Fréquemment rencontré dans nos espaces verts, le rongeur connu sous le nom de campagnol terrestre se distingue par l’ampleur des dégâts qu’il peut provoquer. Que ce soit sur la pelouse, dans un jardin potager ou un verger, peu de cultures échappent à ses incursions, car ce petit herbivore s’attaque à toutes sortes de végétaux. Il est également responsable de l’érosion des berges des cours d’eau. Seulement présent dans certaines régions, ce nuisible devient un véritable fléau en cas de forte prolifération. Examinons en détail l’identité de ce campagnol, parfois appelé rat taupier, ainsi que les meilleures stratégies pour s’en débarrasser efficacement.
caractéristiques principales du campagnol terrestre
Le campagnol terrestre, aussi désigné sous le nom scientifique d’Arvicola amphibius ou Arvicola terrestris, appartient à la catégorie des mammifères rongeurs de la famille des Cricetidae. À ne pas confondre avec le campagnol amphibie, dont le nom scientifique est Arvicola sapidus. La différence de nomenclature explique pourquoi la référence la plus correcte aujourd’hui reste Arvicola terrestris, selon la classification du Système d’information taxonomique intégré (ITIS).
En France, sa présence est majoritaire dans les régions montagneuses comme les Alpes, le Massif Central ou le Jura, où il peut évoluer à des altitudes atteignant 2 000 mètres. Son corps est compact, avec une queue assez longue (de 6 à 11 cm), des oreilles fines, de petits yeux noirs ronds et un museau arrondi. Ses pattes antérieures comptent quatre doigts, tandis que les postérieures en ont cinq. La toison du campagnol varie du brun clair au brun roux sur le dos, avec un ventre gris beige.
Pesant jusqu’à 300 grammes et pouvant mesurer 25 cm sans la queue — ou jusqu’à 35 cm avec — ce rongeur est l’un des plus grands de sa famille, ce qui lui vaut parfois d’être appelé le grand campagnol. On le désigne aussi par des noms tels que rat d’eau ou campagnol nageur, soulignant son aptitude à évoluer dans les milieux aquatiques.
Sa courte durée de vie, souvent inférieure à huit mois, ne limite pas sa capacité à se reproduire rapidement. Dès l’âge de deux mois, il devient sexuellement mature et peut alors former des couples. En quelques mois, une femelle peut donner naissance à une trentaine de jeunes, répartis en plusieurs portées jusqu’à six. La gestation ne dure que 21 jours, et les petits deviennent autonomes vers un mois. La prédation constitue une menace importante pour eux, limitant parfois leur survie.
Ce rongeur privilégie les habitats riches en végétation tels que vergers, prairies ou jardins potagers, où il trouve sa nourriture essentiellement composée de fruits. Il creuse des galeries chaotiques pouvant atteindre une soixantaine de mètres, à différentes profondeurs jusqu’à 1 mètre, et peut même s’installer dans les terriers de taupes. Son réseau souterrain sert de refuge pour ses nids et ses activités nocturnes, particulièrement lors des nuits pluvieuses.
détecter la présence du campagnol terrestre dans un jardin
La présence de galeries peut se deviner à travers des monticules de terre finement dispersés sur le sol, ressemblant à des taupinières mais en plus répartis. La bouche à nourriture de ces rongeurs peut causer des dégâts visibles, notamment en rongeant les racines de légumes, de tubercules ou de bulbes. Leur activité risque également d’entailler gravement les racines d’arbres, provoquant leur dépérissement progressif. Lorsqu’un verger est en mauvais état sans explication apparente, il est souvent trop tard pour agir. Les berges des cours d’eau ne sont pas épargnées, car l’érosion causée par leurs tunnels fragilise la stabilité des sols.
causes de la proliferation du campagnol terrestre
La croissance rapide des populations de campagnols terrestres est en partie liée aux nouvelles pratiques agricoles en France, qui ont réduit l’efficacité des prédateurs naturels. La disparition du renard roux, principal prédateur, est un facteur déterminant de cette surpopulation. Les autres prédateurs tels que certains rapaces, la martre, ou le lynx, ont également vu leur effectif diminuer en raison des mesures de contrôle ou des nuisances humaines. Dans certains territoires, la densité peut atteindre 800 à 1 200 individus par hectare, ce qui est une véritable explosion démographique.
maladies liées au campagnol terrestre
La montée en nombre de ces rongeurs soulève aussi des préoccupations sanitaires, car ils sont vecteurs de plusieurs maladies graves. En effet, ils peuvent transmettre à la fois aux autres animaux et aux humains des affections comme la rage, la tularémie, la listériose, la peste ou encore l’échinococcose alvéolaire. Leur rôle dans la diffusion de ces affections renforce l’importance de maîtriser leur population pour protéger la santé publique.
stratégies pour éliminer le campagnol terrestre
La première étape pour limiter leur prolifération consiste à couper l’herbe haute dans les zones concernées afin de favoriser l’action des prédateurs naturels. Il est aussi conseillé de retirer les restes de fruits, légumes ou graines en fin de saison, pour ne pas leur fournir de nourriture facile. La mise en place de protections comme des grillages enterrés autour des racines d’arbres ou de plantations est essentielle pour éviter qu’ils ne rongent ces éléments sensibles.
Il est aussi bénéfique de favoriser la présence d’animaux prédateurs, en installant par exemple des abris pour les mustélidés (belettes, hermines) ou en permettant à des chats de chasser librement. Leur chasse contribue efficacement à réduire le nombre de campagnols. La création de zones refuges naturelles reste une autre méthode, notamment en utilisant des répulsifs naturels tels que la cendre en périphérie ou en déposant des substances comme le purin de sureau, l’ail, ou des copeaux de thuya dans leurs galeries.
Cependant, un problème majeur persiste dans certaines régions où certains prédateurs, comme les renards, sont considérés comme nuisibles et soumis à des arrêtés préfectoraux d’extermination. Étant donné que ces prédateurs peuvent détruire de grandes quantités de campagnols – parfois jusqu’à 10 000 par an pour un seul renard – leur élimination programmée complique sérieusement la gestion de cette nuisance. Enfin, il est généralement déconseillé d’utiliser des pièges à guillotine, car ils risquent de capturer des espèces protégées ou utiles comme les belettes, ce qui va à l’encontre des efforts de contrôle.