Le perce-oreille est un insecte très répandu, qui ne passe généralement pas inaperçu. Doté de pinces imposantes et d’un nom intrigant, il est entouré de légendes, notamment celle selon laquelle il pourrait s’introduire dans nos oreilles pendant notre sommeil. Toutefois, sa principale défense n’est pas ses pinces, mais sa capacité à se déplacer rapidement sur ses six pattes pour prendre la fuite.
Informations essentielles sur le perce-oreille
Ce petit insecte, connu sous le nom scientifique de Forficula auricularia, appartient à la famille des forficulidés, dans l’ordre des dermaptères. Avec environ 1800 espèces recensées à travers le monde, une vingtaine se rencontrent en France. Son nom provient de son attrait pour les fruits à noyau, comme l’abricot ou la pêche, dont la forme évoque une oreille. Plusieurs mythes négatifs circulent à son sujet, notamment celui qui prétend qu’il pourrait perforer l’oreille humaine — une idée totalement infondée.
Une carapace qui rappelle le cuir
Le nom dermaptère fait référence à la texture de ses ailes, qui ressemblent à du cuir en raison de leur aspect cuirassin, conséquence de leur desquamation. Bien que ses ailes soient piquées et bien développées, il les utilise rarement pour voler, préférant généralement marcher. Son corps long est recouvert d’une carapace de chitin brun rougeâtre, offrant une protection naturelle. La silhouette du forficule est caractérisée par son abdomen clairant, terminé par deux pinces rigides. Avec trois paires de pattes, deux antennes et des pièces buccales broyeuses, il mesure entre un et deux centimètres de long.
Les pinces : à quoi servent-elles ?
Les pinces du perce-oreille remplissent des fonctions différentes selon le sexe :
- Chez le mâle, elles sont grandes, courbées et dentelées, et elles servent principalement à intimider ses adversaires, à capturer ou à manipuler ses proies, ainsi qu’à séduire ses partenaires ;
- Chez la femelle, elles sont plus petites, droites, et agissent comme des ciseaux pour défendre les œufs ou les jeunes chenilles contre de petites menaces.
En réalité, ces pinces ne constituent pas une arme de prédation efficace contre les grands prédateurs comme les oiseaux ou les mammifères insectivores. La meilleure défense du perce-oreille consiste généralement à s’éloigner de ses agresseurs ou à disperser une substance chimique à odeur forte, émise par des glandes abdominales, pour dissuader ses ennemis. La fuite reste toutefois la stratégie la plus courante pour échapper au danger.
Un insecte nocturne et discret
Ce petit animal est présent dans de nombreuses régions du monde, y compris dans toute la France. Très adaptable, il fréquente un large éventail d’habitats : forêts, zones ouvertes, jardins. Son mode de vie favorise l’obscurité et l’humidité, ce qui explique qu’il passe la journée caché sous l’écorce, dans des fissures, sous des pierres, ou encore dans des pots de fleurs. La nuit venue, il devient actif pour rechercher sa nourriture.
Une alimentation diversifiée
Le perce-oreille est un omnivore opportuniste, se nourrissant de différents types d’aliments sans préférence stricte. Il profite tant de jeunes feuilles, fleurs, pousses, que de fruits en décomposition tels que pêches ou abricots très mûrs. Son régime inclut également des champignons microscopiques, des lichens, des algues, ainsi que des petits arthropodes comme pucerons, acariens, œufs de limaces ou larves d’insectes. À l’occasion, il peut même se montrer cannibale en s’attaquant à ses congénères.
La reproduction et l’élevage des larves
Les mâles s’accouplent avec les femelles durant la période chaude. Lorsqu’arrivent les premiers froids, ils se réfugient dans le sol pour hiberner. La femelle creuse un terrier où elle dépose une trentaine d’œufs, qu’elle couvre en les léchant assidûment pour les préserver de l’humidité. Vers la mi-mai, les larves éclosent et la mère continue à leur apporter des soins jusqu’à leur dernière mue. Après quatre mues, les jeunes perce-oreilles, dépourvus d’ailes, émergent vers juillet.
Une vie courte mais active
Les mâles vivent généralement moins d’un semestre, mourant souvent durant l’hiver. Les femelles, quant à elles, peuvent vivre jusqu’à un an, leur vie étant principalement consacrée à l’élevage de leur progéniture. Cette implication dans leur reproduction est notable chez les insectes, qui ne prennent rarement soin de leurs larves.
Le rôle dans le jardin
À partir du mois de mai, les jeunes perce-oreilles commencent à chasser par eux-mêmes, se nourrissant de pucerons, larves et autres petits insectes nuisibles aux plantations. Ils jouent également un rôle dans la lutte biologique en régulant des populations comme les psylles du poirier, et en consommant des matières en décomposition. Bien que leur régime ait été considéré naguère comme ravageur, de nos jours, ils sont appréciés par de nombreux jardiniers comme de précieux auxiliaires, dont l’action bénéfique dépasse largement leurs éventuels petits dégâts.