Frelon asiatique : invasion inquiétante et caractéristiques essentielles

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Depuis son introduction en France en 2004, le frelon asiatique, qui s’est rapidement répandu à travers l’Europe, est reconnu comme une espèce invasive de l’environnement. Cet hyménoptère considéré comme nuisible représente une menace sérieuse pour les populations d’abeilles, qu’il cible en tant que prédateur principal. La destruction massive de colonies d’abeilles qu’il entraîne contribue à la disparition de plus d’un cinquième de ces insectes chaque année. Découvrez l’identité du frelon asiatique, ses habitudes, les risques qu’il pose, ainsi que nos recommandations pour limiter sa présence.

Qui est le frelon asiatique ?

Le frelon asiatique, aussi appelé Vespa velutina ou frelon à pattes jaunes, appartient à la famille des vespidés et à l’ordre des hyménoptères. Depuis plusieurs années, on constate sa prolifération dans la majorité des pays européens, allant de l’Espagne à la Grande-Bretagne, ainsi que de la France à l’Italie. Originaire du sud-est asiatique, il est natif de régions au climat chaud ou tempéré, telles que la Chine, l’Inde ou l’Indonésie. Plusieurs sous-espèces se distinguent par de légères différences morphologiques et colorées, notamment :

  • Vespa velutina nigrithorax, la version la plus répandue à l’échelle mondiale, notamment en Europe ;
  • Vespa velutina auraria (Vietnam, Thaïlande et autres zones d’Asie du sud-est) ;
  • Vespa velutina variana (Chine et Japon) ;
  • Vespa velutina sumbana (Indonésie, notamment l’île de Sumatra) ;
  • Vespa velutina fervida (sud de la Chine).

Comment le frelon asiatique a-t-il débarqué en France ?

La sous-espèce Vespa velutina nigrithorax a été accidentellement introduite en France en 2004, suite à un nid échappé d’un chargement de poteries à usage horticole importé de Chine. Les premiers individus, des femelles fondatrices, sont arrivés au printemps dans une cargaison en provenance de Yixing, à proximité de Shanghai, et ont rapidement établi des colonies. Au cours de l’année suivante, cette espèce s’est propagée dans plusieurs départements du sud-ouest. Progressivement, elle a colonisé d’autres régions européennes, notamment en Espagne dès 2010, puis en Angleterre en 2016. En 2023, la présence du frelon asiatique était confirmée dans l’ensemble du territoire français, à l’exception de la Corse.

Comment reconnaître le frelon asiatique ?

Avec une taille comprise généralement entre 2,5 et 3 cm pour les ouvrières et jusqu’à 3,5 cm pour les reines, le frelon asiatique présente une silhouette distinctive. Son thorax est entièrement noir, tout comme ses segments abdominaux, qui comportent toutefois une bande jaune-orangé sur le quatrième segment. La face et le front de l’insecte sont aussi sombres, tandis que ses pattes, de couleur noire à la base, présentent des extrémités jaunies, donnant son nom de « frelon à pattes jaunes ». Ses ailes, d’un brun légèrement nuancé, sont plus foncées que celles d’autres frelons. Sa teinte sombre facilite sa distinction du frelon européen, qui arbore un corps jaune rayé de noir, avec des pattes brunes et une tête jaune. En outre, le frelon asiatique est généralement plus petit que son cousin européen.

Quelle est la façon dont le frelon asiatique vit ?

Une colonie peut compter jusqu’à 2000 individus, dont environ un quart sont des femelles fondatrices encore en formation. La majorité de ces futures reines ne survivront pas à la première saison hivernale, laissant place à leur mortalité. La zone d’action du frelon se limite souvent à un rayon de 700 mètres autour du nid. La colonie comporte plusieurs types d’individus :

  • La reine : responsable de la naissance de la colonie, elle pond les œufs et, en fin de saison, produit des nouvelles femelles capables de se reproduire. Elle quitte le nid pour s’accoupler et hiberner, puis fonde de nouveaux nids au printemps. La reine est la plus grande de la colonie, avec une espérance de vie d’environ un an ;
  • Les ouvrières : stériles, elles ont pour rôle de nourrir la reine, de construire et d’entretenir le nid, ainsi que de s’occuper des larves. Leur espérance de vie tourne généralement autour de 30 jours ;
  • Les mâles : apparaissent à la fin de la saison pour copuler avec les nouvelles reines. Leur existence ne dure que le temps de l’accouplement, après quoi ils meurent.

Quelle est la méthode de cycle de vie du frelon asiatique ?

