Le Moro-sphinx, maître du butinage en vol

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Doté d’une trompe exceptionnelle, le moro-sphinx se distingue parmi les merveilles naturelles. Sa légèreté et sa rapidité lui permettent d’atteindre des vitesses impressionnantes, allant jusqu’à 50 km/h. De plus, cet insecte possède la capacité de recueillir le nectar en vol stationnaire, un exploit rendu possible par un rythme de battements d’ailes très élevé. On peut dire qu’il incarne la performance ultime chez les papillons.

Le moro-sphinx, un papillon nocturne qui s’ébat à la lumière du jour

Le moro-sphinx, connu scientifiquement sous le nom de Macroglossum stellatarum, appartient à l’ordre des lépidoptères et à la famille des sphingidés. Bien que généralement associé aux activités nocturnes, il est l’une des rares espèces de ce groupe à être diurne, c’est-à-dire active le jour. La posture relevée de sa chenille au repos, évoquant la silhouette d’un sphinx légendaire égyptien, lui a valu cette dénomination. À cela s’ajoutent plusieurs appellations populaires, telles que sphinx colibri ou sphinx moineau, reflétant ses ressemblances et ses particularités. La taille de ce papillon, dont l’envergure oscille entre 4 et 5 cm, dépasse à peine un gramme en poids.

Morphologie du moro-sphinx : quelles caractéristiques ?

Son corps robuste, recouvert d’un velours gris-brun, est agrémenté de taches blanches sur l’abdomen sombre. Son thorax, plus large et d’une teinte plus sombre, se termine par une sorte de queue noire et blanche. Les ailes postérieures affichent une nuance allant du jaune à l’orange, bordée d’un liseré plus foncé. En revanche, par rapport aux papillons de jour, dont les antennes se terminent souvent par une massue, le moro-sphinx possède des antennes plumeuses et des ailes posées à plat le long du corps, avec une coloration assez monochrome, généralement brune ou grise. La diversité chez les papillons diurnes se manifeste par des antennes en forme de massue, des ailes repliées verticalement, et des couleurs vives ou variées.

La technique de butinage en vol stationnaire du moro-sphinx

La même racine du nom scientifique (Macroglossum) signifiant « grande langue » fait référence à la longue trompe du papillon, indispensable pour atteindre le nectar situé au fond des fleurs. Lors du butinage, le moro-sphinx reste presque immobile dans l’air grâce à ses ailes battant rapidement, à raison de 75 fois par seconde, rendant leurs mouvements quasiment invisibles. Cette vitesse de battement est essentielle en raison de la surface alaire réduite par rapport à sa masse corporelle. La capacité de récolter le nectar tout en restant stabilisé en vol stationnaire, ressemblant à un colibri, explique en partie pourquoi il est souvent comparé à ces petits oiseau-mouches aérodynamiques.

Nourrir le moro-sphinx : une consommation énergivore

Le moro-sphinx, véritable énergivore, consacre la majorité de son temps à butiner en vol et à se poser très peu. Pour compenser sa dépense énergétique considérable, il se nourrit continuellement sur diverses fleurs richement odorantes telles que la lavande, la sauge, le buddleia, le phlox, la verveine ou la fausse valériane. En visitant un grand nombre de corolles, il joue aussi un rôle majeur dans la pollinisation. Lors de sa phase larvaire, ses habitudes alimentaires diffèrent, ce que nous explorerons ultérieurement.

Présence du moro-sphinx à travers la France et au-delà

Durant la saison estivale, ce papillon est observable dans tout l’hémisphère nord tempéré, de l’Europe du Nord jusqu’au Japon, incluant tous les départements français. En hiver, il migre vers des régions plus chaudes, telles que l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou l’Afrique du Nord. Même si petit et léger, il parcourt plus de 3 000 km en volant à une vitesse de 50 km/h, ce qui le classe parmi les papillons les plus rapides au monde. Selon les habitats, il fréquente la campagne, la montagne jusqu’à 2500 mètres d’altitude, ainsi que les milieux urbains, notamment les haies, friches ensoleillées, lisières boisées, terrains abandonnés, prairies, jardins fleuris ou balcons.

Les plantes hôtes indispensables au moro-sphinx

Comme la majorité des papillons, la survie de cette espèce dépend de plantes spécifiques pour ses œufs et ses larves. La femelle dépose à partir d’avril-mai jusqu’à 200 œufs verts, souvent un ou deux à la fois, sur des végétaux particuliers : principalement les familles des rubiacées (garances, gaillets, caille-lait) et des stellaires. Ce régime lui a valu son nom populaire de “sphinx du caille-lait” ainsi que son nom scientifique, Macroglossum stellatarum.

Le cycle de vie du moro-sphinx, une étonnante longévité

Environ une semaine après la ponte, le cycle de développement commence :

  • Une chenille, ou larve, en sort puis évolue de vert pâle à brun, marquée par des rayures blanches et jaunes, avec un plumetis blanc et une corne orangée à la pointe.
  • Elle tisse un cocon sommaire dans la terre ou sous des accumulations de feuilles mortes, où elle entre en nymphose.
  • La chrysalide, stade intermédiaire, siège un mois pour laisser place à l’adulte, généralement en juillet.
  • Une seconde génération apparaît durant l’été. La première migre vers le sud tandis que la seconde hiverne dans son cocon, prêts à sortir au printemps.

La longévité du moro-sphinx peut atteindre deux ans, un record exceptionnel dans le monde des lépidoptères, dont la durée de vie est habituellement courte, souvent moins d’un an.