Le monde animal et humain est exposé à une grande diversité de tiques, avec plus d’un millier d’espèces recensées à travers la planète. Toutefois, seules quelques-unes sont reconnues pour être porteuses de maladies graves, comme le souligne l’organisme Tendances et animaux. Ces parasites peuvent transmettre divers agents pathogènes, comme des virus, des bactéries ou des parasites, qui peuvent infecter aussi bien les animaux sauvages et domestiques que les êtres humains. En Europe, notamment, Ixodes ricinus et Rhipicephalus jouent un rôle majeur dans la transmission de ces agents infectieux.
Les maladies virales liées aux tiques
Deux principales infections virales transmise par ces acariens concernent la santé mondiale.
L’encéphalite à tique
Ce virus, appartenant à la famille des Flavivirus, est capable d’infecter aussi bien des moustiques que des tiques. Lorsqu’il est transmit par la morsure d’une tique, notamment Ixodes ricinus, il peut causer chez l’homme ainsi que chez certains animaux un syndrome neurologique. Outre la morsure, l’ingestion de lait cru de vache, chèvre ou brebis, ou la consommation de fromage non pasteurisé, peut aussi occasionner une infection. La piqûre introduit le virus dans l’organisme via la salive de la tique, provoquant initialement des symptômes semblables à une grippe légère ou un syndrome méningé bénin. Selon la région, le sous-type oriental peut entraîner une fièvre marquée, des troubles digestifs, ainsi que des douleurs et rigidité cervicale. Une deuxième phase peut s’accompagner de troubles de la vision, de sensations anormales ou de paralysie musculaire. À ce jour, aucun traitement curatif n’existe, mais la vaccination est recommandée pour les personnes évoluant en milieu boisé ou forestier.
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo
Causée par le Nairovirus, cette maladie est véhiculée par la tique Haylomma. Présente en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, ainsi qu’en Europe de l’Est et du Sud depuis 2023, elle affecte aussi bien les humains que les animaux domestiques. L’incubation dure généralement de 3 à 7 jours, avec une évolution souvent bénigne, ressemblant à une grippe. Cependant, la forme grave peut entraîner une défaillance des reins et du foie, accompagnée de saignements. La majorité du temps, chez les animaux, la maladie ne cause pas de symptômes apparents, mais chez l’homme, elle peut s’avérer fatale dans une proportion variable. Jusqu’à présent, aucun cas humain n’a été rapporté en France, mais la présence de cette maladie est confirmée depuis 2023.
Les infections bactériennes transmises par les tiques
Une autre menace provient des bactéries véhiculées par ces parasites, qui peuvent infecter aussi bien l’humain que les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages.
la borréliose de Lyme
Deuxième maladie la plus fréquente transmise par la morsure de tique en France, la borréliose de Lyme (causée par Borrelia burgdorferi sensu lato) peut également toucher chiens, chats et autres faunes. La progression de la maladie se divise en trois phases caractéristiques :
- Une forme locale précoce, apparaissant dans le mois suivant la piqûre, se manifeste par une tache rondelle indolore, connue sous le nom d’érythème migrant.
- Une phase disséminée précoce, comportant plusieurs érythèmes tournants, ainsi que des signes neurologiques comme la paralysie faciale ou des inflammations articulaires, notamment le genou. Des manifestations plus rares incluent des troubles cardiaques ou ophtalmologiques.
- Une forme tardive, souvent plusieurs mois ou années après la piqûre, se caractérise par des douleurs articulaires chroniques ou des troubles neurologiques.
Quel que soit le stade, l’administration d’antibiotiques est cruciale pour arrêter l’évolution de la maladie. En phase initiale, cela permet généralement de résoudre le problème et d’éviter des complications ultérieures. Chez les animaux domestiques, comme les chiens et les chats, la maladie peut se déclarer plusieurs mois après la morsure, avec des signes tels que fièvre, grande fatigue, perte d’appétit ou inflammations articulaires. Chez les félins, une faiblesse ou une inflammation articulaire peuvent aussi être observées.
Les rickettsioses
Des bactéries du genre Rickettsia, transmises notamment par les tiques Dermacentor et Rhipicephalus, peuvent provoquer chez l’humain une fièvre brutale accompagnée de maux de tête, d’éruptions cutanées, voire de malaise général. Chez les chiens et chats, ces infections peuvent également survenir, souvent par morsure ou ingestion. En France, ces cas restent rares, mais des maladies graves comme la fièvre pourprée ou l’ehrlichiose peuvent atteindre les animaux ou les humains dans d’autres régions, notamment en Méditerranée. La prise en charge précoce avec un traitement antibiotique peut sauver la vie.
