Les spécimens ailés jouent un rôle essentiel dans la diversité de la vie en raison de leurs teintes éclatantes et de leurs formes variées. Leur transformation, du stade de larve à celui d’insecte adulte, fascine souvent autant les enfants que les adultes. Cet article vise à éclaircir cette métamorphose fascinante, en répondant aux questions courantes sur ce processus presque magique.
Identifier l’insecte
Faire la différence entre une chenille et un papillon peut parfois être déroutant. Souvent, seul le nom du papillon est utilisé ou, à l’inverse, celui de la chenille, surtout lorsqu’elle cause des dégâts et que l’humain la perçoit comme une nuisance. La désignation vernaculaire peut également varier selon l’étape de développement de l’animal. Un exemple connu est celui du Bombyx du mûrier (Bombyx mori), où la larve est communément appelée ver à soie.
De la larve à l’insecte adulte : trois phases principales
Le cycle de vie d’un papillon commence dans un œuf. À l’éclosion, il donne naissance à une chenille.
Cette dernière va s’alimenter intensément pour grandir et mûrir, en muant plusieurs fois pour éliminer sa vieille peau. La mue est indispensable car la chenille n’a pas de squelette interne, ce qui l’oblige à se débarrasser de sa cuticule pour continuer sa croissance. Dans un climat marqué par les saisons, la chenille peut entrer en hibernation pour affronter l’hiver. Sous le retour du printemps, la croissance reprend jusqu’à la transformation en chrysalide, puis en papillon. La fonction principale de cet insecte wingé est la reproduction. La durée de chaque étape varie notablement selon l’espèce : certains papillons ne vivent qu’une journée, tandis que d’autres peuvent atteindre neuf mois.
La larve
Le corps de la chenille se divise en trois segments : la tête, le thorax et l’abdomen.
La tête, compacte, comprend des éléments difficiles à distinguer à l’œil nu. Elle est équipée d’yeux rudimentaires appelés ocelles ou stemmates, ainsi que de pièces de mastication (mandibules et palpes), de glandes à soie et de deux antennes.
La chenille possède six pattes véritables, situées sous le thorax, qui sont articulées et terminées par une griffe. Sur l’abdomen, elle possède également des membres simulant des pattes, souvent appelés fausses pattes, qui se terminent par une ventouse ou des crochets. Ces membres facilitent la marche et permettent à la chenille de s’agripper durant ses repas.
Sur son corps, on trouve aussi des stigmates ou spiracles, petits orifices permettant la respiration, souvent recouverts de poils selon l’espèce. La chenille consacre la majorité de son temps à se nourrir pour stocker de l’énergie nécessaire à ses prochaines étapes de développement. Dès l’éclosion, elle consomme son enveloppe d’œuf, puis dévore rapidement de grandes quantités de nourriture pour augmenter considérablement son poids en peu de jours (parfois jusqu’à 2 700 fois en une semaine).
Il est important de noter que seulement une petite fraction des chenilles, environ 10 %, atteignent le stade suivant, la chrysalide. Leur défense contre les prédateurs repose souvent sur leur toxicité ou leur mimétisme. Certaines chenilles sont aussi parasitées, ce qui limite leur développement.
La chrysalide
Une fois qu’elle a atteint une taille suffisante, la chenille se débarrasse de sa dernière peau pour devenir chrysalide. Ce stade, commun à tous les papillons, correspond à la nymphe chez les lépidoptères. La transformation s’appelle la nymphose.
Il ne faut pas confondre la chrysalide avec le cocon. Toutes les espèces nocturnes de papillons créent un cocon, un cocon fabriqué à partir de soie, qui leur sert de protection. La chenille qui ne développe pas de cocon opte plutôt pour le camouflage ou la toxicité pour échapper aux prédateurs. Suspendue à une branche par un fil de soie, elle peut se fondre dans son environnement en adoptant une couleur proche de son habitat.
Ce stade dure généralement entre une et deux semaines. Pendant cette période, la larve se métamorphose : son cerveau et ses organes sensoriels grossissent, ses antennes s’allongent, ses mandibules se rétractent, et ses organes reproducteurs apparaissent. La chrysalide ne se nourrit pas, utilisant ses réserves pour alimenter la transformation.
Le papillon
Après une période de maturation, le papillon se prépare à émerger de sa chrysalide. Lors de l’émergence, son squelette externe se fissure, laissant apparaître ses ailes encore pliées. En inspirant profondément, il sort la tête, déploie ses pattes et ses ailes. Lorsqu’il se libère, un léger craquement, semblable à un bruit de rupture, s’entend souvent.
Les ailes sont initialement plissées. L’insecte doit les gonfler d’air, puis y faire circuler une hémolymphe pour leur donner de la rigidité. La période de séchage dure généralement entre une et cinq heures, après quoi il peut prendre son envol.
Après l’émergence, le papillon expulse ses premières déjections, appelées méconium, une substance qui correspond à ses premières selles. Chez le Gazé (Aporia crataegi), cette substance est de couleur rouge-orange, et sa présence était autrefois un signe annonciateur de mauvaises récoltes, symbolisant malheur ou mésaventure.
Les papillons qui se nourrissent cherchent généralement du nectar pour refaire leurs réserves d’énergie. Ceux qui en sont incapables, faute de trompe, privilégient la rencontre avec un partenaire pour assurer leur reproduction.