En 2021, l’Office français de la biodiversité (Tendances et animaux) a confirmé la présence du chacal doré dans le département des Bouches-du-Rhône. Étant un animal très adaptable, cette espèce a commencé à s’étendre vers l’ouest et le nord de l’Europe depuis les années 1960. Mais que sait-on réellement de cet animal ? Quels effets cette expansion pourrait-elle avoir sur la faune locale et les écosystèmes ? Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut connaître sur cette créature fascinante.
Présentation du chacal doré
Le nom scientifique du chacal doré est Canis aureus. Canidé avoisinant le loup (Canis lupus) et le renard (Vulpes vulpes), il possède un régime alimentaire très diversifié. Son poids peut varier entre 7 et 17 kilogrammes, et sa taille au garrot oscille généralement entre 45 et 50 centimètres à l’âge adulte.
Ce petit carnivore possède une taille qui se situe entre celle du renard et celle du loup. La hauteur à l’épaule d’un loup adulte se situe entre 65 et 80 cm, tandis que celle du renard ne dépasse pas 40 cm. Le chacal doré, quant à lui, peut se faire manger par le loup. En termes de masse, il pèse entre 7 et 15 kg, avec une longueur pouvant atteindre un mètre, queue comprise. Le renard, lui, peut ne peser que 4 kg ou atteindre 14 kg, avec une longueur allant de 90 cm à un peu plus d’un mètre.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cet animal, il ressemble beaucoup à un renard roux. Son pelage, qui lui a valu son nom commun, varie du jaune doré au brun roux. Ce qui le différencie surtout du renard roux, c’est l’aspect de sa queue, qui est touffue et se termine souvent par une pointe blanche. Voilà une distinction facile à faire entre ces deux espèces.
Habitat et localisation du chacal doré
Conçu pour survivre dans des zones arides, le chacal doré est capable de parcourir plusieurs jours sans boire ni consommer beaucoup de nourriture. Cette capacité d’adaptation lui permet de s’installer dans des environnements très variés, allant des savanes aux forêts, en passant par des régions sèches ou des zones proches des villes. En milieu sauvage, il peut vivre jusqu’à 8 ans, tandis qu’en captivité, sa longévité peut approcher les 16 ans.
Originaire d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est, il est aujourd’hui répandu en Asie du Sud, dans le Nord de l’Afrique et au Moyen-Orient. En Europe, sa présence remonte à environ deux millénaires, même si elle reste limitée à des zones localisées.
Lorsque résidant près des humains, le chacal doré devient principalement nocturne. Dans des habitats plus éloignés de l’activité humaine, il peut aussi être actif durant une partie de la journée.
Son alimentation
Le régime alimentaire du chacal doré peut entrer en compétition avec celui du renard, puisqu’ils partagent un certain nombre de ressources. Tous deux sont omnivores, mais le renard privilégie principalement les petits mammifères, les oiseaux et les fruits. Le chacal doré, quant à lui, montre une plus grande flexibilité et se nourrit d’une variété d’éléments, allant des petits animaux aux fruits, en passant par les restes et les carcasses d’animaux domestiques ou sauvages.
Ce carnivore chasse surtout en groupe, en utilisant une technique de poursuite pour épuiser ses proies, puis en mordant leurs tendons pour les immobiliser. Après la capture, il se sert du ventre de la victime pour l’éviscérer et conserve parfois des morceaux dans des cachettes pour se constituer un garde-manger.
Notamment, il ne compétitionne pas directement avec le loup lors de la chasse, car ses proies sont généralement de taille inférieure, adaptée à sa stature plus modeste.
Reproduction et organisation sociale
Le chacal doré a une organisation monogame. Bien que peu étudiée, l’observation en zones comme le Serengeti a permis d’en apprendre un peu sur leur reproduction. La gestation dure une quarantaine de jours, environ, et la femelle peut donner naissance à jusqu’à neuf petits. Ces petits naissent dans un terrier, qu’ils ne creusent pas eux-mêmes mais qu’ils occupent après que d’autres animaux en ont abandonné ou dans une termitière. Ils ouvrent les yeux vers 10 jours et sont sevrés à l’âge de 4 mois.
Le couple et ses petits forment l’unité sociale principale. Ceux-ci peuvent rester avec leurs parents jusqu’à deux ans, partageant les tâches de chasse avec leur partenaire. Leur territoire, généralement compris entre 2 et 3 km², reste stable tout au long de l’année.
Une expansion récente
Depuis les années 1960, le chacal doré a commencé à étendre son aire de répartition vers l’ouest et le nord de l’Europe, mais cette évolution s’effectue par petites vagues. Aujourd’hui, quelques individus isolés sont observés à plusieurs centaines de kilomètres des noyaux de population connus. Des premiers aperçu ont eu lieu dans les années 1980 en Italie et en Autriche, puis dans l’est de l’Allemagne dans les années 1990. Plus récemment, depuis 2011 en Suisse et depuis 2017 en France, le long de départements tels que la Haute-Savoie, les Deux-Sèvres, les Bouches-du-Rhône ou encore l’Essonne, cette expansion se confirme. Malgré cette diffusion, l’animal évite les zones fréquentées par les loups et celles où la neige est abondante, témoignant de ses préférences d’habitat.
Ce phénomène coïncide avec le déclin du loup en Europe. Dans certains Balkans, par exemple, sa chasse a été moins pratiquée, ce qui a facilité son installation. Son succès s’appuie également sur l’évolution des paysages agricoles et forestiers, qui offrent de nouveaux habitats propices à sa présence.
Conséquences pour la biodiversité
Au sein des zones où il est établi, le chacal doré ne représente pas une menace majeure pour le bétail, puisque ses attaques restent rares, et il ne chasse généralement pas de proies de grande taille comme le font les loups. Son rôle dans la régulation de certaines populations de nuisibles, comme les rongeurs ou les animaux affaiblis ou malades, est souvent considéré comme bénéfique. Il contribue également à limiter la propagation de maladies en se nourrissant de carcasses ou d’animaux faibles.
En ce moment où beaucoup d’espèces disparaissent, l’arrivée de cette nouvelle espèce peut être perçue positivement, étant donné qu’elle témoigne d’un équilibre capable de faire cohabiter plusieurs prédateurs. Toutefois, il reste prudent de surveiller attentivement cette expansion pour éviter tout déséquilibre écologique.
Faut-il réglementer la chasse au chacal doré ?
Les quelques individus observés en France ne font pas l’objet d’un statut particulier, car leur présence est encore limitée et isolée. Toutefois, la législation européenne, notamment l’annexe V de la directive Habitats Faune Flore sauvages, impose aux États membres de préserver le maintien de l’espèce dans des conditions favorables. En pratique, en Italie, en Allemagne ou en Suisse, le chacal doré bénéficie d’une protection. Étant donné que sa présence résulte d’un mouvement naturel, il ne s’agit pas d’une espèce invasive, et il n’est pas nécessaire de le chasser.»