Écureuil de Pallas ou écureuil à ventre rouge : un rongeur invasive en France

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Crédit photo : Donald Hobern

Originaire des régions du sud-est asiatique, l’écureuil de Pallas, également connu sous le nom d’écureuil à ventre rouge, a été introduit en France sans autorisation dans les années 1960. Dans chaque territoire où il a été relâché, il engendre des nuisances similaires : il cherche à consommer les fruits cultivés dans les vergers, écorce les arbres, et cause des dommages aux câbles téléphoniques ainsi qu’aux structures en bois des habitations. Ce mammifère peut aussi déplacer l’écureuil roux européen, ecological leur habitat naturel. Voici une description d’un animal à la fois adorable et problématique.

Origine géographique de l’écureuil de Pallas

Ce rongeur, scientifiquement nommé Callosciurus erythraeus, est aussi appelé écureuil à ventre rouge ou écureuil de Formose. Il appartient à la catégorie des sciurids, un groupe de rongeurs, avec une nomenclature qui rend hommage à Peter Simon Pallas, zoologiste et botaniste allemand du XVIIIe siècle. Il vit principalement en Asie du Sud-Est, notamment dans le sud et l’est de la Chine, à Taiwan, au Vietnam, au Laos, dans l’est du Cambodge, dans le sud et l’ouest de la Birmanie, au sud de la Thaïlande, ainsi qu’au Bangladesh et dans le nord-est de l’Inde. Son habitat d’origine varie : il évolue dans des forêts tropicales humides peuplant des bambous, feuillus ou conifères jusqu’à 3000 mètres d’altitude, ainsi que dans des vergers à Taiwan. En Inde, il fréquente des forêts tempérées ou humides entre 500 et 2000 mètres, et dans les conifères subalpins ou mixtes, il peut dépasser 3000 mètres en Chine.

Mécanismes de son introduction en France

Présent dans plusieurs pays, l’écureuil à ventre rouge a été importé dans le monde entier : dès 1935 au Japon, puis en Argentine en 1973, aux Pays-Bas en 1998, et en Belgique en 2005. En France, on localise deux foyers principaux d’implantation :

  • Dans les Alpes-Maritimes, où une première population a été issue de spécimens ramenés de Taiwan par un particulier et relâchés sur la côte d’Azur à la fin des années 1960 ;
  • Dans les Bouches-du-Rhône, où une deuxième colonie aurait été créée par des individus achetés sur internet, puis relâchés ou échappés de captivité au début des années 2000, principalement à Istres.

Comment distinguer l’écureuil à ventre rouge ?

Ce mammifère arbore un pelage brunâtre avec des nuances gris-vert sur le dos, la tête, les flancs et les membres, tandis que son ventre affiche une teinte roux-acajou. Sa queue, parsemée de rayures, présente des poils chromatiques : une moitié de couleur fauve, l’autre blanche, avec des extrémités noires. Les populations dans les Bouches-du-Rhône diffèrent de celles présentes dans le département des Alpes-Maritimes puisqu’elles ont un pelage gris-vert sur le dessus et un ventre jaune pâle. La taille de l’écureuil varie entre 16 et 28 cm de long, avec une queue de 11 à 26 cm, pour un poids allant de 310 à 460 grammes. Au niveau de l’aspect, mâles et femelles se ressemblent. La principale différence avec l’écureuil roux européen (Sciurus vulgaris) réside dans la couleur de leur ventre : ce dernier est blanc chez notre écureuil indigène.

Mode de vie de l’écureuil de Pallas

Ce rongeur vit principalement dans la partie haute des arbres, où il construit ses nids à des altitudes comprises entre 7 et 18 mètres. Il peut aussi occuper des cavités naturelles ou, plus rarement, creuser des terriers. Le nid est constitué d’un tressage de brindilles, d’environ 50 cm de diamètre, placé à proximité d’un tronc ou d’une fourche de branche. Après une période de gestation d’environ 47 à 49 jours, la femelle donne naissance à en moyenne deux petits. Ces jeunes quittent le nid entre 40 et 50 jours, et atteignent la maturité sexuelle vers un an. Bien que leur nombre soit faible, leur taux de survie est élevé : jusqu’à 80 % des petits peuvent vivre leur première année, notamment au Japon.

