Les 10 principales espèces d’insectes pollinisateurs en France

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La préservation des abeilles domestiques occupe une place centrale dans l’actualité médiatique, au point d’éclipser souvent l’importance d’autres insectes pollinisateurs, tout aussi cruciaux pour notre environnement. En effet, près de 35 % de notre alimentation repose sur la pollinisation par divers insectes, et la France héberge une diversité impressionnante de près de 1 000 espèces différentes de pollinisateurs. Pour enrichir votre connaissance, voici une sélection de trois hyménoptères qui jouent un rôle vital dans cette mission naturelle.

Trois hyménoptères essentiels à la pollinisation

Le Bourdon des champs (Bombus pascuorum) est souvent confondu à tort avec des mâles d’abeilles par les néophytes, mais il s’agit d’une espèce distincte regroupant mâles et femelles. Ces insectes vivent dans des colonies structurées autour d’une reine pouvant mesurer entre 15 et 18 millimètres. La colonie est composée d’ouvrières, qui ont une taille comprise entre 9 et 15 mm, ainsi que de mâles de 12 à 14 mm. Au début de la saison, la reine engendre des ouvrières stériles qui participent à l’expansion du nid et à la nourriture de larves. Plus tard, en été, naissent des mâles et des femelles adultes. Les colonies comptent généralement entre 130 et 150 individus. La reine meurt à l’automne, entraînant la dislocation progressive de la colonie, seul peu de jeunes reines fécondées survivant à l’hiver pour fonder de nouvelles colonies au printemps. Les adultes arborent souvent un thorax jaune orangé, couverts de poils discrets et ébouriffés. Leur habitat se trouve principalement dans la végétation basse, à proximité des lisières forestières ou dans des cavités du sol, sous bois ou herbes épaisses.

La Guêpe ichneumon est souvent mal identifiée, ressemblant à une guêpe, mais ses longues antennes segmentées offrent un indice distinctif. Certaines femelles possèdent un ovipositeur, un organe de ponte situé à l’extrémité de l’abdomen. Avec des milliers d’espèces, leur taille varie entre quelques millimètres et 5 centimètres, et leur coloration peut aller du jaune au noir, ou combiner différentes teintes comme le brun ou le noir et jaune. Certaines espèces hivernent sous l’écorce ou au sein de débris forestiers, se mettant à l’abri durant la saison froide.

Les Abeilles des sables regroupent plusieurs espèces du genre Andrena, souvent appelées Andrènes. Ce sont des insectes solitaires qui creusent des tunnels dans des sols sableux ou légers, où chaque femelle élève seule ses larves. Avec plus de 150 espèces en France, ces petites abeilles se distinguent par leurs poils abondants notamment sur leurs pattes postérieures. Leur déclin est préoccupant, car leur disparition aurait un impact négatif majeur sur la pollinisation de nombreux végétaux, peu mis en avant dans les débats centrés sur l’abeille domestique.

Deux papillons diurnes à rôle pollinisateur

La Vanesse du chardon (Vanessa cardui), également surnommée Belle-dame, migre depuis l’Afrique du Nord vers l’Europe au printemps, évoluant en petits groupes. Lors de ses déplacements, elle réalise de brèves pauses pour se sustenter de nectar, préférant les fleurs de chardon. Elle est capable de parcourir jusqu’à 500 kilomètres par jour lors de ses migrations.

Le Sphinx colibri ou Moro sphinx (Macroglossus stellatarum) doit son nom à sa ressemblance avec le colibri, notamment par sa capacité à faire du vol stationnaire et son agilité. Bien qu’il ne fasse pas partie des colibris, ce papillon peut atteindre une vitesse de croisière de 40 km/h en moyenne, pouvant parfois dépasser les 50 km/h.

Un papillon nocturne acteur de la pollinisation

Souvent méconnu, le rôle des papillons de nuit dans la pollinisation est pourtant fondamental. Avec un nombre d’espèces dix fois supérieur à celui des papillons diurnes, ils participent activement à la reproduction de plusieurs végétaux, transportant plus de pollen sur de plus longues distances. Leur corps, tout couvert de poils, retient bien la poussière pollinique. Ces insectes jouent également un rôle dans l’agriculture, notamment pour des cultures comme le pois, le haricot, ou le colza, ainsi que pour de nombreuses plantes ornementales. Certains de leurs larves peuvent endommager les cultures, mais leur contribution reste essentielle. Vous pouvez encourager leur présence dans votre jardin en plantant des floraisons nocturnes parfumées, comme le datura ou la belle-de-nuit, ou en laissant des fruits trop mûrs tels que bananes et raisins à l’extérieur pour attirer ces pollinisateurs nocturnes.

