Depuis des temps immémoriaux, la formation d’amas d’insectes a toujours fasciné autant qu’elle intrigue. On désigne par le terme « essaims » ces regroupements nombreux d’insectes appartenant à une même espèce. Bien que les colonies d’abeilles soient les plus populaires dans l’imaginaire collectif, elles ne représentent qu’un exemple parmi d’autres. En réalité, plusieurs insectes sociaux, tels que les fourmis, les criquets ou même certains petits moucherons, mettent en place ces rassemblements cohésifs. Cet article explore en détail ce phénomène, examine la hiérarchie qui régit souvent ces groupes, évoque des cas spécifiques facilement repérables, tout en indiquant les zones où il est plus probable de les voir apparaître.
Quelles sont les dynamiques à l’intérieur des essaims ?
Chez les espèces sociales comme les abeilles, fourmis ou guêpes, on observe généralement la constitution de colonies organisées de manière structurée. Cette organisation favorise la coopération entre les membres, permettant la division efficace des tâches essentielles à leur survie. Ces insectes ont évolué pour fonctionner en harmonie dans leur environnement collectif, chacun ayant un rôle précis, que ce soit pour nourrir la communauté, défendre la colonie ou assurer la reproduction en prenant soin des larves et en édifiant leur habitat. Leur environnement, souvent très actif, a conduit au développement de systèmes de communication élaborés, utilisant des signaux chimiques appelés phéromones, des sons ou des comportements spécifiques. Ces signaux servent à échanger des informations cruciales, telles que la localisation de la nourriture ou la détection de dangers imminents.
Une majorité de ces colonies est organisée selon une structure hiérarchique. Cette hiérarchie peut reposer sur divers critères, notamment l’âge, la taille ou la position au sein de la société. La reine, souvent la plus grande, occupe généralement la position dominante, étant la seule à pouvoir féconder des œufs pour assurer la continuité de la colonie. Toutefois, la structure exacte et la hiérarchie peuvent varier selon chaque espèce.
L’essaim comme mécanisme de survie
Adopter la formation d’un essaim permet à certaines espèces de renforcer leur survie. Lorsqu’un groupe devient trop peuplé, il peut se scinder en plusieurs parties, ce qui facilite la reproduction et l’invasion de nouveaux habitats. Ce phénomène survient souvent en réponse à des modifications environnementales ou à la diminution des ressources. La reine quitte alors la colonie initiale avec une partie de ses membres, tandis qu’une nouvelle reine apparaît dans le reste de la colonie, permettant la poursuite de la vie en société. Cette séparation a également un avantage en termes de santé, car elle limite la propagation de parasites et de maladies, tout en évitant la surpopulation qui pourrait entraîner une compétition féroce pour la nourriture.
Essaims de chironomes en été 2023
En été 2023, plusieurs régions comme La Rochelle, Nieul-sur-Mer ou l’île d’Oléron ont été témoins d’importants rassemblements de moucherons, formant des nuages qui ressemblent à des volutes de fumée aérienne. Il s’agit de chironomes, de petits insectes qui ressemblent à des moustiques mais qui, contrairement à eux, ne piquent pas. Leurs larves, substrat appelé « vers de vase », vivent dans des milieux aquatiques tels que les étangs, rivières ou fosses septiques. Les adultes, quant à eux, se rassemblent temporairement en groupes nombreux, souvent en hauteur, tournoyant en masse autour de clochers ou de balcons. Lorsqu’on ouvre la fenêtre, il n’est pas rare de voir ces insectes pénétrer dans la maison. Leur courte vie, concentrée essentiellement sur la reproduction, ne dure que quelques jours. Ces myriades de moucherons apparaissent surtout lors des éclosions massives qui suivent la période de montée en température du printemps, n’étant en rien dangereuses, mais très esthétiques dans leur chatoiement.
Essaims de fourmis volantes
Après des périodes sèches en été, certains regroupements de fourmis volant se produisent lorsque les conditions deviennent idéales pour la reproduction. Ces rassemblements massifs se forment lorsque la température atteint des seuils favorables, associé à un sol meuble. Parfois, ils se forment en une colonne compacte de centaines d’individus qui s’élancent pour féconder la nouvelle génération. Après l’accouplement, la femelle, débarrassée de ses ailes, cherche un endroit propice pour pondre ses œufs afin de lancer une nouvelle colonie. Les mâles, quant à eux, vivent peu de temps après leur mission, leur existence se limitant principalement à la reproduction. Lors de ces époques, les rassemblements peuvent atteindre des proportions impressionnantes, surtout après un été particulièrement sec, lorsque la variation de température et d’humidité provoque des émergences simultanées, souvent sur une période d’une à trois semaines.
La fameuse migration des essaims d’abeilles
Les essaims d’abeilles ont fait l’objet de nombreuses études, tant leur organisation et leur conduite sont bien connues. La figure centrale est la reine, dont le rôle principal consiste à pondre des œufs. Elle bénéficie d’une alimentation spéciale, la gelée royale, durant sa phase larvaire, ce qui lui confère une taille imposante et une fertilité exceptionnelle. En tant que seule capable d’ovuler, elle assure la croissance de toute la colonie, pouvant produire milliers d’œufs chaque jour. Les ouvrières, majoritaires dans la colonie, sont des femelles généralement non fertiles. Leur rôle évolue avec l’âge : les jeunes s’occupent principalement des larves, en les nourrissant avec du miel et du pollen, puis, en avançant en âge, elles participent à la collecte de nectar, à la construction et à la ventilation de la ruche, la défense de la colonie, ou encore à la recherche de nourriture.
Où installer un essaim ?
Le site choisi pour accueillir une colonie d’insectes dépend des espèces concernées. Divers facteurs déterminent la sélection de l’emplacement idéal. Souvent, ces groupes s’installent en sécurité dans des cavités naturelles telles que des trous dans des arbres, des rochers ou des terriers abandonnés, qui assurent une protection contre le climat et les prédateurs. Toutefois, ces abris peuvent aussi être des structures anthropiques, notamment des fissures dans les murs, des cheminées désaffectées ou des espaces creux dans les bâtiments, comme des boîtes électriques. La sécurité est primordiale, mais elle doit également s’accompagner d’un accès pour l’eau et la nourriture, essentiels à la survie de la colonie.