Cerf huppé : un petit cervidé aux origines anciennes

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Originellement originaire de Chine, ce petit ruminant doit son nom à la touffe de poils qui orne le haut de sa tête. Il appartient à la famille des cervidés et se distingue comme l’un des derniers représentants de la branche la plus ancienne de cette famille. Certaines de ses caractéristiques, comme ses longues canines, évoquent des traits plus primitifs et le différencient des autres cerfs que l’on trouve dans nos régions. Cet animal, souvent craintif, a tendance à s’enfuir à la moindre perturbation, ce qui complique son observation en milieu naturel.

Origines et histoire du cerf huppé

Le cerf huppé, aussi nommé Élapode de Chine, appartient à la seule espèce du genre Elaphodus, une classification établie en 1872 par un zoologiste français. Ce mammifère fait partie des artiodactyles, des ongulés caractérisés par un nombre pair de doigts. Les experts le relient à une sous-famille appelée Muntiacinae, qui descend directly des Euproxes, cervidés ayant vécu en Eurasie pendant le Miocène, il y a entre 16 et 9 millions d’années. La séparation entre ses genres, Elaphodus et Muntiacus, aurait eu lieu il y a environ 3,4 à 4,8 millions d’années. Au fil de l’évolution, les cervidés ont été divisés en deux groupes principaux : ceux dotés de grands bois ramifiés et ces petits cervidés portant des canines, comme le cerf huppé.

Comment distinguer un cerf huppé ?

Ce petit cervidé est parmi les plus petits au monde, avec une longueur comprise entre 1,10 et 1,60 mètres et une hauteur au garrot allant de 50 à 70 centimètres. Son poids varie énormément, de 17 à 50 kilogrammes. Sa silhouette fine, soutenue par des jambes élancées, lui donne une allure svelte. Son cou est allongé, ses oreilles sont larges et arrondies. Il se déplace en utilisant ses quatre doigts, ses dos arrondi et ses membres arrière souvent fléchis lui donnant une posture quasi recroquevillée, toujours prêt à fuir. Son pelage épais, constitué de poils courts et durs, change de couleur au fil des saisons : brun chocolat en hiver et plus clair en été. La tête et le cou sont gris, le dessous de la queue, les babines et le bout des oreilles sont blancs. La caractéristique distinctive porte sur la touffe de poils en fer à cheval, foncée, située sur le front, pouvant atteindre 17 cm de long.

Différences entre mâles et femelles

Le dimorphisme sexuel chez cette espèce se manifeste notamment par une taille et un poids moins importants chez la femelle. Les mâles possèdent également des organes osseux particuliers, sans ramification, qui restent relativement petits, souvent dissimulés par la huppe. Ces canines, longues jusqu’à plus de 2,5 cm, émergent de la bouche et ressemblent à des défenses. Elles sont essentielles lors des combats de reproduction, permettant aux mâles de se mesurer. Certaines exhibent leurs canines en retroussant les babines, ce qui peut suffire à faire fuir un adversaire. La femelle possède également deux canines, mais elles sont bien plus petites que celles du mâle.

Habitat naturel du cerf huppé

Ce cervidé évolue principalement dans le centre et le sud de la Chine, dans des zones montagneuses situées entre 300 et 4 750 mètres d’altitude, jusqu’à la limite de la neige. Il privilégie les forêts humides à feuillage dense et reste proche des cours d’eau où il trouve la majorité de ses aliments. Herbivore, il se nourrit essentiellement de végétation riche en énergie : jeunes pousses, bourgeons, tiges feuillues, bambous, ainsi que de fruits, baies, champignons et en hiver, d’écorces. Curieusement, cet ongulé peut aussi adopter un régime omnivore occasionnel en consommant des œufs ou des larves. Il cherche aussi des zones rocheuses où il peut se lécher le sel, élément vital pour la digestion et pour renforcer son immunité.

Mode de vie du cerf huppé

Ce cervidé est principalement actif lors des périodes crépusculaires et nocturnes. Son comportement discret et sa grande méfiance le poussent à accentuer son état d’alerte au moindre son suspect. Lorsqu’il se déplace, il adopte une démarche saccadée, alternant entre marche et arrêt pour observer son environnement. Le jour, il se repose dans des endroits calmes, parés de broussailles et d’herbes hautes, où il rumine pour digérer sa nourriture. Généralement solitaire, ce mammifère peut aussi vivre en couple, mais il préfère la solitude pour éviter la prédation.

Reproduction et cycle de vie

La femelle est capable de mettre bas pour la première fois vers 1 an et demi. Son cycle hormonal, appelé rut, se manifeste à la fin de l’automne, avec des mâles qui entament alors leur parade en émettant des sons puissants, souvent similaires à des aboiements. La saison des amours est aussi marquée par des combats entre mâles, qui utilisent leurs canines lors de confrontations rituelles. Après une gestation d’environ 210 jours, la femelle accouche généralement d’un ou deux petits au début de l’été ou à la fin du printemps. À la naissance, le faon présente deux rangées de taches dorsales qui lui servent de camouflage, mais celles-ci disparaissent graduellement avec l’âge. Il dépend de sa mère pendant six mois avant de devenir autonome et d’atteindre sa maturité sexuelle vers neuf mois.

Le cerf huppé : une espèce en danger ?

Comme beaucoup de cervidés, le cerf huppé doit faire face à la pression des prédateurs naturels tels que le tigre du Bengale, la panthère, le dhole ou le python réticulé. Les jeunes sont également vulnérables face à de grands rapaces. La chasse pour sa peau, notamment, reste une menace importante, utilisée dans la confection de textiles par la population locale. La déforestation, due à l’expansion agricole et forestière, dégrade également ses habitats, rendant sa survie plus incertaine. Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le cerf huppé est classé comme Quasi menacé. En captivité, il peut vivre jusqu’à 15 ans, mais en liberté, son espérance de vie est estimée entre 10 et 12 ans.

Crédit photo : Heush