Le Sphinx à corne de bœuf est un exemple particulièrement efficace ; avec une trompe impressionnante de 8 à 13 cm, elle lui permet de butiner des fleurs profondes comme celles du chèvrefeuille. Sa capacité à rester en vol stationnaire, semblable à celle du Moro-sphinx, lui confère un rôle important dans la pollinisation. La chenille de cette espèce est volumineuse, pouvant atteindre 10 cm, et se fond parfaitement dans le décor grâce à ses teintes marron-gris. Le papillon lui-même peut se reposer durant la journée sur des troncs d’arbre sans être dérangé.

Deux coléoptères pollinisateurs à ne pas négliger

La Cétoine dorée (Cetonia aurata) est parfois appelée le « Hanneton des roses » en raison de ses préférences pour cette plante. Sa carapace métallisée verte, décorée de marques blanches en bandes horizontales, brille au printemps lorsque l’insecte se chauffe au soleil. On la trouve souvent dans les arbustes tels que prunelliers, églantiers, sureaux ou lilas. Sa larve, mesurant de 3 à 4 cm, met plusieurs années à se développer en se nourrissant de bois en décomposition. Facile à distinguer du hanneton, elle présente une silhouette plus trapue, avec une petite tête et un abdomen volumineux.

L’Oedémère noble (Oedemera nobilis) est un petit coléoptère de 8 à 10 mm, avec des élytres aux reflets métallisés, allant du vert au cuivre ou au doré. On le trouve dans les prairies fleuries entre avril et août, où il se nourrit principalement de nectar et de pollen, tandis que ses larves se développent en consommant du bois mort.

Deux diptères pollinisateurs

Les Éristales, membres de la famille des Syrphes, présentent des motifs mimant ceux des guêpes ou des abeilles, tout en étant capables de vol stationnaire. Leur corps est souvent halluciné par des bandes orange et noires. En France, on en repère une quinzaine d’espèces, dont le Syrphe ceinturé, mesurant entre 7 et 12 mm. Cet insecte migre parfois vers le Sud en hiver, puis revient avec l’arrivée du beau temps. Ses larves, carnivores, s’attaquent à des pucerons, contribuant ainsi à la lutte intégrée contre ces nuisibles.

Le Grand Bombyle (Bombylius major) peut évoquer un bourdon à première vue, mais sa différence essentielle réside dans sa trompe rigide, aussi longue que son corps, qui lui sert à butiner. Mesurant entre 8 et 12 millimètres, cet insecte se pose souvent sur des pierres ou des branches, ses ailes noires bordées de blanc étant caractéristiques. On le voit fréquemment dans les parcs, jardins et zones boisées, principalement entre avril et juin. Son alimentation se compose de nectar, aspect évident lors de ses moments de repos.

L’importance fondamentale de la pollinisation

La pollinisation désigne le processus de transfert du pollen, provenant des organes mâles des fleurs (étamines), vers les parties femelles (pistils). Ce mécanisme est crucial pour la reproduction végétale et la survie d’une très grande diversité de plantes.

Ce déplacement peut s’effectuer de multiples façons. Outre le vent et l’eau, certains animaux équipés d’ailes participent également à cette tâche. Parmi eux, de petits oiseaux comme le colibri, ou même quelques chauves-souris, jouent un rôle dans la fécondation de nombreuses espèces. La pollinisation portée par les insectes est appelée entomogamie, et elle concerne environ 90 % des plantes à fleurs dans le monde. En Europe, une majorité (84 %) des espèces végétales cultivées dépend directement de leurs pollinisateurs pour leur reproduction.

Pour encourager la présence d’insectes pollinisateurs dans votre jardin, il est conseillé d’adopter différentes pratiques, telles que l’installation de refuges pour insectes, mais également de privilégier la plantation de fleurs sauvages locales, de limiter la tonte ou le fauchage, de laisser des zones en libre développement, de créer des haies composées d’espèces indigènes, de conserver du bois mort, d’instaurer un bassin naturel dépourvu de poissons, ou encore d’aménager des espaces rocheux et laisser des terrains en friche. Éteindre les lumières artificielles la nuit peut également favoriser leur activité.