigial sur ses membres antérieurs, ce qui facilite la manipulation de la nourriture. Ses griffes avant, arquées, lui permettent de creuser la terre pour déterrer et cacher des ressources, qu’il pourra retrouver plus tard. Les ongles plus épais sur ses pattes arrière agissent comme de petits sabots. La taille plus grande de ses membres postérieurs lui confère une capacité de saut impressionnante, proche de deux mètres de hauteur. La souplesse de ses pattes favorise sa vitesse et ses déplacements. Sa longue incisive, continue de pousser tout au long de sa vie, lui permet de ronger des matériaux durs insolubles pour d’autres animaux.

Son habitat naturel

L’agouti évolue principalement en Amérique centrale et du Sud, occupant une vaste zone géographique. On le retrouve en pays comme le Brésil, le Mexique, l’Uruguay, le Paraguay, le Costa Rica, le Honduras, l’Argentine, le Venezuela, la Guyane, le Pérou, la Colombie et le Panama. Présent en Guyane française, il a disparu de Martinique et reste rare en Guadeloupe. Il prospère dans des environnements combinant végétation dense, pour se dissimuler, et zones ouvertes pour se nourrir. Très adaptable, il peut coloniser divers écosystèmes tels que les forêts tropicales humides, les savanes, ou encore les terres agricoles. Sa capacité à supporter des climats très variés, y compris des températures extrêmes, lui permet de vivre en haute altitude, où la nourriture est disponible.

Que mange l’agouti ?

De régime principalement végétarien, l’agouti privilégie les fruits tombés des arbres, mais aussi les noix, graines, racines, feuilles, fleurs et champignons. Sa mâchoire robuste lui confère la faculté de casser les coquilles durement protégées par ses dents spécialisées. Pour se nourrir, il se met en position debout, croque avec ses pattes avant, et manipule facilement sa nourriture comme un écureuil. Collectant également des graines et des noix, il les enterre à divers endroits pour assurer ses réserves. En cas de pénurie fruitière, il puise dans ces caches secrètes. Son rôle dans l’écosystème est capital, car ses dépôts de graines enterrées favorisent la germination et contribuent à la régénération de la végétation, lui valant le surnom de jardinier des forêts.

Mode de vie de l’agouti

Ce rongeur est généralement actif lors du crépuscule ou durant la journée, mais peut devenir nocturne s’il ressent une menace. Sa constitution adaptée à la vie au sol lui permet de sauter jusqu’à deux mètres de haut, de courir rapidement, et même de nager. L’agouti mène une vie solitaire ou en petits groupes familiaux comprenant un couple reproducteur et ses jeunes. Sa communication repose sur des marques olfactives et des vocalisations, qui lui servent à délimiter son territoire ou à attirer un partenaire. Lorsqu’il perçoit un danger, il émet de courts aboiements, hérisse ses poils et s’enfuit par bonds rapides. En cas de colère ou de stress, il crie et siffle. Très méfiant, il évite tout contact avec l’humain.

Reproduction et cycle de vie

Les couples d’agoutis sont monogames, liés pour la vie. La période de reproduction a lieu deux fois par an, avec une recrudescence des naissances entre avril et mai, mais il est possible d’observer des naissances tout au long de l’année. Après une gestation de 3 à 4 mois, la femelle donne naissance à une portée de 1 à 3 petits, déjà bien développés et aux yeux ouverts. Ces derniers naissent dans des terriers tapissés de feuilles et de poils. En quelques heures, ils commencent à manger, à courir et à explorer leur environnement. La maturité sexuelle est atteinte vers six mois, permettant à la jeune génération de se reproduire rapidement.

Les principaux prédateurs de l’agouti comprennent certains rapaces comme les aigles et faucons, ainsi que des serpents et de grands carnivores tels que jaguars, pumas ou ocelots en Amérique latine. La chasse pour leur chair, très appréciée dans certaines cultures, ainsi que l’exploitation de leur fourrure et de leur cuir, affectent également leur population. Le classement mondial établi par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) varie selon les espèces : plusieurs sont en danger ou vulnérables, notamment l’agouti d’Azara en Argentine, l’agouti de Coiba au Panama, ou encore l’espèce endémique du Venezuela, le Dasyprocta guamara, classée quasi menacée. Certaines espèces comme l’agouti mexicain sont en danger critique d’extinction. En liberté, leur espérance de vie peut atteindre 10 ans, tandis qu’en captivité, ils peuvent vivre jusqu’à 20 ans.