Les insectes que l’on connaît sous le nom de coccinelles ont une apparence généralement charmante, ce qui explique leur popularité. Bien qu’on les associe souvent à la présence de sept points rouges, en réalité, la diversité de leur espèce est bien plus grande en France, avec plus de 130 variétés réparties dans différents habitats. Chacune d’entre elles possède un régime alimentaire spécifique, ce qui peut surprendre puisqu’elles ne se nourrissent pas exclusivement de pucerons comme on le croit communément.
Une approche respectueuse de la lutte contre les nuisibles
Le principe de la lutte biologique a été popularisé grâce aux coccinelles, à la fin du XIXe siècle, en Californie. Lorsqu’une invasion de cochenilles compromettait les cultures d’agrumes, l’introduction d’une coccinelle australienne, Rodolia cardinalis, s’est révélée être une solution efficace. Ce succès a permis de démontrer que ces insectes sont d’excellents alliés, capables de s’adapter à la disponibilité de nourriture : plus les proies sont nombreuses, plus leur consommation est intense, ce qui favorise également leur reproduction en pondant davantage d’œufs.
De nos jours, la lutte biologique s’appuie sur une variété d’agents naturels — prédateurs, parasites, champignons ou virus —, tous sélectionnés avec soin pour cibler spécifiquement certains ravageurs, maladies ou plantes indésirables. Ce procédé respecte l’équilibre écologique en évitant l’usage de produits chimiques nocifs et en visant uniquement la gestion des populations nuisibles. L’objectif est de restaurer la stabilité naturelle entre les organismes nuisibles et leurs auxiliaires sans éliminer complètement ces derniers, au risque de perturber l’écosystème.
Plusieurs stratégies sont employées pour encourager cette lutte écologique. La plus courante consiste à acclimater les coccinelles en libérant des œufs ou des adultes dans les zones infestées. Une autre approche, plus douce, consiste à aménager le milieu pour attirer naturellement ces insectes, leur permettant ensuite de s’y développer.
Examinons à présent les différentes catégories de coccinelles, classées selon leur régime alimentaire.
Les coccinelles aphidiphages
Les coccinelles aphidiphages, parmi les plus emblématiques, sont celles qui se nourrissent principalement de pucerons. Leur rôle est précieux dans le jardin car ces insectes sucent la sève des plantes, ce qui affaiblit considérablement leur santé, en attaquant notamment les racines. Certaines espèces peuvent également cibler d’autres nuisibles comme les cochenilles ou les acariens. Leur consommation quotidienne peut atteindre plusieurs centaines de pucerons, grâce à leurs mandibules efficaces. En plus des pucerons, elles peuvent s’alimenter d’œufs d’autres insectes, de larves, ainsi que de mites ou de petits arthropodes.
Ces coccinelles appartiennent à trois principales familles :
- Les Coccinellini, souvent très colorés et d’une taille supérieure à 3 mm ;
- Les Hippodamini, qui présentent des caractéristiques similaires ;
- Les Scymnini, qui sont généralement plus petits, sombre et ne dépassant pas 3 mm.
Les coccinelles phytophages
Ce groupe comprend des espèces qui se nourrissent principalement de parties végétales, ce qui peut parfois poser problème en agriculture, car elles endommagent les cultures. La coccinelle mexicaine du haricot, par exemple, est connue pour ses impacts destructeurs. Ces coccinelles consomment non seulement les feuilles, mais aussi les fleurs, tiges et racines. Leur préférence va notamment aux haricots, cucurbitacées et pommes de terre. Néanmoins, certaines jouent un rôle bénéfique en se nourrissant de mauvaises herbes, contribuant ainsi à leur contrôle dans les zones cultivées.
Parmi ces coccinelles, on trouve aussi des mycophages, qui se régalent de spores et de mycélium de champignons présents dans le jardin. Certaines variétés, comme Harmonia axyridis, peuvent également ingérer des fruits et légumes, ce qui peut entraîner des symptômes de déformation ou de défoliation en cas de forte infestation.
