La scolopendre, un animal apparenté aux mille-pattes, appartient à la catégorie des arthropodes, mais contrairement aux insectes, elle ne fait pas partie de leur groupe. Son apparence peut susciter le dédain ou l’effroi, étant donnée sa silhouette peu engageante, surtout dans son habitat naturel. Elle préfère généralement évoluer dans des environnements chauds et humide, des espaces extérieurs propices à la chasse nocturne. Toutefois, il n’est pas rare qu’elle pénètre dans nos habitations à la recherche d’un refuge temporaire. Bien que souvent inoffensive, elle peut, en situation de menace, mordre et injecter du venin via ses glandes à toxines, ce qui peut provoquer une réaction allergique. Voici toutes les informations essentielles pour mieux comprendre cette créature intrigante.
Qui est la scolopendre ?
La scolopendre est un arthropode faisant partie des myriapodes, plus précisément des chilopodes ou centipèdes. Ces animaux se caractérisent par leur corps segmenté recouvert d’une carapace dure, avec des articulations souples leur permettant de se mouvoir. Communément nommés mille-pattes, les scolopendres appartiennent à la famille des scolopendridés. Malgré leur allure repoussante qui peut leur conférer une image de nuisible, ils restent généralement inoffensifs, sauf dans certains cas où leur réponse défensive peut entraîner des risques. En effet, chaque segment thoracique possède une paire de crochets venimeux, associés à une glande toxique, utilisés pour chasser ou se défendre contre des prédateurs.
À quoi ressemble une scolopendre ?
Sa silhouette est compacte et aplatie, composée d’un grand nombre de segments. Chaque segment porte une seule paire de pattes, contrairement à d’autres mille-pattes qui en possèdent deux. La longueur de la scolopendre peut varier selon l’espèce ; ses pattes longues lui confèrent une vitesse remarquable, ce qui lui permet de se déplacer rapidement, surtout lorsqu’elle doit échapper à un danger ou capturer sa proie. En France métropolitaine, elles possèdent généralement 21 paires de pattes, mais dans d’autres régions du monde, certaines espèces dépassent largement ce nombre, allant jusqu’à plus de 50 pattes. La taille varie aussi géographiquement, allant jusqu’à 15 cm dans nos zones tempérées, tandis que dans les régions tropicales, notamment en Amérique du Sud, des espèces comme la Scolopendra gigantea peuvent atteindre 30 cm ou plus. Une caractéristique notable est leur capacité à voir avec leurs deux extrémités corporelles.
Quelles espèces résident en France ?
La France ne compte que deux espèces de scolopendres dans sa faune :
- La scolopendre annelée (Scolopendra cingulata), également connue sous les noms de scolopendre ceinturée ou méditerranéenne. Elle se distingue par ses 4 ocelles de chaque côté de la tête. Son corps arbore des teintes ocre ou brunâtres, avec des bandes noires transversales sur chaque anneau. Certains individus sont entièrement brun, avec des pattes généralement colorées en jaune ou orange. Elle est la plus grande scolopendre présente en France, atteignant une longueur comprise entre 10 et 15 cm ;
- La scolopendre d’Oran (Scolopendra oraniensis), présente en Corse. Plus petite, mesurant entre 40 et 65 mm, elle présente une coloration variant du brun-bleuâtre au brun-grisâtre, avec des pattes qui se fondent dans la teinte du thorax.
Où trouve-t-on la scolopendre dans le monde ?
Ces arthropodes sont répartis globalement dans des zones aux climats subtropicaux ou chauds tempérés. La scolopendre ceinturée est présente dans toute l’Europe méridionale et autour de la mer Méditerranée, notamment en France méridionale, en Espagne, en Italie, en Grèce et dans plusieurs pays du Maghreb. Quant à la scolopendre d’Oran, sa présence est limitée à la Corse, dans le contexte français.
Que mange la scolopendre ?
Malgré une réputation peu flatteuse, la scolopendre joue un rôle écologique important en régulant la population d’insectes nuisibles. Elle se nourrit d’une grande variété de proies, telles que araignées, fourmis, cafards, punaises, pucerons, ainsi que de punaises de tapis et de lépismes. Certaines espèces, notamment en Méditerranée, consomment aussi de petits reptiles ou des oiseaux, voire, dans certains cas, de jeunes rongeurs. Leur comportement est surtout nocturne, et elles chassent principalement à l’extérieur. Il arrive aussi qu’elles s’attaquent à leurs congénères ou à d’autres petits animaux en cas de besoin déterminant. La voracité et l’agilité de ces arthropodes peuvent les amener à pratiquer le cannibalisme.
Comment s’accouplent les scolopendres ?
