Le dauphin rosy est aussi appelé « boto » et évolue exclusivement en eaux douces. Ce cétacé peut atteindre une taille oscillant entre 2 et 2,8 mètres. Sa particularité réside dans la teinte rosée de la partie inférieure de son corps, une caractéristique qui le distingue nettement des dauphins marins plus courants pour le grand public. Mais que sait-on réellement de cette créature ? Préparez vos valises, et partez en immersion en Amérique du Sud pour découvrir son univers unique.
Son apparence
Le boto détient le record de taille parmi les dauphins d’eau douce. Contrairement à sa dénomination de « dauphin rose », ses jeunes présentent d’abord une couleur gris foncé. C’est au fil de leur croissance que des nuances rosées apparaissent, devenant plus visibles lorsqu’ils nagent. Progressivement, leur robe s’éclaircit.
Son nom scientifique, Inia geoffrensis, est une référence à l’espèce, où la première partie désigne le genre (avec une majuscule) et la seconde le nom spécifique (en minuscules). Unique membre du genre Inia, cette espèce a été nommée en hommage à Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, naturaliste français. La classification moderne de ces mammifères a été élaborée par Henri Marie Ducrotay de Blainville, également zoologiste, qui a divisé la classe en trois sous-classes : Monotrèmes, Marsupiaux et Placentaires.
Similitudes avec les dauphins marins
Le boto partage son appartenance à un groupe de dauphins d’eau douce, aux côtés du dauphin du Gange, de l’Indus ou encore du Mékong. En tant que cétacés, ils ont en commun une origine ancestrale, ce qui explique leurs points communs en termes de caractéristiques physiques et comportementales. Tous possèdent un corps fuselé, doté de nageoires pectorales, une nageoire dorsale, ainsi qu’une nageoire caudale large et plate, souvent appelée fluke. Ces adaptations leur confèrent une mobilité efficace dans leurs habitats respectifs.
Ils utilisent aussi la écholocation pour détecter leur nourriture, se déplacer et communiquer. En émettant des clics à haute fréquence, ces sons rebondissent sur les objets environnants, permettant aux dauphins d’aiguiser leur perception de l’environnement. Un outil essentiel, autant pour la chasse que pour l’orientation.
En quoi diffère-t-il de ses cousins marins ?
Les habitats du dauphin rosé se limitent essentiellement au bassin amazonien et à celui de l’Orénoque. Il évolue dans des fleuves, des lacs et des canaux inondés, lui conférant des particularités d’adaptation à ce milieu. Sa colonne vertébrale, par exemple, est plus souple que celle des dauphins marins, ce qui lui permet d’exercer des mouvements précis dans un environnement encombré. L’absence de vertèbres soudées facilite ses virages serrés et ses mouvements de tête dans toutes les directions, indispensables pour attraper des proies souvent nichées derrière des racines ou dans la boue. Son long rostre constitue un autre atout, lui permettant de fouiller dans des fonds meubles à la recherche de nourriture.
Il se nourrit principalement de petits poissons, venant généralement de la catégorie des poissons-chats ou des piranhas, qu’il chasse au fond de l’eau. Des crustacés et des tortues complètent son régime alimentaire. Sa vitesse, quant à elle, est inférieure à celle de ses homologues marins, du fait de son adaptation à un milieu où la rapidité ne prime pas.
Sa nageoire dorsale, souvent atrophiée, est peu visible ou presque absente, ce qui a entraîné une adaptation avec un élargissement des nageoires pectorales et de la queue pour compenser. Malgré ses petits yeux, il possède une vision correcte, mais comme ses joues sont volumineuses, il doit toujours orienter sa tête vers le bas pour voir efficacement en nageant.
Il est généralement solitaire ou évolue en petits groupes, à l’inverse de certains dauphins marins qui forment de grands rassemblements. Curieux de nature, il aime explorer, notamment en s’approchant souvent des embarcations humaines.
En ce qui concerne sa longévité, le dauphin rose vit approximativement 30 ans, une durée nettement inférieure à celle de ses homologues en mer, pouvant dépasser 70 ans chez le dauphin commun. La maturité sexuelle se manifeste vers l’âge de 6 à 10 ans, lorsque l’individu atteint une taille comprise entre 1,6 et 1,8 mètres. Sa reproduction étant espacée d’environ deux à trois ans et ses nombreux dangers, sa population tend à décliner.
Une légende locale
En Amazonie, une légende populaire évoque un boto capable de se métamorphoser en homme pour séduire les femmes. Sa teinte rose unique aurait alimenté cette mythologie en lui prêtant des propriétés surnaturelles. Selon différentes versions de cette légende, le dauphin pourrait enlever son aileron dorsal, ou sa nageoire se transformer en chapeau, pour prendre l’apparence d’un homme séduisant, souvent habillé en blanc. Lors des fêtes villageoises, il apparaît pour danser et charmer les jeunes femmes, qui seraient alors incapable de lui résister. Après ses passages, le boto retourne dans la rivière, laissant souvent derrière lui une femme enceinte. Ces récits servaient autrefois à expliquer l’origine d’enfants sans père connu ou à avertir des dangers d’éloignement avec des étrangers. La croyance veut aussi que le dauphin rose garde un rôle de protecteur des secrets de la forêt amazonienne, agissant comme un pont entre le monde humain et celui du fleuve.
Une espèce menacée
De nombreuses menaces pèsent sur le boto. La construction de barrages modifie la répartition de ses proies et perturbe son habitat. La pollution au mercure, issue notamment de la déforestation et des incendies, émane des activités humaines, contaminant la chaîne alimentaire du dauphin. Le braconnage constitue également un danger, puisqu’il est parfois chassé pour sa chair, utilisée notamment pour attirer le piracatinga, un poisson-chat très consommé.
Malgré quelques connaissances sur son comportement, des zones d’ombre persistent sur ses interactions sociales, ses méthodes de communication ou ses comportements territoriaux. La difficulté d’évaluer précisément sa population, en raison des eaux troubles et de sa faible visibilité, complique la surveillance de son état de conservation. La union internationale pour la conservation de la nature ne dispose pas de données suffisantes pour déterminer le statut exact de cette espèce, qui demeure donc vulnérable face aux menaces qui l’entourent.