Comprendre la mauvaise réputation du chacal

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Traiter quelqu’un de “chacal” ne véhicule pas une image positive. Selon la définition du dictionnaire, cette expression compare une personne à un animal considéré comme malhonnête et rusé. Ce terme tire son origine d’une réputation négative qui lui a été attribuée à cause de son comportement présumé. Mais quelles sont les raisons derrière cette mauvaise presse entourant le chacal ? Que lui aurait-il fait pour mériter cette réputation ? Découvrez les explications dans cet article.

Une perception négative dans diverses cultures

Dans de nombreuses sociétés, le chacal est souvent associé à la tromperie, à la ruse et à la duplicité. Il est souvent présenté comme un exemple d’opportunisme, une caractéristique qu’il manifeste réellement en tant qu’animal. Comparé à un être humain, percevoir l’opportunisme comme une qualité est généralement négatif, car cela implique un manque de morale pour exploiter une situation à son avantage. Cependant, en contexte animal, cette qualité traduit une grande capacité d’adaptation. Le chacal est capable de vivre dans divers habitats, survivre dans des environnements difficiles et ajuster son alimentation en fonction des ressources disponibles. Cette faculté lui permet également de se voir reprocher de se nourrir de carcasses laissées par d’autres prédateurs, passant après eux dans la hiérarchie de la nourriture.

Dans l’Égypte ancienne, on croyait que les chacals fréquentaient les cimetières pour se nourrir des morts, ce qui a conduit à associer l’animal à Anubis, le dieu à tête de chacal chargé d’accompagner les âmes dans l’au-delà. En Afrique, de nombreux contes et légendes dépeignent le chacal comme un étant rusé et manipulateur, utilisant la tromperie pour atteindre ses objectifs, souvent au détriment d’autrui. Dans le recueil indien Panchatantra, le chacal apparaît comme un personnage de nature rusée et trompeuse. D’ailleurs, certains linguistes pensent que le mot “chacal” trouve ses racines dans le sanskrit sṛgālá, signifiant “le hurleur”, en passant par le persan šaḡāl et le turc çakal. Par ailleurs, cette figure animale apparaît dans Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, où il est dépeint comme un être mystérieux et incompris.

Les remarquables capacités d’adaptation du chacal

Même si nous avons évoqué ses aptitudes d’adaptation, approfondissons cette caractéristique essentielle. Les chacals peuvent évoluer dans des terrains très variés, comme les déserts, les savanes ou les zones humides. En tant qu’omnivores, ils ne se limitent pas à se nourrir de charognes. Leur régime alimentaire s’étend aux fruits, reptiles, insectes et petits mammifères, en fonction de ce qui est accessible dans leur environnement.

Pour se nourrir, les chacals ont parfois tendance à s’approcher des zones peuplées par l’homme, recherchant des sources de nourriture alternatives. Ils sont connus pour fouiller les poubelles ou les jardins, et peuvent s’en prendre à des animaux domestiques. Ils n’hésitent pas non plus à attaquer de petits animaux d’élevage, comme des poules, des canards, ou même des moutons et chèvres. En conséquence, les agriculteurs et les éleveurs considèrent souvent ces animaux comme des nuisibles. Dans certains pays, des campagnes sont organisées dans le but de réduire leur population, parfois par des méthodes brutales et peu éthiques selon nos standards.

Un vecteur de maladies

Comme certains autres animaux sauvages, les chacals peuvent transmettre des maladies, ce qui alimente leur réputation négative. La transmission de maladies à l’homme ou aux animaux domestiques constitue une menace importante. La rage, par exemple, est une maladie virale que ces animaux peuvent porter, de même que les renards. En Afrique et en Asie, la rage cause chaque année des dizaines de milliers de décès. Si le chien reste le principal vecteur, d’autres espèces sauvages comme le chacal peuvent également la transmettre. En Europe, ce sont surtout certaines chauves-souris qui ont été identifiées comme porteuses de cette maladie. La morsure ou même une égratignure peut suffire à contaminer un mammifère ou un humain. Outre la rage, les chacals peuvent être porteurs de tiques transmettant diverses maladies, telles que la fièvre boutonneuse ou la maladie de Lyme. Ils peuvent aussi véhiculer la leptospirose ou l’échinococcose. La présence ou la préoccupations vis-à-vis de ces risques sanitaires renforcent la perception négative que l’on a de cet animal, surtout dans les zones où cohabitent humains et chacals.

Mais qui est vraiment le chacal ?

Malgré cette réputation peu flatteuse, l’aspect physique du chacal n’est pas désagréable. Il évoque un mélange entre un renard et un loup, avec un pelage souvent clair et une silhouette élancée. Appartenant à la famille des canidés, ses griffes ne se rétractent pas. Son origine remonte à environ quarante millions d’années, lorsqu’il évoluait en Amérique du Nord. Aujourd’hui, plusieurs espèces de chacals existent, parmi lesquelles le chacal doré, le chacal à chabraque et le chacal à flancs rayés. Les plus grands, comme le chacal à chabraque, mesurent environ un mètre de long, avec une hauteur au garrot de 40 cm et un poids de quelque 11 kg.

Historiquement, ces animaux sont présents en Afrique, en Asie et dans le sud-est de l’Europe. Mais ces dernières années, leur territoire s’étend vers le centre de l’Europe. En particulier, le chacal doré, connu pour sa croissance rapide, a commencé à apparaître en Europe de l’Est et son installation semble progresser dans le centre du continent, avec une première observation en 2020 dans les Deux-Sèvres, en France. Cependant, il n’est pas encore certain qu’il s’agisse d’une population reproductrice capable de s’établir durablement. Certains individus pourraient être simplement en transit ou vivre en petits groupes isolés.

Malgré sa mauvaise réputation, le chacal occupe une fonction essentielle dans son écosystème. En tant que prédateur, il aide à contrôler les populations de rongeurs et d’autres petits animaux parfois considérés comme nuisibles par l’homme. En tant que charognard, il contribue au nettoyage des débris organiques et au recyclage des nutriments.

La présence et la santé de ces populations sont également surveillées par les scientifiques comme des indicateurs de l’état général de leurs habitats. Leur sensibilité aux modifications de leur environnement, telles que les changements climatiques, la fragmentation des habitats ou les perturbations anthropiques, en fait des sentinelles précieuses pour la biodiversité. Leur capacité d’adaptation demeure remarquable, mais il reste à voir si l’homme en Europe est disposé à cohabiter avec ces animaux souvent mal perçus.