En tant qu’hermaphrodites, ces animaux possèdent à la fois des organes reproducteurs mâles et femelles. Bien qu’ils puissent se reproduire seuls, ils privilégient généralement la recherche d’un partenaire. Leur mode de reproduction diffère de celui de nombreux autres animaux : le mâle dépose un spermatophore, un sac contenant du sperme, généralement sur une surface comme une feuille ou le sol. Il peut effectuer une danse nuptiale ou un rituel spécifique pour convaincre la femelle de venir récupérer le spermatophore et effectuer la fécondation. La femelle reprend ensuite le sperme à l’aide de ses organes pour fertiliser ses ovules.
Comment les scolopendres se reproduisent-elles ?
Après la fécondation, la femelle dépose plusieurs dizaines d’œufs dans un environnement tempéré, chaud et humide, afin d’optimiser leur développement. Elle conserve souvent sa ponte dans sa proximité, en l’entourant de son corps pour la protéger des prédateurs et des intempéries. Ce comportement de soins, commun chez beaucoup de scolopendres, est crucial pour la survie des œufs jusqu’à l’éclosion. À la naissance, les larves ressemblent à de petits adultes, mais avec moins de segments et de pattes. Par le biais des mues successives, elles gagnent en taille, en segmentant davantage leur corps et en développant plus de pattes. Lorsqu’elles ont atteint leur maturité sexuelle, elles sont prêtes à reproduire à leur tour.
La scolopendre peut-elle s’introduire dans une maison ?
Oui, cette créature cherche souvent les zones humides et chaudes à l’intérieur comme à l’extérieur. Elle privilégie notamment les salles de bains, toilettes, et chambres. Certaines personnes rapportent la voir se glisser dans les lits ou les draps durant la journée, surtout si ces derniers sont calmes et peu perturbés. Sa capacité à tolérer des pièces relativement sèches lui permet de coloniser divers espaces de l’habitat. La vigilance est de mise, notamment en vérifiant les recoins et en évitant l’accumulation de débris ou de poussière pouvant servir de refuge.
Quels sont les risques liés à la scolopendre ?
Ces animaux possèdent des glandes à venin situées sous leurs mâchoires. En général, une piqûre n’est pas très profonde, la peau humaine étant épaisse, mais la douleur peut être ressentie comme une piqûre d’abeille. Certaines personnes très sensibles peuvent ressentir des réactions plus marquées, telles que des plaques rouges, des boutons ou un œdème sur la zone mordue. La morsure devient surtout préoccupante si la scolopendre se faufile dans la literie, ou si elle est en état de se défendre. Chez les animaux domestiques comme les chiens ou les chats, les risques sont faibles, même si une vigilance est recommandée.
En cas de morsure, que faire ?
La première étape consiste à nettoyer soigneusement la zone mordue avec de l’eau et du savon. Ensuite, appliquer un antiseptique comme la chlorhexidine et surveiller l’évolution de la zone. Si la douleur est intense ou persiste plusieurs heures, il est conseillé de prendre un paracétamol selon la posologie recommandée (souvent 1000 mg pour un adulte, toutes les 6 heures, sans dépasser 4 grammes par jour). En cas d’aggravation ou si la blessure présente des signes d’infection ou de réaction allergique, consulter rapidement un médecin.
Comment éliminer les scolopendres de votre habitation ?
La meilleure méthode consiste à agir principalement à l’extérieur pour limiter leur entrée. En empêchant leur attraction vers votre maison, vous réduisez considérablement leur présence à l’intérieur. Voici quelques conseils pour y parvenir :
Mesures extérieures
Évitez toute accumulation d’humidité et d’eau stagnante autour du domicile. Surveillez les dénivelés ou petites cuvettes naturelles où l’eau pourrait se rassembler. Éloignez également les tas de feuilles mortes ou d’autres débris végétaux, qui attirent ces arthropodes en habitat décomposition. Limitez l’utilisation de planches, écorces, paillis et bois de récupération près de votre habitation. Enfin, veillez à boucher toutes les fissures non étanchées pour empêcher leur entrée.
Mesures intérieures
Si la présence de scolopendres persiste à l’intérieur, il est utile de réduire l’humidité ambiante en utilisant un déshumidificateur. Privilégiez aussi des produits de nettoyage non nocifs et maintenez votre habitat sec. La terre de diatomée, une poudre naturelle, constitue une solution écologique : elle s’applique dans les fissures, les coins sombres ou le long des chemins qu’elles empruntent ; en endommageant leur carapace, elle favorise leur déshydratation et leur éviction. Enfin, évitez de fouiller ou de laisser des vêtements ou linge étendus dans des zones peu surveillées, afin d’éviter tout risque de morsure, notamment la nuit, en vérifiant avant de vous coucher que rien ne s’est glissé dans votre literie.