Hurleur noir : un grand singe d’Amérique du Sud au cri caractéristique

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Le moins connu des primates d’Amérique du Sud, le hurleur noir doit son nom au cri puissant qu’il pousse chaque matin pour marquer son territoire. Voici un aperçu de cette espèce parmi les plus bruyantes de la planète !

Le plus grand singe d’Amérique

Appartenant à l’ordre des primates, la famille des atelidés et la sous-famille des alouattinés, le hurleur noir est originaire de l’Amérique centrale et du Sud. Il existe environ une douzaine d’espèces, notamment :

  • Alouatta carayá, aussi appelé hurleur noir ;
  • Alouatta seniculus, le hurleur roux ;
  • Alouatta guariba, le hurleur brun ;
  • Alouatta pigra, le hurleur guatémaltèque ;
  • Alouatta palliata, aussi appelé hurleur à manteau ou pèlerine ;
  • Alouatta macconnelli, le hurleur des Guyanes ;
  • Alouatta belzebul, le hurleur aux mains rousses ou ouarabi.

En tant que plus volumineux des singes d’Amérique, cet animal peut mesurer jusqu’à 90 cm de corps, avec une queue de longueur équivalente. Son poids varie, allant jusqu’à 8 kg chez le mâle, contre environ 4,5 kg pour la femelle.

Une « cinquième main » pour le hurleur noir

La silhouette trapue et robuste du hurleur noir est accentuée par une longue queue préhensile, qui joue le rôle d’une cinquième extension. Exempte de poils à l’intérieur, cette queue est spécialement adaptée pour se fixer aux branches. L’animal utilise aussi ses membres, munis d’un pouce opposé, pour se déplacer d’arbre en arbre. La différence de coloration du pelage selon le sexe est notable : le mâle affiche une robe noire, tandis que la femelle présente une teinte plus claire, tiraillant vers le coloris paille. Le jeune mâle conserve la teinte de sa mère jusqu’à l’âge de 3 ans, avant de brunir en atteignant la maturité sexuelle.

Le hurleur noir, un diplomate vocal

Les vocalisations puissantes du hurleur lui ont valu son nom. Considéré comme le primate le plus bruyant au monde, il peut produire un cri mesurant jusqu’à 5 km de distance. Sa voix grave et rauque est amplifiée par un os hyoïde hypertrophié, qui agit comme une caisse de résonance dans sa gorge. Son intensité peut atteindre 90 décibels. Chaque matin, ses hurlements territoriaux avertissent ses congénères de sa présence, afin de limiter les rencontres conflictuelles. Grâce à cette communication sonore, il conserve la paix au sein de son territoire, ce qui lui confère une réputation de plus grand diplomate parmi les singes.

Un habitant exclusivement d’Amérique latine

La répartition de l’espèce se limite aux régions de l’Amérique centrale et du sud. En Amérique centrale, on le trouve au Mexique, au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua, au Costa Rica et au Panama. En Amérique du Sud, sa présence s’étend à l’ouest de la Colombie, au Brésil, en Bolivie, Paraguay, Uruguay, dans le nord de l’Argentine, ainsi qu’au Pérou et en Équateur, côté Pacifique. Il évolue principalement dans des forêts tropicales humides ou de feuillus.

Une graine dispersée par le hurleur

Herbivore spécialisé dans la consommation de feuilles, ce primate se régale aussi de plus de 100 types de plantes, choisissant notamment de grandes feuilles, des fruits, des fleurs, tiges et bourgeons. Lorsqu’il en a l’occasion, il peut aussi manger des œufs, des jeunes oiseaux ou de petits reptiles. En plus de sa diète, il joue un rôle écologique essentiel en dispersant les graines qu’il ingère, contribuant ainsi au renouvellement et à la croissance de la forêt.

Le primate le moins actif d’Amérique

Le hurleur noir est un animal qui débute sa journée tôt et reste actif principalement en début de matinée et en fin d’après-midi. Son mode de vie paisible l’amène à passer environ 60 % de son temps à se reposer, souvent assis ou allongé sur une branche. Il ne descend parfois qu’en saison sèche pour s’hydrater. Environ 15 % de ses journées sont consacrées à se déplacer dans les arbres, tout autant à l’alimentation, et 10 % à participer à des activités sociales comme l’épouillage. Sa relative inertie expliquerait sa consommation majoritaire de feuilles matures riches en alcaloïdes, ce qui favorise la somnolence, ainsi que la faible dépense énergétique de ses aliments.

La hiérarchie dans le groupe

Ce primate vit en groupes sociaux structurés d’une dizaine d’individus, où la hiérarchie est essentielle. On y trouve généralement :

  • Un mâle dominant, responsable de la reproduction et ayant un rôle principalement sexuel ;
  • Une femelle dominante, qui exerce une autorité supérieure, décidant notamment de l’intégration ou de l’exclusion des membres.

La croissance prolongée du jeune

Après une gestation de 6 mois, la femelle donne naissance à un seul petit, qu’elle allaite pendant environ 6 mois. Lors des premières semaines, il reste très dépendant de sa mère, s’accrochant à son ventre avant de grimper sur son dos. Entre 2 et 3 mois, il apprend à se nourrir seul et à se déplacer. La période de soins parentaux dure entre 18 et 24 mois, puis la femelle se tourne vers une nouvelle reproduction, avec un cycle de naissances tous les 2 à 3 ans. À partir de 3 ou 4 ans, les mâles atteignent la maturité sexuelle, mais ceux qui n’ont pas la dominance sont chassés pour rejoindre d’autres groupes où ils pourront occuper un rôle de leader.

Plusieurs dangers menacent le hurleur noir

Les principaux prédateurs incluent grands félins comme le jaguar ou le puma, ainsi que certains oiseaux de proie tels que les harpies. La déforestation provoquée par l’expansion agricole, notamment pour le soja ou l’élevage bovin, met en danger ses habitats et ses ressources alimentaires. La captures éventuelle de jeunes par des braconniers, ou la chasse pour l’échange illégal de petits, constitue également une menace. La chasse de subsistance, autorisée dans certaines zones, ajoute à ces risques.

mesures de protection du hurleur noir

La situation du hurleur noir est classée comme préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cependant, d’autres espèces de sa famille sont en danger, telles que le hurleur aux mains rousses, considéré comme vulnérable, ou le hurleur à manteau, en danger critique d’extinction dans la péninsule du Yucatán. Tous les alouattinés figurent à l’Annexe I de la Convention de Washington (CITES), qui interdit leur commerce international. L’espérance de vie de cette espèce peut atteindre 16 ans à l’état sauvage, et jusqu’à 25 ans en captivité.