l’anaplasmose
Cette infection bactérienne, rare chez les petits animaux, peut toucher également l’humain, principalement via la piqûre d’une tique Ixodes ricinus. Elle entraîne une variété de symptômes : fièvre, fatigue, perte d’appétit, douleurs, rigidité ou boiteries, vomissements, diarrhées ou saignements. Chez l’humain, cette maladie peut passer inaperçue ou causer des douleurs musculaires, des frissons et de la fièvre. Elle peut également affecter l’élevage bovin, qui peut souffrir d’anémie, de faiblesse et de détresse respiratoire. La lutte contre cette infection est devenue crucial en France, en raison du réchauffement climatique favorisant sa propagation.
la tularémie
Ce mal, généralement peu dangereux pour les chiens, peut s’avérer mortel pour certains animaux comme les lagomorphes ou rongeurs. La transmission s’effectue par morsure, griffure ou ingestion d’animal contaminé, mais aussi par la piqûre d’une tique porteuse de Francisella tularensis, notamment Dermacentor ou Amblyomma. Chats, chevaux, moutons, porcs et humains peuvent contracter cette maladie, qui se manifeste par l’apparition de ganglions, toux, essoufflement ou fièvre. La prise en charge rapide par antibiotiques est essentielle pour limiter les risques de septicémie.
Au-delà de leur rôle dans la transmission de virus et bactéries, les tiques sont également porteurs de parasites.
Les parasites véhiculés par les tiques
Trois principales parasitoses peuvent être transmises lors d’une piqûre, affectant à la fois les animaux et l’humain.
La babésiose
Le plus souvent, l’être humain n’est qu’un hôte accidentel de Babesia spp., suite à une morsure par une tique Ixodes ou Rhipicephalus. Cette infection provoque une anémie hémolytique sévère chez les personnes immunodéprimées. Chez le chien, cette maladie, communément appelée Piroplasmose, réside dans la multiplication du parasite au sein des globules rouges, menant à une anémie, de la fièvre et une urine foncée en cas de complication. La gravité dépend de la souche, Babesia canis étant la plus agressive. En l’absence de traitement, la vie de l’animal est en danger. Un vaccin existe pour limiter la sévérité, mais ne couvre pas toutes les souches. Chez le chat, les symptômes sont semblables mais apparaissent plus tardivement, et incluent apathie, refus de s’alimenter ou diarrhée. En cas de suspicion, une consultation vétérinaire est indispensable pour un diagnostic et un traitement adaptés.
La théilériose
Surtout rencontrée chez les bovins, ovins, caprins et chevaux, cette infection parasitaire est transmise principalement par la piqûre de tiques du genre Haylomma ou Rhipicephalus. Elle est répandue en Afrique, où elle est connue sous le nom de fièvre de la côte orientale chez les bovidés. La maladie se manifeste par une fièvre, une anorexie, et parfois un écoulement nasal ou une diarrhée. La phase avancée peut conduire à un œdème pulmonaire ou une détresse respiratoire. La maladie en zone tropicale présente également destruction des globules rouges et anémie, avec une complication fatale éventuelle si le traitement n’est pas rapidement instauré.
Les mesures de prévention contre les maladies transmises par les tiques
Les activités en extérieur, que ce soit dans la forêt, les prairies ou les jardins, augmentent considérablement le risque de morsures pour les humains comme pour leurs animaux. La période d’avril à novembre est particulièrement critique, mais la présence des tiques n’est pas limitée à ces mois. Pour limiter cette exposition, il est important de suivre quelques précautions :
- Privilégier les chemins balisés et évitant la végétation haute, pour limiter le contact avec ces parasites.
- Porter des vêtements couvrants, comme un pantalon et des chaussures hautes, en forêt ou dans des zones peu entretenues, pour éviter que les tiques ne s’accrochent à la peau.
- Utiliser des répulsifs adaptés pour repousser ces acariens lors de vos sorties outdoor.
- Choisir des vêtements de couleur claire afin de repérer rapidement une tique avant qu’elle ne se fixe et pique.
Pour la protection de votre animal :
- Évitez les zones avec une végétation dense, humides ou boisées, ou restez sur les sentiers pour réduire le risque de contact.
- Appliquez des produits antiparasitaires tels que colliers, sprays ou traitements médicaux recommandés par votre vétérinaire.
- Vaccinez votre compagnon contre certains agents pathogènes, même si le vaccin contre la piroplasmose ne garantit pas une protection totale.
Après chaque sortie, effectuez une inspection minutieuse de la peau et de la fourrure de votre animal. Évitez de presser ou écraser la tique avec les doigts, car cela pourrait libérer des agents infectieux. La meilleure méthode consiste à enfermer la tique dans un papier absorbant et à la détruire en la brûlant, évitant ainsi toute nouvelle infection ou le risque de contamination pour vous ou vos animaux.