De nombreuses personnes ressentent une gêne face à la présence d’insectes volants dans leur environnement. Parmi eux, certains représentent un véritable danger, comme les moustiques, tandis que d’autres ne sont qu’un simple nuisance. Mais qu’en est-il du moucheron ? Pourquoi croise-t-on souvent sa route ? Et surtout, comment peut-on s’en débarrasser efficacement ? Toutes ces questions trouvent leur réponse dans cet article.
Les différentes espèces de moucherons autour de nous
Le terme « moucheron » désigne une multitude de petites mouches qui varient en espèces. Contrairement à l’idée qu’il s’agirait de jeunes mouches en devenir, il s’agit en réalité de groupes distincts, chacune ayant ses caractéristiques propres. Avant d’atteindre l’âge adulte, ces insectes passent par une étape larvaire qu’on qualifie d’asticots.
Généralement, ces moucherons ne dépassent pas quelques millimètres. Ceux que l’on rencontre le plus couramment en environnement domestique appartiennent à la famille des Sciaridae. Ces insectes sont souvent familiers aux jardiniers amateurs ou professionnels qui possèdent des serres. La majorité de ces moucherons appartient au genre Bradysia, particulièrement dans des espaces chauffés et humides, comme les serres accueillant des semis ou de jeunes cyclamens. Les plantes adultes en bonne santé ne sont que rarement la cible de leur attaque, ces insectes étant parfois qualifiés de « moucherons des terreaux ». Ce groupe comprend plus de 170 espèces réparties en Europe. Leur rôle écologique est aussi notable puisqu’ils participent à la pollinisation de certaines plantes comme l’Aspidistre élevée, originaire du Japon et de Taïwan, souvent conservée comme plante d’intérieur. Lorsqu’on les observe de près, on peut distinguer leur silhouette fine, leurs longues pattes et leurs ailes brillantes formant un triangle. Les larves, quant à elles, agressent principalement les jeunes pousses ou les plantes affaiblies, en ciblant leurs radicelles. Une infestation importante peut également endommager le tubercule.
Une autre famille de moucherons présents dans les serres est celle des Ephydridae, regroupée sous le genre Scatella. Ces insectes, aussi appelés « mouches des rivages », ont une taille d’environ 5 mm. Leur corps est doté de pattes courtes, tout comme leurs antennes, et leurs ailes noires sont ponctuées de traits clairs. Leur ressemblance avec de petites versions de mouches domestiques est frappante. Contrairement aux moucherons liés aux terreaux, ces moucherons ne causent pas directement de dégâts aux plantes mais nuisent à leur apparence en laissant des excréments et en pouvant transmettre des maladies. Leurs larves se nourrissent de matière organique en décomposition, d’algues, ou encore d’autres micro-organismes. Leur prolifération peut également compliquer la tâche des jardiniers ou des travailleurs en serre. Parfois, ces moucherons s’installent à l’intérieur de nos maisons, notamment dans les potées d’ornement, où leur présence peut être repérée par des larves blanches.
Plus connus du grand public, notamment ceux qui ne fréquentent pas les serres, sont les « moucherons des éviers », aussi nommés Psychoda Alternata. De petits insectes gris de 3 mm de long, dotés d’ailes longues et ovales, qui évoluent dans des zones humides. On les trouve fréquemment dans la cuisine, la salle de bain ou tout espace où l’eau stagne. Les larves vivent en immersion dans l’eau, ce qui rend leur éradication parfois complexe. Leur présence indique souvent une humidité persistante.
Signification de leur présence à la maison
Il est rassurant de savoir que ces moucherons ne piquent pas et ne présentent pas de danger pour la santé humaine. Pourtant, leur invasion peut être perçue comme désagréable, voire envahissante, surtout durant l’été où la chaleur favorise leur développement. Leur cycle de vie étant court (ainsi que celui des Psychoda), ils profitent d’une capacité à se reproduire rapidement. Par exemple, leurs œufs éclosent en seulement deux ou trois jours, ce qui facilite leur expansion. La présence de ces insectes n’est pas forcément le signe d’une hygiène défaillante ; elle résulte souvent d’un terrain favorable à leur reproduction, comme une nourriture en décomposition ou une humidité excessive. Si vous avez des fruits en début de décomposition ou des plantes avec un sol humide, cela peut attirer ces petits intrus.
