En métropole française, les papillons diurnes embellissent le paysage. Leur apparition est souvent associée à l’arrivée des beaux jours, mais leur population connaît une diminution préoccupante. Depuis plusieurs décennies, notamment dans les années 70 et 80, une chute importante a été observée, principalement en raison de l’intensification agricole et de l’expansion urbaine. Bien que cette tendance ait ralenti, beaucoup d’espèces continuent de voir leur nombre diminuer. Par ailleurs, dans d’autres régions du globe, certains papillons peuvent présenter un comportement agressif envers les humains. Dans cet article, focus sur le papillon cendre, une espèce considérée comme nuisible.
description du papillon cendre
Le papillon cendre, connu scientifiquement sous le nom de Hylesia metabus, est doté d’une taille modeste : à peine 1,2 centimètre de long pour une envergure de 2,1 centimètres. Son apparence est sobre, monochrome brun-rougeâtre, avec une silhouette triangulaire. Actif durant la nuit, il est principalement repéré entre le delta de l’Amazone, dans le Nord-Est du Brésil, et la région de l’Orénoque, notamment dans la zone des Guyanes.
Chez cette espèce, le mâle est facilement identifiable grâce à sa taille plus petite, et à des antennes longues et bipectinées, c’est-à-dire en forme de peigne de deux rangées. Les femelles, quant à elles, ont des antennes courtes et filiformes, et un abdomen plus volumineux. Les antennes jouent un rôle essentiel dans la perception des odeurs, permettant aux papillons de repérer les fleurs et leurs partenaires reproducteurs, en analysant la concentration de molécules dans l’air ambiant. La taille plus imposante des femelles leur donne un avantage dans cette détection nocturne. Enfin, il faut noter que les femelles sont recouvertes de poils urticants, un détail crucial pour leur défense contre les prédateurs.
la papillonite
Les papillons de cette espèce ont une courte durée de vie, généralement comprise entre 5 et 6 jours. À la tombée de la nuit, ils sortent pour se reproduire, regroupés dans des habitats comme les mangroves, mais aussi en s’approchant des zones habitées, notamment grâce à la lumière artificielle. Lors de leur vol, les femelles libèrent en masse de micro-fléchettes urticantes. Ces projections visent à protéger leurs œufs et jeunes larves des attaques potentielles. Ces « fléchettes » sont en réalité de minuscules poils mesurant environ 0,15 millimètre de long et de 3 à 4 micromètres de diamètre.
Ce mécanisme de défense explique le nom de « papillonite » donné à une dermatose – une irritation de la peau. Bien que désagréable, cette réaction n’est généralement pas grave. Cependant, chez les individus plus sensibles, le contact peut provoquer un prurit intense, apparaissant rapidement (15-20 minutes après contact) et pouvant s’accompagner de gonflements ou œdèmes. Ces nuisances, bien que limitées en gravité, peuvent perturber la vie quotidienne et l’organisation d’événements publics. Par exemple, en 2019, les festivités de la Toussaint à Kourou ont été perturbées, un groupe scolaire local a dû fermer, et les zones littorales comme Iracoubo et Sinnamary ont été particulièrement touchées.
le cycle de vie du papillon cendre
Après fécondation, la femelle dépose environ 200 œufs. Ceux-ci éclosent en 24 jours, donnant naissance à de jeunes larves de 3 millimètres. Afin de se protéger des prédateurs, elles restent quelques heures dans une zone proche de tapis de fléchettes urticantes, puis elles entament une migration collective pour se nourrir. Lors de cette procession, elles évoluent en groupes, dévorant complètement la face inférieure des feuilles qu’elles croquent sans relâche. On peut observer ces larves depuis la mangrove ou sur des arbres fruitiers comme le mombin ou le goyavier ; certains arbres peuvent être entièrement défeuillés par leur présence massive.
Il est possible d’intervenir pour contrôler cette population, notamment en versant de l’eau savonneuse sur les colonies de chenilles, méthode qui étouffe leur respiration. D’autres techniques plus innovantes incluent l’utilisation d’un canon à chaleur ou de projecteurs pour les brûler ou les piéger plus efficacement.
Les chenilles développent, à partir de leur troisième stade, des épines urticantes. Jusqu’à leur quatrième stade, elles arborent une teinte jaune doré, puis, à partir du septième et dernier stade larvaire, leur couleur s’assombrit en noirâtre. Environ 45 à 50 jours après leur naissance, ces larves atteignent une taille de 5 cm de long, 8 mm de large, et leur comportement en groupe diminue. Elles finissent par se disperser pour se nymphoser, tissant un cocon de soie sur une feuille. Après une dizaine de jours, un papillon mâle en émerge, suivi quelques jours plus tard par la femelle. La reproduction annuelle comprend quatre générations, soit une à chaque trimestre, chaque adulte vivant seulement 5 à 6 jours. Bien que cela limite la durée totale des nuisances à une semaine par trimestre, leur impact a conduit certaines autorités à mener des actions d’éradication dans les zones fortement touchées, comme en Guyane.
comment se protéger des nuisances du papillon cendre
Pour éviter les piqûres de fléchettes urticantes, il est conseillé de ne pas entrer en contact direct avec ces poils, notamment en évitant de marcher pieds nus ou de rester sous une lumière attirante la nuit, comme les lampadaires ou projecteurs. L’usage d’insecticides est déconseillé, car leur agitation peut disperser davantage de fléchettes, aggravant ainsi le risque. La méthode la plus simple reste de pulvériser de l’eau sur les colonies ou les zones infestées, ce qui permet de dissuader les chenilles et papillons de s’y accrocher.
Les recommandations pour prévenir les risques incluent notamment :
- Se couvrir intégralement lors de sorties nocturnes, en portant des vêtements amples mais couvrants pour supporter la chaleur,
- Après avoir porté ces vêtements, les laver à l’eau très chaude pour éliminer tout résidu,
- Choisir des éclairages extérieurs avec des ampoules de couleur orange ou rouge, qui attirent moins les papillons,
- Nettoyer régulièrement les surfaces extérieures, y compris le sol et les meubles, afin d’éliminer les fléchettes qui pourraient s’y être déposées
- Pour les animaux domestiques, procéder à un lavage fréquent de leur pelage pour retirer toute présence de fléchettes urticantes,
- Fermer les ouvertures (prises d’air, fenêtres) lors de déplacements en véhicule dans des zones où la présence du papillon cendre est importante.
En cas de contact avec ces fléchettes, il est recommandé de prendre une douche chaude rapidement, la chaleur aidant à diluer le venin. Il faut également éviter de se gratter, appliquer une crème apaisante sur la zone affectée, puis désinfecter les éventuelles blessures. En cas d’aggravation, comme une rougeur ou un gonflement persistant, il est important de consulter un professionnel de santé afin d’éviter toute infection ou complication.
Crédit photo : Bernard Dupont