Le papillon du palmier : caractéristiques et écologie

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Crédit photo : Daniel Villafruela

Ce papillon, originaire d’Amérique du Sud, a été introduit accidentellement en Europe, où il est aujourd’hui reconnu comme un nuisible majeur des palmiers. Ses larves s’attaquent aux tronc en y creusant de profondes galeries, ce qui fragilise considérablement les arbres, pouvant même entraîner leur décès. La dégradation des palmiers, notamment dans la région méditerranéenne où ils sont largement plantés pour orner les espaces publics et privés, suscite une réelle inquiétude. Mais qui est cette espèce envahissante et comment vit-elle ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le papillon du palmier.

Qu’est-ce que le papillon du palmier ?

Ce lépidoptère, nommé Paysandisia archon, appartient à la famille des castnidés, un groupe spécifique de papillons. Unique représentant de son genre, il a fait son apparition en Europe après avoir été accidentellement importé d’Amérique latine, notamment lors de échanges de palmiers. Depuis son introduction, il s’est rapidement répandu dans le sud du continent, devenant un véritable fléau pour la santé des palmiers, qu’il menace sérieusement en occasionnant des dégâts importants.

Comment identifier le papillon du palmier à chaque étape de sa vie ?

Pour préserver ses palmiers, il est essentiel de distinguer cet insecte à chaque phase de son développement :

  • En phase adulte, il se déploie en un grand papillon aux ailes pouvant mesurer jusqu’à 11 cm d’envergure. Les ailes antérieures présentent une teinte vert-olive avec des rayures brunes, tandis que les ailes postérieures arborent des couleurs rouge-orangé ornées de taches blanches et noires. La femelle, généralement plus grande, possède un ovipositeur proéminent, un maquillage moins coloré et des petits ocelles visibles sur les deux faces des ailes antérieures.
  • La larve apparaît comme une chenille robuste, de couleur blanche ou jaune clair, avec des anneaux bruns foncés. Son corps est droit, équipé de trois petites paires de pattes thoraciques, avec une tête brunie munie de mandibules puissantes. À maturité, elle peut atteindre 9 cm de long et 1 cm de large.
  • Le cocon de la chrysalide, ovoïde, mesure entre 5 et 7 cm. Sa texture brune et rugueuse est composée de fibres végétales, notamment des débris de palmes que l’insecte a rongés.
  • Les œufs, allongés, font environ 4 mm de long. Au début, ils sont d’une couleur crème à jaune pâle, devenir plus foncés à l’approche de l’éclosion.

Quelle est l’origine du papillon du palmier en France ?

Originaire d’Amérique du Sud, plus précisément d’Argentine, d’Uruguay, du Paraguay et du Brésil, cette espèce a été accidentalement transportée en Europe via des palmiers infestés en provenance de ces régions. La première observation en France remonte à 1997, probablement suite à l’introduction de palmiers Trithrinax venus d’Argentine. Après cette arrivée, le papillon a su s’adapter rapidement au climat méditerranéen du sud de la France, où il a trouvé des conditions favorables pour se reproduire. Aujourd’hui, il sévit dans près de 20 départements, notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine.

Quelles sont les conséquences de sa présence sur les palmiers ?

Si dans ses régions d’origine, en Amérique du Sud, ce papillon n’occasionne pas de dégâts significatifs, son introduction en Europe a changé la donne. Les larves creusent des tunnels dans le cœur des palmiers, entraînant leur affaiblissement progressif, voire leur mort. Ces galeries facilitent également la pénétration d’autres agents pathogènes ou parasites, aggravant la dégradation. Les symptômes typiques incluent des trous dans les feuilles, leur déformation, ainsi qu’un dépérissement général de l’arbre. La dégradation grave peut nécessiter l’abattage pour prévenir la prolifération du ravageur, entraînant des pertes économiques pour les collectivités et les propriétaires de jardins.

Comment se déroule le cycle de vie du papillon du palmier ?

Si une fois adulte, le papillon ne représente pas une menace pour les palmiers, c’est durant la phase larvaire qu’il cause le plus de dégâts. Son cycle de développement se divise en plusieurs étapes :

Les œufs

La femelle pond de juin à octobre, généralement pendant une période moyenne de 15 jours. Elle dépose entre 150 et 200 œufs, souvent en petits groupes de dix, au niveau des fibres du tronc, à la base des premières feuilles.

