Le moustique tigre (Aedes albopictus) est un petit insecte volant originaire des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est. Identifié pour la première fois à Calcutta (Inde) à la fin du 19e siècle, il a connu une expansion rapide à travers le monde, porteur de son incroyable capacité d’adaptation aux environnements modifiés par les activités humaines. Ce vecteur peut transmettre une trentaine de maladies virales à l’homme, telles que le chikungunya, la dengue, le Zika, ou encore la fièvre jaune et l’encéphalite de Saint-Louis dans une moindre mesure.
Comment reconnaître le moustique tigre ?
Ce spécimen se distingue par ses longues pattes fines, qui soutiennent un corps bossu à l’aspect élancé. Sa tête tombante, nettement séparée du corps, est marquée par des lignes blanches en travers et une ligne blanche verticale sur le dessus. Ses ailes, d’un noir uni, contrastent avec ses autres caractéristiques et permettent de faire la différence avec d’autres moustiques plus clairs. En petite taille (de 2 à 5 mm), il est particulièrement discret, notamment parce que son vol est silencieux et qu’il vole près du sol, ce qui peut surprendre si l’on ne fait pas attention. Son vol lent, peu assuré, le rend plus facile à attraper à la main. Si vous parvenez à l’écraser, une fine poudre blanche pourra se déposer sur votre doigt.
La poussée du moustique tigre en France
Présent sur tous les continents sauf en Antarctique, le moustique tigre continue de s’étendre rapidement, profitant notamment des réseaux de transports modernes comme l’aérien ou le maritime. La première observation en France remonte à 2004, le long du littoral des Alpes-Maritimes. Depuis, il colonise rapidement le territoire, progressant vers l’intérieur des terres. Selon le site Tendances et animaux, en 2014, il était recensé dans 19 départements métropolitains. En 2020, ce nombre est passé à 58, et en janvier 2021, neuf départements supplémentaires sont touchés, ce qui représente environ 65 % du territoire national, majoritairement en vigilance rouge. Cette expansion rapide soulève des enjeux sanitaires et environnementaux majeurs.
Qu’est-ce qui explique leur développement si rapide ?
Pour comprendre leur expansion souvent fulgurante, il est essentiel d’étudier leur mode de reproduction. Ces insectes exploitent autant que possible les environnements urbains, où même de petites quantités d’eau stagnante suffisent pour leur permettre de pondre. Un simple récipient, à partir duquel l’eau ne s’écoule pas, peut accueillir des milliers de larves. La femelle pond régulièrement, tous les 10 à 12 jours, une centaine d’œufs à proximité d’une flaque. Si cette eau s’évapore, les œufs peuvent rester en dormance, prêts à éclore lorsque l’eau revient, parfois après plusieurs mois. À partir de là, les larves naissent, puis deviennent nymphes après une dizaine de jours, et enfin émergent sous forme d’adultes en quelques semaines. Leur cycle de vie est accéléré par la chaleur, et la femelle se nourrit alors de sang pour nourrir ses œufs, ce qui lui permet de continuer son cycle de reproduction. Leur capacité à survivre et à attendre dans des œufs dormants facilite leur transport sur de longues distances, notamment via le commerce international.
Comment limiter leur prolifération ?
Il est désormais évident que tenter d’éliminer complètement ces moustiques de nos environnements est une tâche difficile, voire impossible. Cependant, il est primordial d’apprendre à cohabiter avec eux en limitant leur reproduction et en réduisant leur densité. La lutte efficace nécessite une action collective coordonnée par les autorités, mais aussi l’engagement individuel. Adopter des gestes simples au quotidien permet de limiter leur présence et leur développement.
Les mesures collectives pour surveiller et contrôler leur propagation
La prise de conscience mondiale a conduit à la mise en place de programmes de surveillance entomologique, sous la direction de l’OMS. Ces initiatives consistent à suivre la progression géographique de l’invasion et à mettre au point des stratégies d’intervention. En France, l’organisme chargé de gérer cette problématique est Tendances et animaux. Ses missions incluent la surveillance du risque, l’évaluation des zones à haut potentiel de prolifération, et la validation des moyens de lutte, qu’ils soient chimiques ou mécaniques. L’organisme contrôle également la mise sur le marché des biocides, gère des outils d’information comme le site « signalement-moustique tigre« , et conseille sur les comportements à adopter pour réduire les piqûres et le risque de transmission de maladies. Par ailleurs, des innovations telles que la stérilisation des vecteurs ou la libération de prédateurs sont à l’étude pour renforcer la lutte.
Les agences régionales de santé (ARS) interviennent également pour appliquer ces mesures sur le terrain.
Gestes simples pour réduire la présence de moustiques tigres chez soi
Nos habitudes de vie jouent un rôle majeur dans leur prolifération. Pour limiter leur développement, il est conseillé de :
- Vider et éliminer tout contenant pouvant recueillir de l’eau stagnante dans le jardin ou sur le balcon, comme vases, arrosoirs, pneus usagés ou jouets abandonnés.
- Couvrir les récipients d’eau de manière hermétique, avec un couvercle ou une moustiquaire fine.
- Nettoyer régulièrement les gouttières et les caniveaux pour éviter l’accumulation de feuilles mortes ou de débris qui obstruent l’écoulement de l’eau.
- Saupoudrer de sable les soucoupes sous les pots de fleurs ou jardinières pour empêcher la stagnation d’eau.
- Veiller à ce que les terrasses soient bien drainées afin d’éviter la formation de flaques d’eau stagnantes.
- Utiliser des pastilles anti-larves dans les récipients d’eau stagnante, pour interrompre leur cycle de reproduction.
- Entretenir les plantations pour réduire leur attractivité auprès des insectes.
Comment se protéger efficacement ?
Les moustiques tigres sont principalement actifs durant la journée, en particulier à l’aube et au crépuscule. Heureusement, ils entrent rarement dans la maison ou ne s’y installent pas longtemps. Pour se préserver, il est conseillé d’utiliser des répulsifs efficaces, mais en faisant attention aux produits formulés à base de DEET ou d’icaridine, qui peuvent être nocifs ou provoquer des allergies, surtout chez les jeunes enfants ou les femmes enceintes. La pose de moustiquaires à mailles fines constitue également une barrière efficace. Même si ces insectes ne sont que peu porteurs de maladies en France, la douleur d’une piqûre peut être désagréable. Il est alors conseillé de désinfecter rapidement la zone à l’aide d’un pansement humide imbibé d’alcool à 70°, afin de prévenir toute infection. Enfin, des pièges à moustiques faits maison, à base de sirop de sucre roux et de levure, peuvent réduire leur nombre. Il est inutile d’utiliser des dispositifs inefficaces comme les bracelets, colliers ou diffuseurs à ultrasons, qui ne prouvent pas leur efficacité. À noter que, contrairement à certaines croyances, le moustique tigre ne transmet pas le virus de la Covid-19 ou ses variants.