Mouches blanches (aleurodes) : caractéristiques, habitats et méthodes de lutte

Accueil » Les animaux sauvages » Insectes » Mouches blanches (aleurodes) : caractéristiques, habitats et méthodes de lutte
Crédit photo : Christophe Quintin

L’aleurode, communément appelée mouche blanche, est fortement attirée par les environnements chauds. Elle s’attaque principalement aux plantes cultivées en intérieur ou sous serre, en suçant leur sève, ce qui peut entraîner leur dénutrition et leur dépérissement progressif. Mais comment distinguer cet insecte ? Pourquoi sa présence constitue-t-elle une menace pour nos végétaux ? Quelles astuces naturelles peut-on mettre en place pour le repousser ? Focus sur ce ravageur, un insecte de l’ordre des hémiptères, aussi redouté par les amateurs de jardinage que par les exploitants professionnels.

Description de l’aleurode ou mouche blanche

Les aleurodes, regroupés sous la super-famille des Aleyrodoidea, sont des petits insectes appartenant aux hémiptères. Originellement classés parmi les lépidoptères (les papillons), ils font maintenant partie du sous-ordre des sternorrhynches, caractérisés par leur alimentation à base de sève et leur rostre piquant. Leur particularité est d’avoir été introduits accidentellement en Europe à travers l’importation de végétaux en provenance d’Amérique du Sud et centrale. Grâce à leurs origines tropicales, ils préfèrent les climats chauds. Sur les environ 1200 espèces recensées à l’échelle mondiale, une soixantaine seulement vivent en Europe. Parmi les plus répandues, on trouve :

  • L’aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) ;
  • L’aleurode du tabac (Bemisia tabaci) ;
  • L’aleurode floconneux des agrumes (Aleurothrixus floccosus) ;
  • L’aleurode du chou (Aleyrodes proletella) ;
  • L’aleurode du fraisier (Aleyrodes lonicerae) ;
  • L’aleurode noir de l’olivier (Aleurolobus olivinus) ;
  • L’aleurode spiralant (Aleurodicus dispersus).

Apparence de l’aleurode ou mouche blanche

Ce tout petit insecte, adulte, mesure en général entre 1 et 3 millimètres. Son corps ainsi que ses deux paires d’ailes semblent recouverts d’une fine couche de poudre cireuse blancâtre, d’où son nom. Son rostre lui permet de percer la plante pour aspirer la sève. Lorsqu’ils sont dérangés, ces hémiptères se rassemblent en nuées éclatantes qui volètent au-dessus des feuilles pour se repositionner peu après. On le trouve aussi bien à l’intérieur des habitations, sur des plantes d’ornementation, dans les vérandas, que sur les cultures extérieures protégées.

Cycle de vie de l’aleurode

Ce ravageur suit un processus de développement appelé hétérométabole progressif, ce qui signifie que sa transformation est incomplète. Contrairement à un papillon, il n’a pas de phase nymphale distincte. Voici comment sa reproduction se déroule :

  • La femelle peut pondre jusqu’à 600 œufs très petits, à peine 0,2 millimètre, qu’elle dépose sur la face inférieure des feuilles. Protégés par une petite couche cireuse, ces œufs incubent entre 6 et 20 jours, selon la température ambiante ;
  • Les larves, après éclosion, passent par quatre stades. À leur sortie, elles disposent de pattes et d’antennes, ce qui leur permet de se déplacer. Lors de la première mue, elles perdent ces attributs pour devenir immobiles, fixées à la feuille, et passent par trois autres stades larvaires. La dernière étape, appelée stade pupal ou pseudo-nymphe, voit la larve apparaître sous une forme plate et ovale, entourée de filaments.
  • Enfin, l’adulte émerge de cette pupation par une ouverture en forme de T. Sa durée de vie varie généralement entre 20 et 30 jours. En extérieur, une population peut donner naissance à quatre ou cinq générations par saison, tandis qu’en serre ou en intérieur, ce chiffre peut doubler.

Grâce à leur rostre, ces insectes prélèvent la sève des plantes, tout en excrétant un miellat collant qui favorise la prolifération d’un champignon noir appelé fumagine. Leur attaque ralentit considérablement la croissance des végétaux, fait jaunir et détériorer les feuilles, jusqu’à leur décomposition. Sans intervention, la plante concernée peut finir par mourir. De plus, ils sont vecteurs de virus pathogènes, notamment dans les familles Crinivirus, Carlavirus, Ipomovirus et Begomovirus. Ces insectes s’attaquent à un large éventail de végétaux :

  • Plantes fleuries (hibiscus, géranium, chélidoine) ;
  • Arbustes ornementaux (brugmansia, myrte, fuchsia, azalée, rhododendron) ;
  • Légumes (haricot, manioc, pomme de terre, patate douce, concombre, citrouille, aubergine, poivron) ;
  • Fruits (tomate, melon, pastèque, fraise, agrume).

Mesures préventives contre l’aleurode

Comme le dit le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir. Voici quelques stratégies simples pour limiter leur présence :

  • Éliminer les mauvaises herbes qui peuvent servir de refuges à l’insecte ;
  • Aérer les plantations, car ces ravageurs détestent l’humidité. Déplacez éventuellement vos plantes d’intérieur en extérieur, ayez recours à l’aération lors de la nuit ou lorsqu’il pleut ;
  • Maintenir un sol humide par des arrosages réguliers, car l’humidité repousse leur infestation ;
  • Isoler les plantes en pot infectées pour éviter la dissémination ;
  • Installer des filets anti-insectes sur les cultures à risque ;
  • Aromatiser le jardin avec des plantes répulsives telles que la ciboulette, le basilic, la tagète, l’ail, ou encore l’œillet d’Inde et la capucine ;
  • Encourager la présence de prédateurs naturels en diversifiant la végétation.

Solutions naturelles pour lutter contre les aleurodes

Les insecticides chimiques sont souvent peu efficaces contre la mouche blanche, notamment parce que leurs œufs et larves sont recouverts d’une couche cireuse qui limite l’action des produits. Par conséquent, privilégiez des méthodes naturelles pour gérer ces parasites :

  • Répulsifs naturels. Des préparations à base de plantes comme l’ortie, l’ail ou la tanaisie, ou des huiles essentielles telles que celle de géranium rosat, diluées puis pulvérisées, peuvent repousser ces insectes qui n’apprécient pas leur odeur forte ;
  • Bandes adhésives. Placer des pièges jaunes collants dans les serres ou vérandas peut permettre d’attirer et de capturer ces nuisibles, tout en piègeant aussi d’autres insectes bénéfiques ;
  • Savon noir. Pulvérisé en solution, ce savon à base d’acides gras contribue à détacher et étouffer œufs et larves ;
  • Huile végétale. Utilisée au pinceau, cette huile peut être appliquée sur les feuilles pour éliminer les aleurodes ;
  • Introduction de prédateurs naturels. Selon l’espèce, des insectes comme les punaises (Macrolophus pygmaeus, Nesidiocoris tenuis), les coccinelles (Delphastus pusillus) ou encore certains parasites (Encarsia formosa) peuvent être introduits pour réguler la population. Attention, leur introduction doit respecter des conditions précises de température et d’humidité ;
  • Pyrèthre de Dalmatie. Utilisé depuis longtemps, ce produit à base de fleur de tanaisie a un effet insecticide naturel mais doit être employé avec prudence, notamment hors période de floraison pour éviter de nuire aux auxiliaires et aux abeilles.