En somme, leur présence révèle plutôt une négligence passagère, voire un environnement propice à leur développement, mais ne doit pas forcément alarmer quant à la propreté de votre logement.
Les méthodes pour éliminer les moucherons chez soi
Pour lutter contre ces insectes, l’utilisation d’un insecticide peut venir en premier recours. Cependant, des alternatives naturelles et plus durables existent, notamment en milieu protégé comme la serre. La lutte biologique repose sur l’introduction de nématodes, des vers microscopiques inoffensifs pour l’homme, capables de parasiter les larves de moucherons dans le sol. Il faut simplement augmenter leur nombre dans la terre pour limiter la croissance des populations. Il est aussi conseillé de modérer l’arrosage, en veillant à ne pas laisser d’eau stagnante dans les coupelles ou les pots, et de surveiller régulièrement l’humidité du substrat.
Concernant les moucherons des évier, le meilleur remède consiste à adopter quelques gestes simples. La première étape est d’identifier et de retirer la source de leur attraction : des aliments en décomposition. Plutôt que de jeter immédiatement les fruits abîmés, il est souvent suffisant de retirer la partie pour ne conserver que la portion saine, puis de stocker les restes dans un contenant hermétique au réfrigérateur. Par ailleurs, les poubelles doivent être bien fermées et idéalement placées à l’extérieur, sur le balcon ou dans un espace protégé. Un nettoyage régulier et soigné des siphons, des bacs à douche ou aux lavabos, en éliminant résidus de nourriture et cheveux, contribue également à réduire leur présence. L’utilisation occasionnelle de vinaigre blanc ou d’eau de Javel dans ces installations peut aider à prévenir leur apparition.
Lorsque ces mesures ne suffisent pas, le recours à un piège est une solution efficace. Il s’agit simplement de déposer un bol contenant du vinaigre dans votre cuisine ou salle de bain. La légère odeur attire les moucherons, qui se noient rapidement. On peut également utiliser des bandes adhésives collantes, qui emprisonnent les insectes pour qu’ils finissent par mourir, même si leur aspect esthétique laisse à désirer.
Pour éliminer un véritable nid, caractérisé par une concentration significative d’individus, une astuce consiste à placer un citron piqué de clous de girofle à proximité. Cette combinaison est connue pour repousser les moucherons et diminuer leur présence.
Une réflexion sur l’usage des insecticides
Le spécialiste en entomologie Jeffrey Lockwood souligne que l’emploi excessif de pesticides contribue à la peur irraisonnée des insectes. Selon lui, cette phobie pousserait certains à vouloir exterminer tout intrus par des produits chimiques, notamment en milieu urbain où la propreté est souvent associée à l’absence de toute vie parasite. Or, cette utilisation massive de produits toxiques représente un risque pour la santé humaine, mais aussi pour l’environnement, notamment en polluant l’eau et les sols. De plus, cela peut entraîner la résistance des insectes ciblés, rendant leur contrôle plus difficile à long terme. Au-delà de la ville, cette logique peut aussi s’étendre à l’agriculture. Sans un bon équilibre entre contrôle et respect de la biodiversité, la peur d’une invasion d’insectes peut conduire à des traitements phytosanitaires excessifs. Cependant, beaucoup d’insectes jouent un rôle bénéfique dans notre environnement, et leur élimination systématique peut se révéler contreproductive. La crainte irrationnelle de ces petits êtres pourrait même limiter l’utilisation d’insectes auxiliaires efficaces pour lutter naturellement contre certains ravageurs.