Les larves

Après deux à trois semaines, les œufs éclorent, laissant émerger des chenilles qui perforent rapidement le tissu du palmier, creusant des galeries pouvant atteindre 30 cm de longueur. Elles se nourrissent de l’intérieur, rejetant fibres et déjections à l’extérieur. Leur développement peut s’étendre sur 11 à 19 mois, passant par neuf stades larvaires, interrompus par l’hiver.

La chrysalide

Lorsqu’elles atteignent leur maturité, les chenilles se déplacent vers la périphérie du stipe pour construire un cocon, dans lequel elles se métamorphosent en papillons. Ce processus dure environ deux à trois semaines.

L’adulte – le papillon

Les papillons, qui émergent, cherchent à s’accoupler pour donner naissance à une nouvelle génération. Ils s’installent sur d’autres palmiers, propageant ainsi la population. Leur cycle complet s’étale généralement de 13 à 36 mois ; ces papillons volent principalement de jour, surtout lors des heures chaudes, entre fin mai et septembre selon la région.

Sur quels types de palmiers le papillon peut-il s’installer ?

Au moment de leur introduction en Europe, le papillon du palmier privilégie une trentaine d’espèces, notamment :

  • Le palmier de Chine (Trachycarpus fortunei) ;
  • Le palmier dattier des Canaries (Phoenix canariensis) ;
  • Plusieurs variétés de dattiers (Phoenix dactylifera, Phoenix sylvestris, Phoenix roeblenii) ;
  • Le palmier nain (Chamaerops) ;
  • Le palmier chanvre (Trachycarpus) ;
  • Le palmier de la reine (Syagrus romanzoffiana) ;
  • Le palmier argentin (Butia yatay) ;

La liste peut s’allonger avec des espèces parasitées telles que : Brahea edulis, Brahea armata, Butia capitata, Livistona chinensis, Livistona australis, Livistona decipiens, Livistona saribus, Washingtonia filifera, Washingtonia robusta, Sabal mexicana, Sabal palmetto ou encore Sabal minor.

Comment détecter l’infestation du palmier par le papillon ?

La présence de ce papillon laisse souvent des traces visibles en surface, suite aux dégradations causées par les larves à l’intérieur du tronc. Quelques signes à surveiller :

  • De la sciure brune autour du stipe, résultat du rejet des déjections larvaires ;
  • Des perforations en ligne sur les palmes, témoignant de leur passage ;
  • Des trous à la base des feuilles ou dans la tige, où les larves creusent leurs galeries ;
  • Une décoloration ou un jaunissement prématuré des feuilles ;
  • Un liquide gommeux sortant des galeries ;
  • Des mues ou exuvies collées sur le tronc ou à la base du palmier ;
  • Une déformation des nouvelles feuilles, plus étroites, car les pêts ne s’allongent plus ;
  • Une croissance oblique ou déformée du tronc ;
  • Des cocons présents à la base des inflorescences, dans les fibres ou sur le tronc.

Quelles méthodes pour lutter contre le papillon des palmiers ?

Pour maîtriser cette invasion, plusieurs stratégies existent, mais certaines doivent être réservées aux professionnels en raison de leur toxicité potentielle pour l’environnement ou pour l’utilisateur. En France, les autorités sanitaires recommandent généralement trois types de traitements aux particuliers :

La lutte phytosanitaire

Utilisation de produits phytopharmaceutiques autorisés pour l’entretien des arbres ornementaux, principalement en traitement préventif.

La lutte mécanique

  • Élimination à la source en abattant les arbres gravement atteints ;
  • Suppression manuelle des larves et cocons, en nettoyant les galeries ;
  • Pose de dispositifs adhésifs ou gluants pour bloquer l’accès aux sites de ponte ;
  • Installation de filets de protection pour empêcher la dissémination.

La lutte biologique

  • Application de nématodes Steinernema carpocapsae, des vers microscopiques qui parasitent et tuent les larves en quelques jours sans danger pour l’environnement ;
  • Utilisation de spores du champignon Beauveria bassiana en microgranulés, à appliquer par un professionnel agréé.

Certaines collectivités proposent des aides pour les propriétaires de palmiers infectés. Si vous remarquez la présence du parasite dans votre jardin, n’hésitez pas à contacter le réseau Tendances et animaux ou votre service régional de surveillance pour signaler l’infestation.