La mante religieuse : un insecte aux comportements extraordinaires

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La mante religieuse est un insecte à la silhouette élégante, souvent associée à des comportements insolites, particulièrement lors de la reproduction. Elle affectionne les environnements chauds et se nourrit principalement d’insectes que l’on retrouve dans les jardins, sans présenter de risque pour l’homme ou ses alentours. En revanche, sa réputation de dévoreuse de mâles est fondée : la femelle peut dévorer son partenaire pendant l’acte d’accouplement. Toutefois, cette pratique a une fonction précise, notamment pour alimenter ses œufs en développement. Poursuivez la lecture pour en découvrir davantage sur cette fascinante créature dans ce dossier dédié.

Comprendre la mante religieuse

Appartenant au genre Mantis, la mante religieuse (Mantis religiosa) est la seule de ses espèces présente en France. Elle fait partie de la famille des mantidés, qui regroupe plus de 2000 variétés réparties dans des zones tropicales, subtropicales et tempérées à travers le monde. La majorité des mantidés se concentre autour du bassin méditerranéen, mais on peut également l’observer dans d’autres régions françaises, à l’exception des zones trop froides du Nord ou en altitude. La mante doit son nom à sa posture de prière, qu’elle adopte en se reposant, avec ses pattes repliées comme pour une attitude de pénitence.

Caractéristiques physiques principales

Les femelles dépassent souvent 7 à 8 cm, tandis que les mâles sont généralement plus petits (entre 4 et 6 cm) et plus fins. Leur coloration varie du vert au brun, leur permettant de se camoufler aisément dans la végétation et d’éviter les prédateurs. Parmi ses traits physiques remarquables, on note :

  • Un abdomen allongé composé de plusieurs segments, avec 7 segments chez la femelle et 9 chez le mâle ;
  • Un thorax étroit surmonté d’une tête triangulaire équipée de longues antennes ;
  • Deux grands yeux globuleux, légèrement décentrés, qui offrent une vision périphérique étendue. Entre eux se trouvent trois petits yeux simples, essentiels à la détection des variations lumineuses ;
  • Une capacité de rotation de la tête jusqu’à 180°, ce qui facilite la détection des proies ;
  • Quatre ailes, aussi longues que son corps, qu’elle peut replier par-dessus l’abdomen. Même si les femelles, plus grosses, volent moins souvent que les mâles, elles peuvent utiliser leurs ailes en cas de nécessité. Lorsqu’elles sont chargées d’œufs, leur mobilité aérienne est limitée, et elles doivent principalement recourir à leurs pattes pour fuir ;
  • Six pattes, dont deux paires fines et longues équipées de petits crochets pour grimper, ainsi que deux pattes antérieures robustes, appelées ravisseuses, qui disposent de segments spécifiques pour saisir et trancher leurs proies.

Zones d’habitat favorables

De manière générale, la mante religieuse parcourt les continents européen, asiatique, africain du Nord et d’Amérique du Nord. Originaire d’Europe méridionale, elle est également présente en France, en Espagne, en Italie, en Grèce, ainsi qu’en Roumanie et en Bulgarie. Petit à petit, sa présence s’est étendue vers des régions plus septentrionales comme l’Allemagne, les Pays-Bas, voire la Grande-Bretagne. Son aire de répartition couvre aussi une partie de l’Asie occidentale, notamment la Turquie, l’Iran, et jusqu’en Inde. Bien que plus rare en Asie orientale, elle peut néanmoins être observée en Chine ou au Japon. Dans le Maghreb, on la retrouve couramment au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Introduite volontairement ou accidentellement en Amérique du Nord au début du XXe siècle, cette espèce s’est implantée notamment en Caroline du Nord, au Connecticut et en Californie.

Habitat naturel et préférences

La mante religieuse privilégie les zones exposées et ensoleillées. Elle se réfugie souvent dans les prairies basses, où la végétation dense lui permet de se dissimuler parmi les hautes herbes. Les jardins bien entretenus et les champs sans pesticides constituent aussi des environnements riches en proies. Elle fréquente également les bandes de bord de routes, les clairières forestières et les zones sèches avec des buissons ou des broussailles dans la région méditerranéenne. Ces habitats offrent à la mante des conditions idéales pour chasser et se reproduire.

