Quelle quantité de dauphins est capturée chaque année dans les filets de pêche ?

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Actuellement, le grand dauphin est recensé parmi les espèces en danger en France, bénéficiant d’une protection particulière. À l’échelle globale, une dizaine d’espèces de cétacés figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La dégradation continue de leur situation soulève des inquiétudes, notamment en ce qui concerne la pêche accidentelle, qui semble être un problème évitable. Mais quelle est la réalité ? Combien de dauphins sont accidentellement capturés chaque année dans les pratiques de pêche ? Quelles actions sont entreprises pour réduire ces incidents ? Nous vous proposons une synthèse pour mieux comprendre ces enjeux.

Une perception qui a évolué au fil du temps

La manière dont notre société perçoit les dauphins a connu une mutation récente. Il y a un siècle, ils étaient majoritairement vus comme des nuisibles. Seulement il y a cinquante ans, leur consommation n’était pas considérée comme un tabou. Cependant, depuis le début des années 1970, l’opinion a commencé à changer durablement.

Le 20 octobre 1970, un arrêté ministériel a prohibé toute destruction, capture ou poursuite, même sans intention de tuer, des mammifères marins appartenant à la famille des delphinidés, sauf pour la recherche scientifique. À la fin des années 1990, un accord entre l’Italie, Monaco et la France a été signé en faveur de la protection de ces animaux. La création du Sanctuaire Pelagos, espace marin étendu sur 87 500 km², a été officialisée par un décret en 2002. Le 8 juillet 2004, une nouvelle réglementation a intégré une charte visant à préserver les cétacés lors de la pêche au thon rouge. Enfin, le 1er juillet 2011, une liste officielle des mammifères marins protégés en France a été établie, précisant les mesures de leur conservation.

Le regard des pêcheurs sur ces mammifères

La relation que certains pêcheurs peuvent entretenir avec les dauphins semble aussi évoluer. En région, des comités locaux des pêches – notamment en Pays de la Loire, en Bretagne ou en Nouvelle-Aquitaine – ont adopté une charte en février 2021. Celle-ci rassemble des bonnes pratiques que les pêcheurs volontaires s’engagent à respecter afin de réduire les captures accidentelles de dauphins et de soutenir la recherche scientifique dans ce domaine.

Certaines critiques estiment que ces mesures restent symboliques, dans la mesure où la France, l’Espagne et la Suède avaient été sommées par la Commission européenne à la fin de 2020 de cesser toute destruction de dauphins. La possibilité avait alors été évoquée de suspendre la pêche dans le golfe de Gascogne durant au moins deux semaines, entre janvier et mars, pour les navires utilisant des filets sur le fond. Bien que cette sanction n’ait pas été appliquée, la pression sur le secteur est probablement en croissance.

Les critiques concernant la pêche industrielle

Les différentes techniques de pêche industrielle sont souvent pointées du doigt pour leurs impacts sur la faune marine. La pêche au chalut, par exemple, est une méthode bien connue : elle consiste à tirer un grand filet en forme de cône derrière des navires pour capturer principalement des espèces vivant proche du fond, comme la crevette ou certains poissons plats. Elle peut aussi cibler des espèces en pleine mer, en utilisant des techniques adaptées.

La pêche à la senne utilise quant à elle un grand filet vertical pour entourer un banc de poissons, puis resserre le bas pour capturer les individus. Il existe plusieurs variantes, telles que la senne coulissante ou tournante. La pêche au filet maillant consiste à déployer un filet dans l’eau, équipé de flotteurs en haut et de poids en bas, pour capturer les poissons qui s’y prennent. La version dérivante de cette technique implique un filet horizontal en mouvement avec le courant, sans ancrage, ce qui accentue encore ses impacts.

Le nombre de dauphins capturés chaque année

Les raisons de ces captures accidentelles sont liées à la nature même des équipements : les filets, notamment ceux qui restent presque invisibles dans l’eau, échappent difficilement à la vigilance des dauphins. Leur sonar, souvent très performant, ne détecte pas toujours ces obstacles à temps, et leur comportement social naturel les pousse à s’approcher de bateaux ou des bancs de poissons qui entrent dans les filets.

Les chiffres précis restent difficiles à établir, car les données varient selon les régions et les méthodes de collecte. Certains experts avancent que la majorité des animaux morts en mer coulent avant d’être repérés. Les ONG comme Tendances et animaux rapportaient que 11 300 dauphins ont été tués en France en 2019. L’observatoire Pelagis, basé à La Rochelle, estime le nombre de dauphins accidentellement piégés chaque hiver sur la côte atlantique entre 5 000 et 10 000, mais ces chiffres restent imprécis.

Les mesures pour limiter ces captures involontaires

La communauté internationale reconnaît aujourd’hui que la capture accidentelle de dauphins constitue un défi mondial. Si certaines réglementations existent pour protéger ces mammifères, leur application se révèle souvent insuffisante en raison de contrôles difficiles et de lacunes dans leur suivi.

En France, les pêcheurs sont soumis à plusieurs obligations, comme déclarer toute capture accidentelle ou équiper leurs navires, surtout en haute mer, de dispositifs acoustiques répulsifs appelés pingers. Ces appareils émettent des sons pour éloigner les dauphins et permettent de réduire de 65 % le nombre de captures non intentionnelles. Par ailleurs, certains pêcheurs signataires de la charte collaborent avec des observateurs à bord, afin de surveiller précisément les opérations. Des scientifiques proposent également d’installer des caméras sur les navires pour mieux identifier les espèces piégées, mais le coût élevé de ces équipements, pouvant atteindre 70 000 euros, limite leur déploiement à grande échelle.

Au-delà des dauphins, d’autres espèces concernées

Le problème des captures accidentelles ne se limite pas à ces cétacés. Selon la méthode de pêche et la zone, d’autres animaux marins peuvent devenir victimes. Les palangres, par exemple, sont particulièrement critiquées : ces lignes de pêche longues et posées de manière passive attrapent aussi bien des oiseaux que des poissons, mais sont aussi meurtrières pour les oiseaux attirés par les appâts. En mer du Nord, des marsouins finissent souvent piégés dans des filets dérivants. Les phoques et les tortues marines ne sont pas épargnés, ce qui soulève des enjeux importants en termes de conservation.