La larve de la mouche responsable des semis représente une menace majeure pour les cultivateurs. En plus de consommer la matière organique en décomposition, cette insecte s’attaque également aux jeunes plants et aux bourgeons offrants une croissance tendre. Parmi ses victimes figurent les haricots, les tomates, les épinards, les asperges et les pommes de terre. Son apparence physique, ses étapes de développement ainsi que l’étendue des dégâts qu’elle provoque, sans oublier les stratégies pour la contrôler, seront détaillés dans cet article consacré à la mouche des semis.
Qui est la mouche des semis ?
La mouche des semis, appelée aussi mouche grise des semis, est un petit insecte appartenant à la famille des diptères brachycères. On la reconnaît à ses antennes courtes, caractéristiques de cette famille, qui inclut aussi la mouche domestique ou le taon. Nomée Delia platura en référence à la déesse Diane, sa nomenclature latin évoque une queue plate, un clin d’œil à l’abdomen élargi des mâles. Originaire d’Europe, cette espèce se distingue par ses particularités morphologiques et biologiques. La famille des anthomyiidés, à laquelle elle appartient, compte près de 1 800 espèces réparties en une soixantaine de genres.
Comment reconnaître la mouche des semis ?
La mouche des semis adopte différents aspects au fil de ses différents stades de vie. Voici les principales caractéristiques pour l’identifier à chaque étape :
Œuf
De teinte nacrée et d’environ 1 mm de longueur pour 0,3 mm de largeur, cet œuf allongé présente une courbure douce, avec un côté convexe et l’autre concave.
Larve
Ce larvage blanc, dépourvu de pattes, peut atteindre 7 mm à maturité, en partant d’un début de 0,7 mm. Son corps, aux teintes crème, est fin à l’avant et plus ralongé à l’arrière. La tête, noire, est visible à travers le corps, tandis que l’extrémité de l’abdomen porte des tubercules non reliés à leur base.
Pupe
De forme ovoïde, cette chrysalide mesure environ 4 à 5 mm de long pour 1,5 mm de large. Son exosquelette brun rougeâtre s’assombrit à l’approche de l’émergence de l’adulte, et ses tubercules postérieurs restent visibles.
Adulte
Les mouches adultes ressemblent à de petites mouches domestiques, avec une taille comprise entre 3 et 6 mm. Leur thorax est d’un gris pâle orné de trois bandes longitudinales plus foncées. Leurs ailes, repliées au repos, recouvrent partiellement leur abdomen. L’abdomen est clair, et leurs pattes sont noires. Les yeux, rougeâtres, contrastent avec leurs corps hérissés de soies noires.
Quels dommages la mouche des semis peut-elle causer ?
Les larves de cette mouche se nourrissent principalement de matières végétales et animales en décomposition. Toutefois, leurs voraces pinces s’attaquent également aux jeunes plants : germes, cotylédons et nouvelles pousses, pour certains cultures. Ces attaques peuvent entraîner une défoliation partielle ou totale des plantules, qui sont rongées avant même de sortir du sol. On observe alors des galeries, d’environ 1 mm de diamètre, souvent infestées par une ou deux larves. Les plantules affaiblies se noircissent, pourrissent, ou prennent des saveurs amères en cas d’altération. La destruction de ces tissus, plus vulnérables aux maladies fongiques, fragilise souvent la plante, conduisant à son dépérissement à la saison froide.
Quelles cultures sont vulnérables à cette insecte ?
La mouche des semis est une espèce omnivore qui privilégie les sols humides, riches en matière organique, souvent fraîchement travaillé, avec peu de végétation en surface. Elle représente une menace pour de nombreuses cultures maraîchères, fruitières, céréalières et florales. Plus de 40 types de plantes peuvent être ciblés par cet insecte, notamment :
- Choux chinois
- Haricots
- Pois
- Melons
- Épinards
- Concombres
- Betteraves
- Pastèques
- Asperges
- Tomates
- Oignons
- Pommes de terre
- Poivrons
- Rutabagas
- Soja
- Maïs
- Fraises
- Luzernes
- Glaïeuls
- Œillets
Quel est le cycle de vie de la mouche des semis ?
Selon les conditions climatiques, entre trois et six générations de cette mouche peuvent apparaître en une seule année. La vitesse de développement varie selon la température : il faut par exemple minimum 3,9°C pour qu’elle survive, tandis qu’au-delà de 33°C ou si le sol est sec, son éclosion et son émergence sont ralenties ou stoppées. Voici les étapes principales de son cycle vital :
L’œuf
La femelle dépose ses œufs dans un sol humide, riche en matière organique, ou directement sur la tige des plantes hôtes. Elle pond souvent en petites masses, contenant une dizaine d’œufs, ou individuellement. En conditions optimales (20-25°C), l’éclosion intervient environ deux jours après la ponte, mais peut prendre jusqu’à neuf jours si la température est fraîche.
La larve
Après l’éclosion, les larves migrent pour atteindre une racine, où elles s’alimentent des tissus intérieurs de la plante. Leur activité peut durer entre une et quatre semaines, en fonction de la température ambiante, causant de lourds dégâts sur les végétaux.
La pupe
Quand sa croissance est achevée, la larve s’enfonce dans le sol pour devenir une pupe. La transformation prend entre sept et quatorze jours. Pendant l’hiver, cette étape peut se prolonger, la larve s’enterre entre 7 et 13 cm pour survivre à la saison froide.
L’adulte
Les adultes issus de la première génération émergent au début du printemps après avoir passé l’hiver sous forme de pupes. Les mâles apparaissent généralement avant les femelles, permettant la reproduction. Le cycle complet, d’un œuf à l’adulte, s’étale en moyenne sur 16 à 21 jours, mais peut aller jusqu’à 75 jours selon les conditions thermiques.
Comment lutter écologiquement contre la mouche des semis ?
Les traitements chimiques ne sont généralement pas autorisés pour contrôler cette mouche. Cependant, des mesures préventives efficaces peuvent limiter fortement la prolifération de l’insecte. Travailler le sol en profondeur au moment de l’automne permet d’exposer et détruire une grande partie des pupes. Ces pratiques visent deux objectifs principaux : rendre le lieu moins attractif pour la mouche et favoriser une germination rapide des jeunes plants. Voici quelques recommandations importantes :
- En automne, bêchez le terrain pour faire remonter les pupes à la surface, où elles seront exposées aux températures basses et aux prédateurs naturels.
- Enlevez tous les débris issus des récoltes précédentes pour réduire les sites de reproduction.
- Avant le semis, laborez profondément afin d’enfouir la matière organique résiduelle, moins attractive pour la mouche.
- Une fois le labour réalisé, évitez de remouiller le sol jusqu’au semis, pour limiter les sites de ponte.
- Attendez que le sol soit suffisamment chaud (>10°C) pour semer, afin d’accélérer la germination et réduire la période d’exposition aux attaques.
- Semez à une profondeur maximale de 2-3 cm, ce qui favorise une germination plus rapide et limite la vulnérabilité.
- Privilégiez un semoir pneumatique pour assurer une dispersion homogène des graines à la profondeur adaptée, puis compacter le sol pour un bon contact entre la graine et la terre.
- Évitez d’employer du fumier ou des engrais organiques frais qui pourraient favoriser la présence de pupes dans le sol.
- Pour renforcer la protection, encouragez la présence de prédateurs naturels en plantant des arbustes à proximité, qui attireront oiseaux et insectes utiles. La mise en place de haies, de plantes mellifères et de mangeoires attirera ces oiseaux insectivores, capables de réguler la population de mouches et larves.