Guide pour reconnaître les chenilles processionnaires du pin et du chêne

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Les chenilles processionnaires, qu’elles soient liées aux pins ou aux chênes, représentent une menace sérieuse pour les propriétaires d’animaux domestiques. Dotées de propriétés urticantes, elles peuvent causer de graves blessures à nos chiens et chats, tout en endommageant également les arbres qu’elles infestent. Il est donc crucial de savoir les identifier, de connaître leur mode de vie, et de maîtriser les méthodes pour les éviter. La période d’apparition varie selon l’arbre qu’elles colonisent, mais leur comportement reste globalement similaire.

Découvrez comment distinguer les chenilles processionnaires du pin et du chêne ainsi que les endroits et moments propices à leur rencontre. Apprenez également quelles stratégies mettre en œuvre pour lutter contre leur prolifération.

Les chenilles processionnaires : définition et caractéristiques

Les chenilles processionnaires correspondent à la phase larvaire de deux espèces de papillons nocturnes : le Thaumetopoea pytiocampa, associée au pin, et le Thaumetopoea processionea, liée au chêne. Leur appellation provient de leur déplacement en file indienne, formant une véritable procession semblable à celle d’une procession religieuse.

La taille de ces larves varie selon leur espèce. Celles du pin, par exemple, atteignent généralement entre 3 et 4 centimètres, tandis que celles du chêne sont légèrement plus longues. La chenille du pin affiche une teinte brun-noir avec des flancs gris et des motifs orangés sur le dos, alors que celle du chêne est plutôt grisâtre à brun foncé, avec des flancs plus clairs.

Les deux espèces possèdent des poils longs et duveteux, qui présentent un danger tant pour les humains que pour les animaux de compagnie, notamment les chiens, en raison de leur nature urticante.

Habitat, comportement et cycle de vie des deux espèces

La localisation des chenilles dépend de leur espèce. Contrairement à une idée reçue, les larves du pin ne se limitent pas uniquement aux pins, puisqu’elles peuvent aussi s’installer sur d’autres conifères comme les cèdres ou les sapins, surtout lorsque leur arbre d’origine devient indisponible. Elles vivent en colonies serrées, ce qui leur vaut souvent le nom de chenilles grégaires. En se nourrissant des aiguilles, elles affaiblissent la santé des arbres, généralement entre la fin de l’automne et le début du printemps (de novembre à mars).

Pour ce qui concerne la chenille du chêne, elle aussi évolue en colonie et fait preuve d’une grande adaptabilité. Elle privilégie principalement le chêne sessile (le plus courant sous nos climats), le chêne pubescent (ou chêne blanc, souvent en région méditerranéenne), ou le chêne pédonculé, qui est déjà vulnérable en raison du changement climatique. Elle peut également infester d’autres feuillus comme le hêtre, le bouleau, le charme, voire certaines espèces fruitières, à mesure qu’elle épuisera l’arbre initial. Ces larves préférent les jeunes feuilles tendres, qu’elles dévorent en laissant derrière elles de fins fils suspendus. Leur éclosion intervient au début du printemps, et elles attendent que les feuilles apparaissent pour débuter leur alimentation, principalement entre mai et juillet. Leur activité nocturne les pousse à se déplacer dans une procession pour s’alimenter, puis à se réfugier dans leur cocon pendant la journée.

Une fois qu’elles sont pleinement nourries, les larves quittent leur arbre en marchant en file pour s’enfoncer dans le sol, où elles se métamorphosent en chrysalides. Pendant l’été, ces dernières donneront naissance à des papillons, reprenant ainsi le cycle. La ponte des œufs par la femelle se fait à nouveau sur les branches du pin ou du chêne, et le cycle recommence avec l’éclosion des larves.

Les risques liés aux chenilles du pin et du chêne

Les dégâts causés par ces chenilles aux arbres sont considérables. Leur alimentation sur les feuilles et aiguilles affaiblit la vitalité des végétaux, réduisant leur croissance et leur capacité à se défendre contre d’autres parasite, notamment ceux qui rongent le bois. Ces dommages peuvent aller d’une défoliation partielle à une destruction complète de l’arbre, impactant ainsi biodiversité et économie forestière.

Le changement climatique facilite leur expansion : alors qu’elles étaient principalement un problème dans le sud de la France, leur présence s’étend désormais vers le nord. La région parisienne, la Normandie, voire des zones d’altitude, sont affectées. Leur progression rapide — environ 50 km tous les dix ans — menace un large territoire. Au niveau écologique et économique, cette prolifération constitue une véritable préoccupation.

Concernant nos animaux domestiques, notamment chiens et chats, ces chenilles représentent un danger aigu. Leur contact peut entraîner des réactions graves, voire mortelles, en raison de leurs poils venimeux. Lorsqu’un animal approche ou touche une chenille, il peut subir une inflammation, des brûlures, ou un œdème, et dans certains cas, faire une réaction allergique sévère. Une blessure peut également se produire si le chien ou le chat marche sur une larve, provoquant une douleur immédiate qui peut enflammer la zone touchée. La réaction instinctive de se lécher peut en aggraver l’état, notamment si la langue devient nécrosée, ce qui nécessite une intervention vétérinaire d’urgence.

Chez l’humain aussi, la piqûre de leurs poils peut entraîner des irritations cutanées, oculaires ou respiratoires.

Zones géographiques où l’on trouve ces chenilles en France

Selon l’office Tendances et animaux et divers organismes spécialisés, une grande partie du sud de la France, Paris, l’Île-de-France, et la Normandie sont concernées par la présence des chenilles processionnaires. La cartographie précise de 2022 indique que pour la chenille du pin, seules quelques zones telles que les Ardennes, la partie sud de l’Alsace à partir de la Meuse, et le Pas-de-Calais avec la Somme et la Seine-Maritime restent peu touchées. Le reste du territoire français présente une invasion quasi totale, avec quelques exceptions.

Quant à la chenille du chêne, quasiment tous les départements sont affectés sauf certains comme l’Aude, les Pyrénées-Orientales, la Corse, et une partie de la région PACA — notamment les Bouches-du-Rhône et le Var — ainsi que la Charente, la Charente-Maritime, la Creuse, la Corrèze, le Cantal, la Haute-Loire et l’Ardèche.

La propagation de ces insectes est facilitée par la présence d’arbres le long des routes, la mobilité des papillons de nuit, et la douceur persistante des hivers, qui favorisent leur survie dans des régions auparavant inadaptées. L’évolution des pratiques agricoles et forestières a également contribué à leur dispersion plus largement.