Gendarme (Pyrrhocoris apterus) : un insecte rouge et noir insolite

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Qui ne connaît pas le gendarme, ce petit insecte aux teintes vives rouge et noire appartenant à la famille des punaises ? Très attiré par la chaleur, il a tendance à former des amas parfois impressionnants durant les moments les plus ensoleillés de la journée. Avec ses motifs ornementaux, cet insecte est souvent observé avec curiosité par les enfants. Rassurez-vous, le gendarme ne présente aucun danger : il ne pique pas, ne mord pas, ne provoque pas d’éruptions cutanées et ne dégage pas d’odeur désagréable. Au contraire, il constitue un allié précieux pour votre jardin, en se nourrissant des ravageurs et en aidant à maintenir un environnement sain. En lui laissant un espace adapté, vous bénéficierez d’un partenaire naturel pour la protection de votre espace vert !

Qui est le gendarme ?

Au nom scientifique Pyrrhocoris apterus, cet insecte est également appelé le suisse, le soldat, le cherche-midi ou la punaise rouge. Appartenant à l’ordre des hémiptères et à la famille des hétéroptères (punaises), il mesure environ 1 cm de long et est omniprésent dans nos jardins. Son surnom de gendarme évoque son apparence qui rappelle l’uniforme des soldats de l’époque de Louis XVI, ce qui lui confère une connotation historique plutôt charmante. Son nom d’espèce, Pyrrhocoris apterus, tire ses origines du grec ancien, où « purrós » signifie rouge ou feu, et « kóris » désigne une punaise.

Comment reconnaître le gendarme ?

Doté d’un corps allongé, l’insecte présente un abdomen légèrement arrondi et trois paires de pattes. Il possède un appareil buccal spécialisé pour percer et sucer, ainsi que de longues antennes. Ses ailes, en deux paires, sont trop petites pour lui permettre de voler, ce qui le distingue des autres insectes ailés. La face dorsale est décorée de motifs évoquant des masques africains, destinés à dissuader ses prédateurs (voir images ci-dessous). Les motifs et couleurs varient selon la température climatique, avec une prédominance de noir lors des journées chaudes. La taille des mâles oscille généralement entre 7 et 10 mm, tandis que les femelles atteignent 8 à 12 mm. La différence entre sexes, ou dimorphisme sexuel, est discrète : les femelles sont légèrement plus longues et plus volumineuses au niveau de l’abdomen, pour accueillir les ovaires et faciliter la ponte. Les mâles disposent de gonopodes distinctifs, quand les femelles portent un ovipositeur pour déposer leurs œufs.

À quoi sert sa carapace colorée ?

Le gendarme utilise une forme de défense appelée aposématisme, qui consiste à exhiber des couleurs vives pour signaler sa toxicité ou son mauvais goût aux prédateurs. Sa coloration contrastée rouge vif et noire en fait un signal visuel puissant. En complément, l’insecte sécrète des substances chimiques toxiques ou désagréables, libérées par des glandes odorantes situées sous son thorax, ce qui dissuade oiseaux et autres mammifères insectivores d’en faire leur repas. Cela lui assure une protection naturelle grâce à un signal d’alarme visible et olfactif.

Où vit le gendarme ?

Favorisant les climats tempérés à chauds, cette punaise évite les environnements trop froids ou très secs. La distribution géographique de l’insecte couvre une vaste zone en Europe et au-delà, allant du sud de la Scandinavie jusqu’au Maghreb, et s’étend de la Chine du Nord à l’Inde. On ne le trouve pas en haute altitude, mais il est très répandu en milieu rural comme en zones urbaines. En colonie, il préfère établir ses quartiers aux pieds des arbres tels que le tilleul ou l’hibiscus, et on le rencontre fréquemment sur les murs ensoleillés lorsque sortirent les premières chaleurs de printemps.

De quoi se nourrit le gendarme ?

Polyphage, le gendarme consomme une variété d’aliments issus de plusieurs sources. Il se régale de plantes, de graines, de nectar et a une préférence pour certaines fleurs comme les mauves, hibiscus, roses trémières ou les fruits tombés au sol des tilleuls. Il peut également s’attaquer à des insectes morts ou affaiblis en aspirant leurs sucs avec son rostre pointu. Il n’est en aucun cas nuisible pour le jardin : sa présence aide à réduire la prolifération d’autres insectes nuisibles, comme les pucerons ou les cochenilles, en se nourrissant de leurs œufs ou larves.

Quel est son mode de vie ?

Le gendarme mène une existence sociale, vivant souvent en colonie. Il se déplace en groupe, le plus souvent en plein soleil, car il apprécie énormément la chaleur. Son aspect décoratif, avec ses motifs de masque africain, lui confère une certaine assurance face aux prédateurs, qu’il n’essaie pas de fuir. En automne et en hiver, il se réfugie dans des endroits protégés comme l’intérieur d’un arbre creux, sous des feuilles mortes ou entre des pierres, pour survivre au froid. Bien qu’il puisse pénétrer dans les habitations pour se protéger du climat, il ne cause aucun dégât ni nuisance, n’émet pas d’odeur désagréable, et ne pique pas, évitant ainsi tout risque allergique.

Comment se reproduit Pyrrhocoris apterus ?

La reproduction débute au printemps, lorsque deux individus s’accouplent après s’être retrouvés. La copulation peut durer entre une journée et plusieurs jours. La femelle dépose ensuite environ soixante œufs, souvent sous un abri naturel comme une tas de feuilles ou dans un petit terrier. Les larves rouges orangées éclosent en deux semaines environ, le temps d’incubation variant selon la température ambiante. Au fil de leurs cinq phases larvaires, elles grandissent, leur coloration s’éclaircit et leurs ailes commencent à se dessiner. Ce n’est qu’en automne qu’elles atteignent leur maturité, avec leurs taches caractéristique en noir, et entrent en période de hivernation en se protégeant sous des cachettes naturelles comme les feuilles ou les écorces. Les jeunes adultes, eux, hibernent également dans ces abris pour ressortir au printemps suivant.

En quoi le gendarme est-il bénéfique pour votre jardin ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cet insecte n’est pas une menace. Au contraire, il agit efficacement comme un auxiliaire pour contrôler certains nuisibles. Son alimentation comprend notamment les larves de pucerons et de cochenilles, ce qui limite leur progression. Ainsi, il évite l’usage de pesticides chimiques, favorable à la biodiversité. De plus, le gendarme participe à la dégradation des résidus végétaux et de petits insectes morts, aidant à maintenir l’équilibre naturel du sol et de l’écosystème.

Comment encourager la présence du gendarme dans votre jardin ?

Même si sa présence en grand nombre peut sembler envahissante ou quelque peu gênante lors de vos activités en plein air, cet insecte ne représente pas un danger pour vous ni pour vos plantations. Pour favoriser leur séjour, il est conseillé de planter des végétaux qu’il apprécie comme le tilleul, les hibiscus ou les roses trémières. En laissant des tas de feuilles mortes en automne, vous leur offrez un habitat hivernal naturel et discret, tout en protégeant vos plantes du gel de façon écologique. Ces petites précautions encourageront le retour printanier de ces insectes bénéfiques, pour un jardin en meilleure santé et plus équilibré.