Guide pratique : ramasser les bois de cerf, où et quand le faire en toute légalité

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Vous est-il déjà arrivé de croiser, lors d’une visite dans un site historique, un ensemble de bois de cerf ornant fièrement un mur ? Même si l’idée de collectionner ces pièces exceptionnelles ne vous tente pas, vous pouvez simplement être intéressé par la collecte des débris de bois tombés naturellement dans la nature. Mais est-ce légal ? Et dans quelles régions, à quels moments, peut-on en repérer ?

Le cycle naturel des bois de cerf

Les bois, qui sont des structures osseuses, diffèrent des cornes par leur composition. Ils sont alimentés par un réseau de petits vaisseaux sanguins, ce qui leur confère une croissance continue durant l’année. En fin de cycle, ils se détachent du crâne, certains pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilos. Leur véritable fonction demeure encore mystérieuse : facilitent-ils la lutte, ou servent-ils plutôt à l’identification entre mâles ? On ne sait pas non plus si leur taille influence la capacité reproductive du cerf. Une chose est sûre, seuls les mâles portent ces structures, dont la croissance est directement liée au niveau de testostérone dans leur organisme. Ils débutent leur développement au printemps, à partir d’un point d’attache appelé pédicule, recouverts d’un tissu velouté – le velours – qui les protège jusque à leur durcissement. En été, la croissance s’accélère, permettant aux bois d’augmenter de 2,5 cm par jour. Lorsqu’ils sont complètement formés et durcis, vers l’été, le velours se dessèche puis tombe, processus que les cerfs accélèrent en se frottant contre des surfaces rugueuses. On entre alors dans la période de dégarnissage, appelée « frayure ».

Suit la période de rut, ou saison des amours, qui survient généralement de septembre à octobre, en fonction de la chaleur estivale. Pendant cette période, le son du brame résonne dans la forêt. Les mâles exhibent alors leurs bois dépourvus, avec une tache sombre visible sur leur abdomen et un pelage de l’encolure plus long. Cette étape est extrêmement énergivore : les cerfs se battent, se battent pour l’accouplement, et veillent sur leur groupe sans beaucoup s’alimenter, ce qui leur fait perdre jusqu’à 20 kg. Les jeunes mâles, plus robustes, ont plus de chances de remporter leur combat en fin de rut, lorsque les mâles plus âgés, épuisés, se relâchent dans leur vigilance.

Après la saison de reproduction, ils se concentrent sur leur alimentation et leur repos pour faire face à l’hiver. C’est à cette période que les bois tombent, sans douleur puisque la vascularisation de l’os a cessé – ce que l’on nomme la mue. Celle-ci intervient généralement entre février et la mi-avril, les plus jeunes perdant leurs bois en dernier. Au fil des années, les bois deviennent plus imposants en longueur et en masse, même si leur ramification reste limitée. Sans les bois, le cerf adulte se distingue par sa taille accrue, sa silhouette plus robuste et une encolure plus épaisse par rapport à celle des femelles.

Collectionner ou ramasser des bois de cerf : où et quand ?

En comprenant le cycle naturel, vous savez que la période propice à la collecte de bois de cerf se situe à la fin de l’hiver et au début du printemps, lors de la chute des mues. Mais dans quels lieux peut-on en dénicher ?

Le cerf est principalement associé aux habitats ouverts. Dans certaines régions, notamment en Écosse, il vit toute l’année dans des zones dépourvues de forêts. En montagne, il fréquente les alpages jusqu’à 3000 mètres d’altitude, surtout durant la saison des amours. En climat méditerranéen, l’absence d’eau limite considérablement la présence de cerfs sauvages. En France, les zones de basse altitude et de plaines forestières concentrent les populations les plus denses, augmentant ainsi les chances d’y repérer des mues.

Concernant la légalité, il est essentiel de connaître vos droits avant de ramasser une mue. Selon l’article 546 du Code civil, la propriété d’un terrain s’étend également à ce qui y pousse ou y tombe naturellement. En conséquence, la possession d’une mue appartient au propriétaire des lieux où vous l’avez trouvée. Il est donc recommandé de demander l’autorisation auprès des gestionnaires du terrain, comme la mairie ou l’organisme responsable des espaces publics ou privés, avant de récolter quoi que ce soit. La collecte sur les espaces publics, tels que certains domaines gérés par l’ONF ou des parcs zoologiques, peut nécessiter une autorisation préalable. Par exemple, le parc animalier de Sainte-Croix vend chaque année des bois de cerfs, de daim et de renne, dont les prix varient en fonction de leur état et de leur dimension, pour soutenir des actions de biodiversité.

La plus vaste collection française de bois de cerfs

La collection la plus remarquable en France se trouve au château de la Celle-les-Bordes, dans la forêt de Rambouillet. Elle provient principalement de la chasse plutôt que de la simple récolte de mues. Construit initialement par un proche de Henri IV, le château a été acheté en 1870 par le duc d’Uzès, qui y fit établir son camp de chasse à courre, avec une meute comptant jusqu’à 60 chiens. Ce lieu expose une impressionnante collection de 2 400 bois de cerfs, accrochés aux murs, entassés dans les escaliers et déployés sur la façade extérieure, avec pour chacun la date, le lieu et les circonstances de leur prise.