Guide pratique pour construire un hôtel à insectes

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De nos jours, il devient évident que maintenir une relation harmonieuse avec les insectes représente un véritable défi, oscillant entre nuisances et symbioses. En construisant un refuge à insectes, vous leur apportez une aide précieuse pour traverser la période hivernale et accueillir leurs futurs œufs. Avant de vous lancer dans cette entreprise, il est essentiel de connaître les différentes espèces que vous souhaitez héberger, car chaque type a ses propres habitudes et exigences. Voici quelques conseils pour vous guider dans cette démarche.

quels sont les bénéfices d’un refuge à insectes ?

Un abri à insectes a pour but de créer un espace sécurisé qui encourage leur reproduction, en complément de leurs habitats naturels déjà présents dans votre jardin. Ces refuges peuvent s’installer sur un tas de pierres ou de bois mort, sous des écorces d’arbres ou au pied de souches. Si ces éléments manquent dans votre environnement, le refuge joue un rôle clé pour renforcer la diversité de la faune locale, contribuant ainsi à l’équilibre de la chaîne alimentaire.

Concevoir un tel habitat chez soi est une initiative accessible. Cela ne demande pas de compétences particulières et permet de recycler facilement divers matériaux. De plus, cela constitue une opportunité d’en apprendre davantage sur le monde des insectes. L’objectif n’est pas d’aider tous les insectes en général, mais de soutenir ceux qui sont bénéfiques pour votre jardin, souvent désignés comme auxiliaires. Ces insectes actifs protègent vos cultures en se nourrissant d’espèces nuisibles ou parasitaires, en créant un échange avantageux pour tous.

comment fabriquer un refuge à insectes ?

1 – Définissez d’abord les insectes que vous souhaitez favoriser (voir notre liste ci-dessous).

2 – Préparez la liste des matériaux nécessaires :

  • Des morceaux de bois sec et dur, comme du chêne ou du hêtre, vieux d’environ un an, qui résistent bien à l’humidité.

Pour perforer ces morceaux de bois, ainsi que des briques ou des blocs de béton, il faut varier le diamètre des trous (de 2 à 14 mm) et leur profondeur (8 à 10 cm). Il est crucial de laisser un fond isolant pour éviter que les insectes ne tombent ou ne soient pas protégés par la présence d’un fond solide. Les perforations doivent être espacées d’au moins 2 cm et alignées pour faciliter la nidification.

  • De briques ou de blocs de béton léger.
  • De paille ou de foin.
  • De tiges pleines, comme celles des rosiers, frênes ou bougainvilliers.
  • De tiges creuses, telles que bambou, roseau ou pailles, d’une longueur comprise entre 10 et 20 cm, avec un diamètre de 2 à 12 mm.

Ces tiges creuses doivent être comblées à une extrémité, soit avec des nœuds naturels, soit à l’aide d’argile ou de terre argileuse, en veillant à ce que le bourrage soit suffisamment épais pour éviter toute fuite d’air éventuelle ou la pénétration de courants d’air froids.

3 – Élaborer un schéma pour visualiser la configuration globale de votre refuge, en respectant une taille raisonnable pour une première réalisation. Planifiez aussi l’organisation intérieure : différentes chambres ou compartiments, et leur apport en matériaux.

Une fois votre plan finalisé, déterminez la quantité de bois nécessaire. Optez pour un bois durable comme le mélèze ou le douglas, avec une profondeur d’environ 17,5 cm et des planches épaisses de 3 cm pour assurer la stabilité.

4 – Construisez le refuge. Les assemblages doivent être faits avec des vis en acier inoxydable ou en laiton pour une meilleure durabilité. Il est primordial que l’étanchéité soit parfaite, afin de protéger du froid et de l’humidité. Le toit peut être de forme classique à deux pans, réalisé avec des matériaux variés : ardoises, tuiles, shingle ou même aluminium, selon ce que vous avez sous la main.

5 – Lorsque votre refuge est terminé, appliquez une couche d’huile de lin à l’extérieur pour le protéger des intempéries.

6 – Enfin, choisissez un emplacement approprié pour installer votre refuge (voir nos recommandations plus bas).

quel type d’insectes peut bénéficier d’un refuge ?

La liste ci-dessous n’est pas exhaustive ; vous pouvez la compléter selon vos observations et vos préférences. Il est important de se documenter en amont sur les insectes que vous souhaitez soutenir, car cela vous aidera à aménager un refuge adapté. Voici quelques exemples :

La chrysope est une petite insecte vert translucide. Sa larve se nourrit de pucerons, d’araignées rouges, d’aleurodes et de thrips, ce qui en fait un auxiliaire précieux. Adulte, elle participe à la pollinisation en se nourrissant du nectar des fleurs. Elle pond ses œufs dès février dans des endroits protégés comme la moelle des tiges de sureau, des bûches creusées ou des blocs garnis de papier froissé et de feuilles sèches.

Les perce-oreilles, ou forficules, sont également des exterminateurs de pucerons, mais s’attaquent aussi aux psylles, aux acariens et aux œufs de limaces. Ils préfèrent l’obscurité et aiment se réfugier dans la paille ou dans des pots en terre cuite non émaillée.

Les osmies, ou abeilles sauvages solitaires, sont des invertébrés pollinisateurs au corps duveteux, souvent confondus avec les bourdons. Leur période de reproduction démarre en mars, et elles cherchent des refuges cylindriques à remplir de terre, dans lesquels elles déposent nectar et pollen pour nourrir leurs larves.

Divers autres types d’abeilles peuvent également profiter d’un habitat : les abeilles charpentières, qui creusent le bois mort ; les rubicoles, nichant dans les tiges à moelle ; les tapissières, qui nestent dans du bois pré-perforé ; et les maçonnes, utilisant la boue pour construire leurs cellules.

La coccinelle, héroïne contre les pucerons, se réfugie souvent dans des amas de feuilles mortes, des tubes en bois creusés ou derrière des interstices entre planchettes. Elle aime également se cacher dans des aspérités où l’humidité et la chaleur favorisent leur développement.

Les carabes sont des coléoptères souvent confondus avec des scarabées, dont les larves se nourrissent de chenilles ou de petits insectes dans la forêt ou sur des branches anciennes. Ils préfèrent les souches et les branches mortes.

quand et où placer votre refuge à insectes ?

L’orientation idéale du refuge est à l’est ou au sud-est, afin que le soleil le réchauffe dès le matin. Il doit être positionné à l’abri des vents dominants, surélevé d’au moins 30 cm pour éviter l’humidité du sol. Choisissez un endroit calme, éloigné des passages fréquents, et à proximité d’un parterre fleuri, pour que les insectes puissent facilement accéder à la nourriture. Installer votre refuge avant la fin de l’hiver accroît vos chances de voir les premiers visiteurs dès mars.

Cependant, il est important de ne pas trop s’attendre à une colonisation immédiate. Certaines espèces, comme les osmies, sont très promptes à occuper un habitat. D’autres, comme les coccinelles ou les chrysopes, peuvent être plus réticentes et ne pas toujours s’établir dans un premier temps. Un refuge ayant passé du temps dehors et se fondant dans le décor naturel favorise également leur installation.