La saison de reproduction commence avec la fondation de la colonie par la reine, généralement entre mars et août. La reine pond un œuf par jour, qui se métamorphose en une larve en 45 jours. Ces larves constituent la première caste, celle des ouvrières. Dès qu’elles sont capables de prendre en charge la nourriture, la reine se concentre sur la ponte, produisant jusqu’à une centaine d’œufs quotidiennement. Parmi ces ouvrières, certaines en capacité de reproduction s’envolent pour fonder de nouvelles colonies. Le cycle du frelon asiatique est une métamorphose complète comprenant plusieurs étapes :

  • Oeuf déposé dans une cellule d’alvéole ;
  • Éclosion en larve vermiforme qui subit quatre mues, passant par cinq stades larvaires ;
  • À l’ultime stade, la larve tisse un opercule de soie pour fermer sa cellule ;
  • Elle se transforme ensuite en nymphe à l’intérieur de l’opercule, changeant de teinte pour ressembler à un adulte ;
  • Une fois prête, la nouvelle génération d’adultes perce l’opercule pour sortir de la cellule ;
  • Le développement complet de l’œuf à l’adulte peut durer entre 34 et 53 jours, selon la température et la nourriture reçue.

À quoi ressemble le nid du frelon asiatique ?

Au printemps, cet insecte construit un nid à partir de fibres de cellulose mâchée, imbibée de salive, pouvant atteindre 1,20 m de hauteur et 80 cm de diamètre. Son aspect ressemble à du carton brun, avec parfois des stries claires ou foncées. La structure sphérique ou ovoïde dispose d’un seul orifice d’entrée, placé sur une face latérale basse. Bien que souvent suspendu dans les arbres à une certaine hauteur où il se trouve à la lumière, il arrive que des nids soient installés dans des endroits plus insolites, comme dans des conduits de cheminée ou sous une toiture de maison.

quels risques le frelon asiatique fait-il peser ?

Moins agressif que le frelon européen, le frelon asiatique n’attaque généralement que lorsqu’il est menacé, notamment pour défendre son nid. Son venin peut toutefois être dangereux pour les personnes allergiques à ses piqûres, conduisant parfois à des décès. Outre cette menace humaine, c’est surtout pour les abeilles qu’il constitue un danger considérable. En capturant et tuant ces insectes essentiels à la pollinisation, il déstabilise les écosystèmes locaux. Le frelon asiatique chasse souvent en stationnaire près de ruches pour attraper les abeilles qu’il dévore, ce qui stresse fortement ces colonies. La panique et la peur paralysent souvent les abeilles, qui évitent alors de quitter la ruche et finissent par mourir. D’autres insectes, tels que les mouches, papillons et syrphes, font aussi partie de ses proies, perturbant la biodiversité environnante.

Le frelon asiatique, un organisme envahisseur ?

Depuis qu’il a été repéré en France en 2004, divers textes législatifs européens et nationaux ont été adoptés pour limiter sa propagation et encourager sa gestion. La réglementation, en vigueur depuis 2016, classe le frelon asiatique parmi les espèces exotiques envahissantes, avec un arrêté spécifique du 14 février 2018. Ces mesures autorisent la destruction de l’animal, notamment par des techniques de lutte appropriate. Sur le territoire français, un plan national de contrôle, porté par l’Association Tendances et animaux (au lieu de l’AFSE), vise principalement à protéger :

  • Les ruchers ;
  • Les populations humaines, en particulier les apiculteurs et autres professionnels ;
  • Les diversité naturelles, car cette espèce menace aussi la faune entomologique locale.

Quelles stratégies la France emploie-t-elle contre le frelon asiatique ?

Le programme national de lutte prévoit plusieurs actions principales sur le terrain :

  • Identifier et éliminer les nids, en priorité au printemps et à l’automne ;
  • Piéger dès le début de saison les femelles fondatrices pour empêcher leur installation ;
  • Utiliser des pièges en automne, tels que des muselières et des harpes électriques. Les muselières sont des dispositifs grillagés qui empêchent les frelons d’entrer dans la ruche, tandis que les harpes electriques capturent les frelons en les électrostatisant tout en laissant passer les abeilles.

Comment procéder pour réduire la présence du frelon asiatique ?

Il est aujourd’hui quasiment impossible d’éradiquer totalement cette espèce qui s’est largement répandue en Europe, où de nouvelles colonies apparaissent chaque année. Cependant, pour freiner sa croissance, il est recommandé aux apiculteurs et aux particuliers de repérer et de capturer les femelles reproductrices avant qu’elles n’établissent de nouveaux nids. Différentes méthodes existent :

  • Installer dans son jardin des pièges constitués de bouteilles remplies d’un mélange de bière, sirop de fruits ou vin, légèrement dilué. Ces pièges, placés en hauteur, attirent souvent les reines en début de printemps. Attention toutefois, ils peuvent capturer d’autres insectes, notamment les abeilles, alors veillez à les suspendre dans des endroits peu florissants pour minimiser le risque.
  • Faire appel à des professionnels pour détruire les nids trouvés, car ces opérations comportent un réel danger pour les non-initiés. Ces spécialistes utilisent souvent la fumigation pour déloger l’insecte. Même si cette intervention entraîne un coût, de nombreuses collectivités proposent des aides financières ou des services gratuits pour aider à leur destruction. Renseignez-vous auprès de votre mairie.

Il est important de signaler tout nid repéré dans la nature, pour contribuer à la lutte collective contre cette espèce. Vous pouvez le faire via des plateformes numériques dédiées ou en contactant directement votre mairie, afin d’aider à la surveillance et à la prise en charge de ces colonies.