Alimentation de l’écureuil de Pallas

Ce mammifère est majoritairement herbivore, avec une préférence pour les fruits et les graines, qui varient selon la saison. Son régime comprend notamment des pommes de pin, des glands, des amandes, des olives ou des agrumes, ainsi que des bourgeons, jeunes feuilles et écorces d’arbres. La consommation d’éléments d’origine animale est peu importante, représentant environ 5 à 7 % de son alimentation. Elle se compose principalement d’insectes, tels que des chenilles, mais il peut aussi être opportuniste en mangeant des œufs ou des oisillons égarés, tout en stockant de la nourriture pour l’hiver.

Types de dégâts causés par l’écureuil de Pallas

En France, cette espèce a des impacts semblables à ceux observés dans ses territoires d’introduction :

  • Il endommage les cultures en volant et en consommant les fruits, impactant les vergers et jardins ;
  • Il ronge l’écorce et cause ainsi un affaiblissement ou la mort des arbres, qu’ils soient forestiers, fruitiers ou décoratifs ;
  • Il détruit les câbles, tuyaux d’arrosage et autres structures en bois ;
  • Il peut introduire des parasites, notamment un pou (Enderleinellus kumadai), une puce (Nosopsyllus fasciatus) et un cestode (Hymenolepis).

Impact et dangers potentiels

Selon l’expérience du Royaume-Uni, le Pallas représente deux grandes menaces si ses populations ne sont pas contrôlées :

  • Il concurrence l’écureuil roux natif, utilisant les mêmes habitats et consommant notamment plus de fruits, ce qui peut précariser l’espèce indigène ;
  • Il pourrait aussi nuire aux populations d’oiseaux, en dévorant œufs et jeunes oisillons, surtout lorsque ses densités deviennent très fortes.

Situation de l’espèce selon l’UICN

Classée comme espèce « en léger déclin » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), l’écureuil de Pallas n’est pas en danger immédiat de disparition. Sur son territoire d’origine, ses populations sont gérées notamment en Taiwan, dans ses plantations de conifères où ils causent parfois des dommages importants. Dans les régions où il a été introduit, les efforts incluent des prélèvements réguliers, comme au Japon dans la ville de Kamakura, où plusieurs centaines d’individus sont éliminés chaque année et la pratique du nourrissage est interdite. En Argentine aussi, des contrôles sont effectués annuellement. L’Union européenne considère ce rongeur comme une espèce introduite envahissante, incitant ses États membres à adopter des mesures pour limiter sa prolifération. Depuis le règlement européen du 13 juillet 2016, il est interdit de posséder, commercialiser ou reproduire cette espèce, ainsi que de la relâcher dans la nature.

Actions menées en France

Pour faire face aux dégâts et à la menace qu’il représente, le ministère de l’Écologie a lancé un plan national de lutte, déployé dans les Alpes-Maritimes en 2012 et dans les Bouches-du-Rhône à partir de 2016. Deux techniques principales sont employées pour limiter sa propagation :

  • Le piégeage, utilisant des dispositifs dits “non vulnérants” pour capturer sans tuer, avec possibilité de relâcher les individus non ciblés. Les pièges sont attractifs avec des fruits (pomme, orange, banane) et vérifiés plusieurs fois par jour ;
  • Le tir au fusil, considéré comme plus efficace, notamment lorsque les conditions de sécurité sont réunies, et réalisé par des intervenants habilités.

Par ailleurs, des campagnes d’information sont menées pour sensibiliser le public et les acteurs locaux à l’importance de contrôler cette espèce, en dissuadant notamment la pratique de nourrir ces écureuils dans l’espace public ou privé.