Alimentation

Son alimentation est exclusivement carnivore : elle se nourrit principalement d’insectes et d’autres arthropodes. Parmi ses proies favorites, on trouve des mouches, abeilles, papillons, mites, libellules, ainsi que des insectes rampants comme des criquets ou des sauterelles. Elle chasse aussi des coléoptères tels que coccinelles ou scarabées, mais aussi des araignées, des chenilles ou des larves d’autres insectes.

Mode de chasse

Elle adopte une posture immobile et parfaitement camouflée dans la végétation, ce qui lui permet d’observer ses victimes discrètement. Lorsqu’une proie s’approche à une distance appropriée, la mante avancée rapidement pour saisir sa cible avec ses deux pattes antérieures puissantes. Elle commence souvent par briser la nuque de l’insecte pour paralyser ses fonctions nerveuses, la maintenant ainsi immobile. Ensuite, elle déploie ses pièces buccales tranchantes pour dévorer la proie dans la tranquillité, sans craindre qu’elle ne lui échappe. Après le repas, elle nettoie méticuleusement ses pattes et sa bouche pour se préparer à la prochaine chasse.

Comportements et mode de vie

Pour se défendre face à ses ennemis, la mante religieuse peut se redresser, déployant ses pattes antérieures en montrant des taches en forme d’yeux et en écartant ses ailes pour apparaître plus imposante. En matière d’accouplement, la femelle peut adopter un comportement cannibale : elle dévore son partenaire, généralement en commençant par sa tête, ce qui lui permet de conserver l’essentiel pour sa propre croissance. Cette pratique, bien que cruelle, fournit une importante ration de protéines indispensables à la maturation de ses œufs.

Reproduction de la mante religieuse

Le cycle de vie comporte plusieurs phases :

La phase œuf

Les femelles déposent leurs œufs dans une structure protectrice appelée oothèque, créée à partir d’une sécrétion mousseuse. Cette coque peut contenir de 100 à 200 œufs et est placée sur une végétation ou des pierres. La couche protectrice permet de préserver les œufs des prédateurs et des conditions climatiques difficiles.

La phase nymphe

À l’éclosion, de petites larves sortent de l’oothèque et commencent leur métamorphose. Semblables à de miniatures de mantidés adultes, elles ne possèdent pas encore d’ailes mais disposent de toutes leurs armes de chasse. Ces larves muent plusieurs fois, en moyenne six fois, pour gagner en taille et en maturité.

La phase adulte

Après plusieurs mues, la mante atteint sa taille définitive, avec des ailes pleinement développées et ses pattes avant adaptées pour attraper ses proies. La durée de vie de cette espèce dépend fortement des conditions climatiques, notamment en hiver, lorsque la survie des jeunes ou des adultes est compromise. La période de ponte se situe à la fin de l’été, mais les individus peuvent vivre jusqu’en fin d’automne, voire jusqu’au début de l’hiver dans les zones au climat doux.

Est-ce une espèce dangereuse ?

Ce prédateur discret ne présente généralement pas de danger pour l’homme ni pour les animaux domestiques. Sa nourriture ne comprend pas de nuisibles, mais plutôt des insectes inoffensifs. La mante religieuse joue un rôle bénéfique dans la régulation des populations d’insectes. Cependant, elle peut devenir une proie facile pour de nombreux oiseaux, petits mammifères, amphibiens, reptiles ou même d’autres mantidés, le cannibalisme étant monnaie courante chez ses congénères.

Menaces et conservation

À l’échelle mondiale, la mante religieuse n’est pas en danger et ne figure pas sur la Liste rouge de l’UICN. Elle bénéficie d’une large distribution et ses populations restent stables. Néanmoins, certaines menaces locales peuvent affecter ses habitats, comme :

  • La destruction des milieux naturels, causée par l’urbanisation, l’intensification agricole ou la déforestation, ce qui perturbe ses zones de chasse et de reproduction ;
  • l’usage excessif de pesticides, qui réduit ses proies naturelles tout en étant toxique pour l’insecte elle-même ;
  • Le changement climatique, modifiant ses cycles de reproduction, sa survie et sa distribution en raison de températures extrêmes ou de précipitations inhabituelles.