Chacal : le carnivore mystérieux entre chien et loup

Accueil » Les animaux sauvages » Mammifères » Chacal : le carnivore mystérieux entre chien et loup

Originaire d’Amérique, ce proche cousin du loup arborant une silhouette similaire est un carnivore sauvage qui a vécu sur notre planète depuis plusieurs millions d’années. Récemment, cet animal a fait une apparition naturelle sur le territoire français, suscitant l’intérêt et la curiosité.

La présence mondiale du chacal

Appartenant à la famille des canidés – un groupe de mammifères carnivores aux griffes non rétractiles – le chacal possède une longue histoire évolutive. Il y a environ quarante millions d’années, ces créatures occupaient déjà l’Amérique du Nord. Leur migration a commencé d’Alaska vers la Sibérie lors d’une période où le détroit de Béring n’était pas immergé. Après avoir colonisé l’Europe et une grande partie du continent africain, ils se sont répandus jusqu’au Moyen-Orient et au sud de l’Afrique. Aujourd’hui, on en trouve presque partout dans le monde, sauf en Antarctique. La diversité de cette famille inclut des espèces comme le loup, le renard, le chien, le dingo ou encore le coyote. Leur manière de communiquer, avec des jappements perçants, leur a valu le surnom de “hurleur” ou sikal en persan, mot dont dérive celui de chacal.

Les différentes espèces de chacal

Il existe principalement trois types de chacals, différenciés par leur zone géographique et leurs caractéristiques physiques.

  • Chacal doré ou commun (canis aureus) : couvrant une vaste zone du nord de l’Afrique en passant par l’Asie du Sud, il est aussi répandu en Europe du Sud. Vieillissant environ 9 kg pour 40 cm au garrot, il se distingue par ses grandes oreilles et son pelage roussâtre, parsemé parfois de taches noires sur les côtés ;
  • Chacal à flancs rayés (canis adatus) : habitant en Afrique australe, ce chacal fréquente des zones désertiques ou semi-désertiques, ainsi que des terrains montagneux. De taille comparable au chacal doré, sa robe gris-beige est accentuée par une bande claire sur les flancs, soulignée d’une ligne noire. Avec son museau pointu et ses jambes longues, il ressemble à un petit loup ;
  • Chacal à chabraque (canis mesomelas) : c’est la variété la plus répandue. Elle comporte deux populations : l’une en Afrique de l’Est jusqu’à l’équateur, l’autre au sud, en Namibie et Botswana. Mesurant jusqu’à 40 cm au garrot et pesant jusqu’à 14 kg, il est le plus imposant du groupe. Son nom vient de la tache noire qui couvre son dos beige, évoquant une chabraque. Sa tendance à attaquer le bétail en fait une nuisible pour les éleveurs sud-africains.

Le chacal : un chasseur et un opportuniste

Ce canidé pratique une alimentation variée, consomment aussi bien des végétaux que de la viande. Son comportement de prédateur est majoritaire, privilégiant les proies faibles ou malades. La chasse représente la majorité de son alimentation, avec des mammifères tels que hérissons, mangoustes, rats, lièvres, jeunes gnous, impalas ainsi que des animaux plus modestes comme les dik-diks ou les gazelles de Thomson. Il est capable de surprendre et de dérober la nourriture de lions inattentifs. En dehors de la chasse, il se nourrit aussi d’insectes, de larves, de termites, de fourmis ailées, d’arachnides, de scorpions, ainsi que de crustacés, de grenouilles et de lézards. Il n’hésite pas à fouiller les nids pour dévorer œufs et couvées, et complète son régime avec fruits, noix, baies, herbes ou champignons.

Techniques de chasse du chacal

Les méthodes de chasse diffèrent selon l’espèce.

  • Le chacal doré : tout comme le chacal à chabraque, il chasse en meute dirigée par un mâle dominant. La technique principale consiste à poursuivre sa proie jusqu’à épuisement, puis à la mordre pour la faire tomber. Il s’attaque rapidement à la victime pour l’éviscérer ;
  • Le chacal à flancs rayés : il ne cherche généralement pas à se confronter à des animaux plus gros que des lièvres. Son alimentation repose principalement sur des charognes, des insectes, ainsi que sur de petits mammifères et végétaux. Il pratique aussi le mulotage, consistant à sauter verticalement pour surprendre ses proies, souvent des rongeurs ;
  • Le chacal à chabraque : il peut couvrir de longues distances à la recherche de nourriture. Il n’hésite pas à attaquer des animaux plus grands, comme des antilopes ou des gnous, en les plaquant au sol pour les égorger. Il est aussi capable de tuer un animal blessé ou malade, voire un rhinocéros affaibli, et peut même venir à bout d’un serpent vivant en lui assénant un coup précis.

La société du chacal

Ce mammifère vit souvent en couple monogame ou en petits groupes hiérarchisés de 5 à 20 individus. Leur communication repose sur des gestes, des marques olfactives et divers sons. Le chacal à chabraque et le doré disposent d’un vocabulaire riche, allant de couinements à de puissants hurlements ou aboiements. La vie à deux, ou en groupe, est caractérisée par un engagement fidèle : mâle et femelle restent ensemble sur un territoire commun jusqu’à la fin de leur vie. Après la saison reproductive, le couple peut se séparer brièvement, pour se retrouver ensuite pour la saison suivante.

La reproduction et l’éducation des jeunes

Après une gestation d’environ deux mois, la femelle donne naissance à une portée de 2 à 6 petits. Les jeunes naissent aveugles, nourris au lait pendant plusieurs semaines, puis rapidement alimentés par leurs parents à base de viande régurgitée. L’entraînement et la protection sont assurés activement par les deux adultes jusqu’à ce que les petits atteignent environ 10 mois. Il n’est pas rare que les juvéniles restent dans la famille pour une année supplémentaire, participant ainsi à l’éducation des nouveaux nés, car la cohésion familiale constitue le cœur de la société du chacal.

Un nouveau venu en France

Considérée comme peu menacée, cette espèce figure dans la catégorie « préoccupation mineure » selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Selon le pays, sa protection légale varie : en Allemagne, en Suisse et en Italie, il est sous haute protection, alors qu’en Estonie, en Serbie ou en Bulgarie, il est autorisé à la chasse ou sous régulation. En France, il n’est pas chassé. La première observation officielle du chacal commun dans l’Hexagone remonte à 2017, dans le département de la Haute-Savoie. La longévité de cette espèce peut atteindre entre 7 et 12 ans, voire jusqu’à 16 ans en captivité.