Il existe aussi des coccinelles floricoles, qui privilégient le pollen et le nectar, notamment de plantes comme les marguerites, pissenlits ou chrysanthèmes. Ces insectes, tout en butinant, peuvent aussi participer à la pollinisation ou à la régulation d’autres insectes nuisibles pendant leur cycle de reproduction.
Les coccinelles aleurodiphages
Classées parmi les carnivores, ces coccinelles ciblent principalement la mouche blanche, ou Aleurode, un ravageur majeur pour diverses cultures. Ces insectes nuisibles sucent la sève et peuvent considérablement réduire la productivité des plantations, notamment sur les tomates, aubergines, courges ou encore certains arbustes comme le géranium. Les coccinelles aleurodiphages, en particulier leurs larves et adultes, se nourrissent d’œufs, larves et individus matures de ces mouches blanches, contribuant ainsi à leur contrôle efficace. Certaines espèces pondent même leurs œufs directement sur ceux des mouches, empêchant leur éclosion.
En plus de leur aptitude à limiter la population de mouche blanche, elles sont utilisées pour lutter contre d’autres nuisibles agricoles comme les pucerons ou les tétranyques.
Les coccinelles acariphages
Ces coccinelles sont spécialisées dans la régulation des acariens, notamment les araignées rouges, que l’on retrouve fréquemment dans les vergers et sur diverses cultures. Elles jouent un rôle essentiel dans la réduction de ces agents nuisibles, qui causent de nombreux dégâts en s’attaquant à la sève des plantes, provoquant déformations, nécroses et taches. Les larves et adultes de ces coccinelles chassent les acariens, souvent en pondant directement sur eux pour interrompre leur cycle de vie. Certaines espèces se montrent aussi adeptes des pucerons ou des aleurodes, ce qui leur confère une grande polyvalence en lutte intégrée.
Quelques exemples représentatifs de coccinelles
Adalia bipunctata est très utilisée dans la lutte biologique en raison de sa large appétence pour divers pucerons. En dehors de ça, elle peut aussi consommer des acariens, cochenilles, pollen ou champignons, ce qui en fait une prédatrice très flexible. De même, Coccinella septempunctata et Adalia decempunctata jouent chacune un rôle dans différents types de milieux forestiers et horticoles.
Cryptolaemus montrouzieri est une coccinelle spécialisée dans la lutte contre les cochenilles farineuses, pondant ses œufs à l’intérieur des œufs du ravageur pour ralentir leur développement.
Delphastus pusillus, petite et noire, est une vorace contre les aleurodes à tous les stades. Avec une consommation de plusieurs milliers d’œufs ou larves durant sa vie, cette espèce demeure active toute l’année, évitant ainsi l’hibernation. Les femelles pondent directement sur les populations d’aleurodes, capables de faire la différence entre une larve parasitée et une non parasitée, ce qui optimise leur efficacité.
Enfin, Stethorus punctillum se nourrit exclusivement d’acariens nuisibles, en particulier le Tétranyque tisserand, en s’attaquant à tous ses stades de développement, larves comme adultes.
Conseils pour encourager la présence des coccinelles dans votre jardin
Il existe plusieurs méthodes simples pour favoriser l’installation de ces insectes bénéfiques. La première consiste à cultiver des fleurs attirant leurs préférences, telles que marguerites, cosmos, souci ou tournesols. Ces floraisons fournissent nectar et pollen, sources essentielles pour leur alimentation et leur reproduction.
Il est également crucial d’abandonner l’usage de pesticides, qui sont très toxiques pour ces insectes. Privilégier des pratiques respectueuses de l’écosystème permet de préserver leur présence naturelle et leur efficacité contre les nuisibles.
Pour renforcer leur présence, vous pouvez aussi planter des végétaux qui attirent les pucerons, comme les roses, dahlias ou tournesols. En attirant ces proies, vous offrez une nourriture abondante aux coccinelles. Si le besoin, il est envisageable d’acheter des coccinelles en élevage pour compléter la population naturelle et optimiser leur rôle dans la lutte contre les nuisibles locaux.
En dernier lieu, créer des habitats dédiés, tels que des hôtels à insectes, ou disposer des éléments naturels comme des tas de feuilles ou des pierres, favorisera leur installation, leur repos et la ponte de leurs œufs dans votre environnement.