La consommation d’excréments par le scarabée bousier peut paraître peu appétissante, mais cette habitude en fait un acteur essentiel dans nos écosystèmes. Focus sur un coléoptère qui joue un rôle écologique précieux et souvent méconnu.
Présentation du scarabée bousier
Appelé également Scarabaeus laticollis, cet insecte invertebré appartient à l’ordre des coléoptères et à la famille des scarabéidés. Les scarabées désignés comme “bousiers” se nourrissent principalement ou exclusivement de matières fécales, qu’ils utilisent de différentes manières. Ces insectes comprennent notamment le scarabée sacré et le géotrupe des bois.
Les diverses catégories de bousiers
Les scarabées bousiers ne se ressemblent pas tous dans leur façon de gérer les excréments :
- Certains façonnent les déjections en boules qu’ils roulent pour les déplacer.
- D’autres creusent des galeries souterraines pour y enterrer les excréments, afin de se constituer un stock à la fois pour leur alimentation et pour construire leur habitat.
- Enfin, quelques espèces vivent à l’intérieur des matières fécales sans les déplacer ni les consommer, utilisant ces derniers uniquement pour pondre.
Caractéristiques physiques du scarabée bousier
Ce coléoptère possède une silhouette ovale, dont la teinte oscille entre le noir et le brun foncé. Sa tête courte, collée au corps, se prolonge par une surface dentelée. Deux antennes en forme de pinces terminent en une petite massue, lui permettant de percevoir son environnement. Son abdomen, composé généralement de plusieurs segments, porte des ailes protégées par des élytres robustes, qui recouvrent des ailes membraneuses utilisées pour le vol. Le thorax supporte trois paires de pattes munies de petites dents, facilitant la manipulation des déjections. La taille totale du scarabée varie de 1 à 3 centimètres.
Habitat et distribution
Ce coléoptère se rencontre sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique, se retrouvant dans des environnements variés tels que les déserts, les terres agricoles, les prairies, les forêts ou encore les savanes. Préférant les régions au climat tempéré ou chaud, il est particulièrement répandu en Afrique, tout en étant observable occasionnellement dans le sud de la France.
Alimentation spécifique du scarabée bousier
Ce coprophage se nourrit principalement des déjections laissées par les herbivores comme les vaches, les chevaux, les zèbres ou encore les rhinocéros. Les excréments offrent un mélange d’herbe partiellement digérée et de liquide riche en micro-organismes que l’insecte aspire. Certaines espèces ne rechignent pas à consommer aussi les déjections d’animaux carnivores, ou encore à compléter leur alimentation avec des champignons, des charognes, des feuilles ou des fruits en décomposition. Capable d’ingérer plus de son poids en matières fertilisantes en une journée, il joue un rôle dans le cycle de décomposition.
Cycle de reproduction
Lors de la période de reproduction, les mâles émettent des phéromones spécialement conçues pour repérer les femelles. Après une courte parade nuptiale, l’accouplement a lieu, et les stratégies de nidification varient selon le type de bousier :
- Chez ceux qui roulent et enterrent les excréments, le couple façonne une boule qu’il place dans le sol pour y pondre un œuf.
- Les géotrupes creusent des galeries où ils accumulent des déjections en tant que nourriture, sur lesquelles la femelle dépose ses œufs avant de recouvrir le tout.
- Les endocoprides construisent des cavités à l’intérieur de tas de matières fécales, où elles pondent leurs œufs.
Développement des larves jusqu’à l’état adulte
Après l’éclosion, les larves, de couleur blanche et charnues, se forment une carapace en terre pour se protéger. Elles y poursuivent leur croissance jusqu’à leur mue finale, environ trois fois, sur une période pouvant atteindre une quinzaine de semaines. La nymphose débute alors, durant entre une et quatre semaines. Dès leur transformation en adultes, les insectes quittent leur cocon souterrain et prennent leur envol pour continuer leur cycle de vie.
Importance écologique du scarabée bousier
En décomposant et en éliminant diverses matières organiques, notamment les excréments, cet insecte offre un avantage essentiel à nos jardins. Son activité contribue à limiter la prolifération de nuisibles comme les mouches en réduisant la présence de déjections sur le sol. De plus, il participe à la régulation des parasites transmissibles par les bouses, affectant aussi bien l’environnement que la santé animale et humaine. En fouillant et enfouissant ses boulettes, le scarabée améliore également la qualité du sol en favorisant son aération et sa fertilité. Sa durée de vie varie de quelques mois à trois ans, tant qu’il échappe à ses nombreux prédateurs naturels, notamment les fourmis, hérissons, lézards, certains batraciens ou petits oiseaux comme les moineaux et mésanges.
Le scarabée bousier, une figure emblématique
Ce coléoptère a occupé une place centrale dans la mythologie égyptienne, où il était surnommé le “scarabée du fumier” en raison de son mode de vie coprophage. Les anciens Égyptiens associaient cet insecte à la création solaire, imaginant qu’il poussait le soleil dans le ciel comme une boule de bouse. Leur symbolisme allait plus loin, puisqu’ils voyaient en lui un symbole d’éternité et de renaissance, décrivant dans leurs mythes un cycle de résurrection basé sur le comportement reproduisant la transformation du scarabée dans le cycle naturel du déchet à la vie nouvelle.