Les petits insectes appelés pucerons, appartenant à l’ordre des hémiptères, ont souvent une réputation peu flatteuse auprès des jardiniers. Leur mode de vie consiste à se nourrir de la sève des végétaux, ce qui peut entraîner des déformations sur les feuilles, les tiges et les fleurs. Cependant, comme tous les organismes vivants, ils jouent aussi un rôle essentiel dans leur environnement. Cet article vous guide pour mieux comprendre ces insectes souvent mal perçus et leur fonction dans la nature.
Description des pucerons
On recense une diversité impressionnante d’espèces de pucerons, répandues à travers le globe, avec une prépondérance dans les régions tempérées. En France, on identifie notamment le puceron du chou (Brevicoryne brassicae), celui du pois (Acyrthosiphon pisum) ainsi que le puceron des céréales (Sitobion avenae), pour ne citer que quelques exemples.
En général, ces insectes sont de petite taille, ne dépassant pas 5 millimètres de longueur. Leur corps, souple et arrondi, est équipé de deux antennes et de deux paires de petites jambes. La couleur est variable selon l’espèce : vert, noir, jaune ou rouge. La majorité d’entre eux ne dispose pas d’ailes, mais certaines espèces ont la capacité de voler. Certains pucerons ailés ont été repérés à des altitudes pouvant atteindre 600 mètres, transportés sur plusieurs kilomètres par le vent.
Ils se reproduisent de deux façons : les mâles fécondent les femelles qui, durant l’hiver, pondent des œufs donnant naissance à des femelles fondatrices. Ces dernières, via un processus de reproduction appelé parthénogenèse, produisent une progéniture asexuée, ce qui explique leur prolifération rapide. Cette capacité à se multiplier rapidement permet à ces insectes d’envahir rapidement leurs hôtes végétaux.
Le rôle des pucerons dans leur environnement
Malgré leur mauvaise réputation, les pucerons participent à la chaîne alimentaire. Ils servent de nourriture à de nombreux prédateurs comme les oiseaux, certains petits mammifères ou encore des insectes spécifiques. Ils hébergent aussi des parasites. La mésange bleue, par exemple, est connue pour se régaler de ces nuisibles. D’autres oiseaux comme l’hirondelle ou des petits passereaux apprécient aussi de se nourrir de pucerons ou de leurs insectes parasites. De plus, leur sécrétion sucrée, le miellat, attire les insectes pollinisateurs, contribuant ainsi à la pollinisation de certaines plantes. Cependant, ils peuvent aussi transmettre des maladies aux végétaux, ce qui nécessite leur contrôle pour limiter les dégâts.
Lorsque des pucerons s’installent sur une plante, on observe souvent un ralentissement de sa croissance et des déformations de ses feuilles. La présence de fumagine, une fine couche noire provoquée par un champignon microscopique qui se développe sur le miellat, est également un signe distinctif. Ce voile noir, qui apparaît surtout par temps chaud et humide, gêne la photosynthèse en recouvrant les feuilles. Approché de la plante malade, vous remarquerez probablement des colonies de pucerons, accompagnées souvent de fourmis qui récoltent le miellat pour leur nourriture.
Les pucerons sont particulièrement attirés par la couleur jaune. Pour limiter leur arrivée, on peut placer à proximité des pièges adhésifs de cette couleur, recouverts d’un produit collant empêchant les insectes de s’échapper. Ces pièges sont aussi efficaces contre d’autres nuisibles comme les mouches blanches, les moucherons ou les thrips. Il est conseillé d’utiliser un piège par plant de 1 mètre de hauteur, en adaptant le nombre selon la densité de végétation.
Une autre stratégie consiste à introduire dans le jardin des insectes naturalement prédateurs des pucerons, tels que les coccinelles, les chrysopes ou les syrphes, vendus par des spécialistes du jardinage biologique. Avant toute acquisition, il est important de diagnostiquer précisément la présence de pucerons pour choisir le bon type de prédateur, en tenant compte du végétal affecté. Les parasitoïdes, insectes qui pondent leurs œufs à l’intérieur des pucerons, sont aussi très efficaces : en se nourrissant de leur hôte, ils provoquent leur mort inévitablement. Certaines applications mobiles, comme celles développées par Tendances et animaux, permettent d’identifier ces parasites et d’orienter la lutte biologique.
Le recours à des plantes dites “alliées” est une méthode naturelle pour tenir ces insectes à distance. Ces végétaux, parfois aromatiques ou fleuris, émettent des odeurs ou substances qui déroutent les pucerons ou attirent leurs prédateurs. Parmi les plantes bénéfiques, la lavande est particulièrement efficace contre les pucerons verts présents sur les arbres fruitiers et rosiers. L’anthémis, la rue officinale, l’œillet d’Inde et le souci jouent également un rôle répulsif. La capucine, quant à elle, attire les pucerons (sauf le lanigère) pour éloigner leur attaque des autres cultures, mais il est conseillé de couper ses tiges en cas d’infestation. Les plantes aromatiques à forte odeur, comme le basilic, le thym ou la menthe, sont également recommandées pour dissuader ces nuisibles.
Il est essentiel de se documenter pour savoir quelles associations végétales conviennent à chaque culture, car toutes ne cohabitent pas harmonieusement.
Il peut être utile de tailler les branches fortement colonisées, si cela n’endommage pas la croissance de la plante. Sinon, des remèdes maison à base de plantes peuvent être pulvérisés sur les zones touchées. Par exemple, un extrait d’ortie laissé macérer une semaine puis dilué peut aider à éliminer ces insectes. La fougère en macération est aussi efficace contre eux. Le savon noir dilué, à raison de cinq cuillères à soupe pour un litre d’eau, constitue un traitement naturel accessible. Le pyrèthre, un insecticide biologique extrait de certaines fleurs, peut également être employé. D’autres solutions incluent des huiles végétales ou minérales qui assphyxient les pucerons. Cependant, ces produits non sélectifs doivent être utilisés avec précaution, notamment si vous cultivez des légumes ou des fruits destinés à la consommation : il est crucial de vérifier leur innocuité avant utilisation.