Le criquet pèlerin : un insecte nuisible aux effets dévastateurs

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Les hordes de plusieurs millions d’individus se déplacent à travers divers pays, donnant l’impression de nuages lourds qui obscurcissent le ciel. Chaque jour, la quantité de nourriture ingérée par le criquet pèlerin correspond à son propre poids, preuve de sa voracité extrême. Malgré leur légèreté, ces insectes migrateurs peuvent causer des dégâts dévastateurs, mettant en péril la sécurité alimentaire de plusieurs régions dans le monde. Leur capacité à parcourir de longues distances et leur appétit insatiable en font l’un des ravageurs les plus redoutés de la planète.

à propos du criquet pèlerin

Le criquet pèlerin, dont le nom scientifique est Schistocerca gregaria, appartient à la grande famille des orthoptères — un groupe qui inclut aussi les perce-oreilles, mantes religieuses, termites et blattes. Tous ces insectes partagent une caractéristique commune : des mâchoires puissantes adaptées à la mastication. Appartenant à la famille des acrididés, le criquet pèlerin mesure généralement entre 7 et 8 cm et affiche un poids oscillant entre 2,2 g pour les mâles et 3,5 g pour les femelles.

structure corporelle du criquet pèlerin

Son corps est articulé en trois segments principaux : la tête, le thorax et l’abdomen. La tête porte deux antennes longues ainsi que deux yeux composés très développés. Le thorax est divisé en trois parties, chacune portant une paire de pattes. La partie terminale de l’abdomen est ornée de nombreux poils mobiles qui transmettent diverses informations à l’insecte sur son environnement et sa position dans l’espace. Son corps robuste est couvert d’une coque rigide, appelée cuticule, qui le protège. Il possède également deux ailes transparentes en forme de triangle, ainsi que des élytres épaisses et tachées de noir. La surface de sa peau est insensible, une caractéristique qui lui permet de résister à certains stimuli.

préférences d’habitat du criquet pèlerin

Lors des périodes calme, ou récessions, ce ravageur se concentre principalement dans les régions arides et semi-arides d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Ouest — des zones où la précipitation annuelle ne dépasse pas 200 mm. Lors des invasions, ses essaims peuvent atteindre le sud de l’Europe, des régions d’Afrique au nord de l’équateur, ainsi que la péninsule Arabique et le sous-continent indien. La superficie effectivement envahie peut couvrir environ 16 millions de km2 et englober une trentaine de pays différents.

un agile glouton

Ce pestifère végétarien se nourrit de diverses plantes herbacées et feuilles d’arbustes ou d’arbres, évitant cependant les graminées. Doté de mandibules très puissantes, il utilise une partie incisive garnie de dents pointues pour couper la végétation, tandis qu’une autre partie agit comme une molaire pour broyer sa nourriture. Sa voracité le transforme en un véritable défoliateur : un adulte peut ingérer l’équivalent de son propre poids, environ 2 grammes, chaque jour. Les larves mangent également autant de nourriture que leur poids tous les 24 heures.

transformation comportementale du criquet solitaire au grégaire

La personnalité de cet insecte varie en fonction de la densité de population. En mode solitaire, il se montre discret, inoffensif, n’émet pas de son et est difficile à repérer. Toutefois, lorsque les conditions environnementales favorables — telles que l’abondance de nourriture ou de pluie — amplifient sa croissance, ces criquets se rassemblent en masse. En contact les uns avec les autres, ils changent d’identité pour devenir grégaire, un processus qui s’étale sur quelques heures. Leur apparence se modifie aussi : les larves prennent une tache noire, puis les jeunes deviennent rosâtres et les adultes prennent une teinte jaune, annonçant une invasion imminente.

un danger pour les cultures

Lorsqu’ils forment des bandes larvaires ou d’immenses essaims, ces insectes deviennent de véritables cauchemars pour les agriculteurs. Leur déplacement, souvent porté par le vent, couvre des milliers de kilomètres, et la densité de leurs populations peut atteindre jusqu’à 80 millions d’individus par km2. En une seule journée, un seul kilomètre carré d’essaim peut dévorer la même quantité de nourriture que 35 000 humains, provoquant ainsi la destruction complète des cultures dans la zone concernée.

La pluie : un facteur clé pour la reproduction

La précipitation est un élément crucial pour la reproduction de ces insectes. Après de fortes pluies, les femelles pondent leurs œufs dans le sol, généralement dans un terrain sablonneux, à une profondeur de 5 à 10 cm, en déposant une centaine d’œufs. La larvée qui en sort éclos après 12 à 20 jours, puis traverse plusieurs cycles de changement de forme, jusqu’à atteindre la maturité. Lors de périodes de pluies exceptionnelles, plusieurs générations peuvent se succéder en une année, intensifiant la menace qu’ils représentent.

régulation naturelle, une lutte difficile

Divers prédateurs, comme certaines mouches, guêpes, coléoptères ou araignées, tentent de limiter leur prolifération en attaquant leurs œufs ou larves. Cependant, ces ennemis naturels ne suffisent pas à contrôler efficacement la population massive de criquets pèlerins. Les efforts de lutte biologique, visant à utiliser ces prédateurs ou parasites pour réduire leur impact, se sont révélés peu efficients, faute d’efficacité à grande échelle.

un enjeu mondial majeur

La surveillance de la situation mondiale est assurée en continu par la FAO, qui exploite notamment des données météorologiques et d’imagerie satellitaire. Des inspections aériennes et terrestres sont régulièrement conduites dans les zones à risque, notamment après des pluies importantes, pour repérer précocement la formation d’essaims. Parmi les mesures de contrôle, l’épandage aérien d’insecticides figure en bonne place pour tenter de limiter la propagation de ces invasions.

Crédit photo : AtelierMonpli