Il est presque impossible de confondre le paon-du-jour avec d’autres papillons en raison de ses traits distinctifs : ses couleurs éclatantes et ses grands cercles colorés en font l’un des plus beaux représentants de la famille des nymphalidés présents en France. Ce lépidoptère a la particularité de passer l’hiver à l’état adulte, ce qui lui permet d’être observable dès février, lorsque le soleil brille. Focus sur un magnifique papillon coloré.
Quelle est la nature du papillon du paon-du-jour ?
Ce papillon appartient à l’ordre des lépidoptères et à la famille des nymphalidés. Son nom scientifique a évolué au fil du temps, passant de Inachis io à Aglais io. La première appellation grecque évoque un dieu fluvial, Inachos, et sa fille Io, tandis que la seconde, inspirée du grec « aglais », signifie beauté ou splendeur. Le nom courant « œil-de-paon » fait référence à ses motifs en forme d’ocelles qui rappellent l’ornementation des plumes du paon. De taille moyenne, il mesure entre 5 et 7 centimètres d’envergure, et sa silhouette remarquable contribue à son attrait.
Comment reconnaître le paon-du-jour ?
Son aspect visuel permet une identification aisée : le dessus de ses ailes arbore une teinte rouille avec des bordures marron, et il présente quatre ocelles. Deux d’entre eux, situés sur les ailes avant, exhibent des nuances de bleu, rouge et vermeille, tandis que les deux autres, sur les ailes arrière, ont un fond bleu cerclé de gris foncé. Ces ocelles servent de mécanisme de défense : en imitant des yeux, ils effraient les prédateurs lorsque le papillon déploie ses ailes. Le revers, plus sombre et dépourvu de motifs, facilite le camouflage, le dissimulant dans la végétation ou contre un tronc d’arbre. Chez cette espèce, il n’y a pas de différence visible entre mâles et femelles.
Où peut-on observer ce papillon ?
Ce papillon, très coloré, est courant dans plusieurs zones d’Asie et de grande partie de l’Europe, du centre de la Finlande jusqu’aux îles méditerranéennes. Adapté à une large gamme d’altitudes, il se voit dans les zones ouvertes et ensoleillées comme les prairies, les berges, les friches ou les parcs urbains bien végétalisés. Il fréquente aussi volontiers les villes, tant que celles-ci possèdent des espaces verts propices à son développement.
De quelles ressources ce papillon se nourrit-il ?
En tant qu’adulte, il se nourrit principalement de nectar provenant de diverses plantes à fleurs comme les ronces, le sureau, le buddleia, le lierre, la menthe, le saule, le pissenlit, la marjolaine, l’eupatoire chanvrine, la violette ou encore le trèfle. Il peut aussi consommer de la sève ou des fruits tombés au sol. La chenille, quant à elle, se nourrit principalement d’ortie, étant un exemple d’espèce oligophage, c’est-à-dire qu’elle a une alimentation très spécialisée. Dans les zones où l’ortie est absente, notamment en Méditerranée, elle se tourne vers la pariétaire officinale.
Quel est le cycle de vie de ce papillon ?
La durée de vie d’un papillon diurne se limite généralement à une année, et son développement suit plusieurs étapes :
- La ponte. La femelle dépose des œufs en grappes, souvent entre 50 et 200, sur l’envers d’une feuille d’ortie, sa plante hôte. Elle la dépose en couches successives.
- Les œufs. De couleur jaune ou verte, marqués de lignes blanches, ils éclosent après deux à trois semaines, en fonction de la température ambiante.
- La chenille. Minuscule à sa naissance, elle mesure 2 à 3 mm, avec une teinte blanc verdâtre et une tête noire brillante. Elle se métamorphose au fil des mues, devenant noire avec des points blancs et des piquants. Vivant en groupe dans une toile de soie lâche, elle se nourrit d’orties, et la période de croissance, de la chenille à la chrysalide, s’étend en moyenne sur 30 à 45 jours.
- La chrysalide. Après s’être séparée, la chenille trouve un support sec pour former sa chrysalide. Suspendue la tête en bas, elle entame la transformation intérieure, la nymphose.
- L’adulte. La métamorphose en papillon dure environ 15 jours. À sa sortie du cocon, le papillon, encore humide, déploie ses ailes pour les sécher avant de s’envoler, généralement après 5 à 10 minutes.
- La reproduction. La reproduction s’effectue peu de temps après la sortie de l’imago. En fonction des conditions, l’espèce peut produire deux ou trois générations par an, notamment lors d’automnes doux.
Comment le paon-du-jour passe-t-il l’hiver ?
Il est intéressant de noter que la deuxième génération de ce papillon a la capacité d’hiberner. Contrairement à la majorité des papillons diurnes qui hivernent sous forme de chrysalide, celui-ci entre en diapause imaginale. Lors des premiers froids, il se réfugie dans un endroit sombre et humide, comme une grotte, une cave, un tas de bois ou un arbre creux. En cas de redoux, il peut momentanément se réveiller avant de reprendre sa torpeur. Ce n’est qu’au début du printemps qu’il quitte sa cachette pour se reproduire.
Le paon-du-jour figure-t-il parmi les espèces en danger ?
Ce lépidoptère est considéré comme une espèce à préoccupation mineure selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Sa présence est relativement répandue, mais sa population reste stable sans bénéficier de mesures de protection spécifiques. Cependant, il est confronté à certaines menaces, notamment la disparition de ses plantes nourricières comme l’ortie, souvent considérée comme une mauvaise herbe urticante. La destruction de ces plantes prive le papillon de ses sites de ponte et de nourriture, ce qui peut compromettre sa survie. Pour préserver la biodiversité, il est essentiel de laisser des zones où l’ortie peut prospérer, car elles hébergent également de nombreux autres organismes comme les pucerons, les fourmis ou encore les escargots.